Alerte Otan n° 28 - Décembre 2007
Éditorial :
Ensemble contre l’Otan, samen tegen Navo !

Les réunions au sommet de l'OTAN se sont multipliées ces dernières semaines, signe que tout ne se passe pas exactement comme prévu dans le camp des alliés occidentaux et que la grande machine de guerre ne fonctionne pas sans ratés. Kosovo, Iran, Afghanistan, Bouclier anti-missiles: les pays membres de l'Otan ne sont pas sur la même longueur d'ondes et n'aboutissent à aucune détermination ferme.

L'annonce publique par les services de la CIA et d’autres ( ???) que l'Iran "aurait arrêté tout programme de préparation d'armes nucléaires depuis 2003" vient mettre un coup d'arrêt pour les forces US les plus résolues à la guerre immédiate contre l'Iran. Cela montre bien les incertitudes au sein de la superpuissance sur les possibilités de gagner cette guerre. L'échec en Irak conduit au doute. Et surtout les réactions de la Russie, de la Chine et des pays non alignés ont fait sentir au sein même de l'Otan, que la partie ne se gagnerait pas facilement.

Mais cela n'empêche pas de continuer les menaces et l' imposition de sanctions contre l'Iran. Même De Gucht, ancien et nouveau ministre des Affaires Etrangères de la Belgique s'y met en décrétant que le seul fait que l'Iran veut continuer le processus d'enrichissement de l'uranium "prouve que l'Iran veut se doter de la bombe atomique". Pourquoi ces questions se discutent-elles dans des réunions de l'Otan qui, en principe, n'ont rien à voir avec l'Iran? Ils ont besoin de présenter l'Iran comme une "menace" contre les pays européens pour justifier l'installation du bouclier anti-missiles et la participation de l'Otan à ce programme.

De la même manière, la Russie est de plus en plus l'objet d'attaques et de campagnes dénigrantes dignes de l'époque de la "guerre froide", de la part des responsables de l'Otan, et de nos anciens-nouveaux ministres. Son alliance avec l'Iran, ainsi que son opposition à l'indépendance du Kosovo ne laissent les mains libres ni à l'UE ni aux Etats-Unis. De Gucht, qui représente la Belgique à la présidence du conseil de sécurité de l'ONU, ne s'est pas gêné pour soutenir publiquement des mesures unilatérales de l'UE et des USA en faveur du changement de statut du Kosovo.

En Afghanistan, qui est le lieu le plus important d'intervention de l'Otan, 60.000 militaires de 27 pays différents, superarmés, ne suffisent pas pour faire régner l'ordre et maintenir le gouvernemenrt Karzai. Plusieurs pays membres de l’OTAN rechignent à fournir à l’Isaf les suppéments de moyens techniques, financiers, humains qu’elle réclame. Cependant, la Belgique n'est pas en reste. Récemment, le gouvernement encore en "affaire courantes" a décidé l'envoi de soldats supplémentaires à Kaboul. Le nouveau ministre de la Défense, Pieter De Crem, veut renforcer et revaloriser le rôle « militaire » de l'armée, la débarasser de ses oripeaux « humanitaires ». La Belgique fera tous les efforts possibles pour soutenir la guerre de l'Otan en Afghanistan.

Et pour bien montrer l'adhésion du gouvernement Verhofstadt III aux objectifs otaniens, ils ont rendu publique cette opération "anti-terroriste", juste le jour de la prestation de serment. Ces « terroristes » ne pouvaient qu'être dirigés par Nizar Trabelsi, accusé de préparer des attentats contre la base militaire de Kleine Brogel. Le nouveau gouvernement belge veut donner des assurances à l’OTAN, de sa capacité à servir les états-majors installés sur notre territoire. Les « menaces terroristes » actuelles tombent à point également pour prendre de nouvelles mesures de restriction des droits démocratiques (prolonger la garde à vue, élargir les autorisations d’écoutes téléphoniques)

Il faut noter d'ailleurs que tout au long de cette crise gouvernementale et au milieu des conflits dits communautaires, tous les dirigeants politiques restaient d'accord pour garder sous contrôle fédéral l'armée et la politique extérieure et que la Belgique a déjà signé le nouveau Traité européen, qui renforce encore l'allégeance de l'UE à l'Otan et réclame des augmentations des budgets militaires de chaque pays.

Nous devons montrer que, dans le camp des mouvements pour la paix, au nord comme au sud du pays, nous n'avons aucun conflit communautaire à régler et que tous unis nous continuons le combat pour le désarmement nucléaire, pour le retrait des bombes atomiques de Kleine Brogel, pour stopper tout programme de bouclier antimissiles, pour le retour des militaires belges embourbés dans cette guerre d'Afghanistan et pour une mise en cause radicale de l'OTAN qui ne protège pas l'Europe mais risque plutôt de l'entraîner dans un conflit majeur.