Alerte Otan n° 5 - Avril 2001
Festival de cinéma
Ah, que la guerre est jolie !
Un autre regard sur 10 ans de guerres yougoslaves

La plupart des films et vidéos présentés ont rarement, ou jamais, été projetés en Belgique. Malgré leur grande variété, ils ont pour point commun de ne pas emprunter la condescendance et le manichéisme enrobant les pseudo explications des conflits balkaniques que nous servent les grands médias. Plusieurs films se penchent sur les "facteurs externes" ayant favorisé l'éclatement ou la prolongation de ces guerres, à savoir l'interventionnisme, drapé d'humanitarisme, des grandes puissances. D'autres dénoncent plus spécifiquement le rôle des médias dans la manipulation de l'opinion publique, afin de lui faire accepter la nécessité d'entrer en guerre contre ceux désignés comme nos ennemis du moment. Enfin, de manière générale, la parole est donnée à ceux qui ne l'ont que rarement eue ces dix dernières années, journalistes dissidents, victimes de " nettoyages ethniques " oubliés, ou simples quidams dont l'existence a été brisée par des décisions sur lesquelles ils n'ont eu aucune prise.

Lieu du festival : Cinéma NOVA - 3 Rue d'Arenberg

17 juin, 20 h.
Yugoslavia : The Avoidable War,

George Bogdanich et Martin Lettmayer, USA, 2000, 165', VO ST ang.

La guerre évitable est une implacable dénonciation du rôle joué par les grandes puissances dans la ruine de la Yougoslavie. Le film rappelle le déroulement d'une décennie de guerres yougoslaves, depuis les sécessions Slovène et croate jusqu'à la prise du Kosovo par les armées de l'OTAN, montre les divisions et les maladresses des alliés occidentaux et comment les États-Unis et l'Allemagne ont activement encouragé l'éclatement du pays. De significatives déclarations de plusieurs acteurs majeurs du conflit -médiateurs européens, secrétaires d'état américains, responsables de l'ONU... - révèle l'ampleur du gouffre entre la représentation des guerres des Balkans servie à l'opinion occidentale et ce qui se passait vraiment sur le terrain. Parsemé de témoignages de journalistes et d'historiens, La guerre évitable jette une lumière crue sur les coulisses du conflit et le rôle de pompier - pyromane cyniquement joué par nos dirigeants et médias.

22 juin, 20 h.
We are all neighbours,
Debbie Christie et Tone Bringa, UK, 1993, 50', VO ST ang

Un documentaire issu d'une démarche anthropologique où l'on voit, jour après jour, quelques habitants d'un village bosniaque où cohabitent pacifiquement Croates et Musulmans. Mais la guerre se rapproche...

22 Juin, 21 h.
Qu'avez-vous vu de Sarajevo ?,
Patrice Barrat, France, 1999, 76', VO fr.

Un document fait de va et vient entre des témoignages au plus fort de la guerre et ceux du présent d'une certaine paix retrouvée.

21 juin, 20 h.30
Comment on nous a vendu la guerre du Kosovo,
Luc Hermann et Gilles Bovon, Canal +, 2000, VO fr.

Que la guerre est jolie, quand elle est bien présentée, intelligemment mise en scène... Quand les spécialistes de la communication sont mobilisés pour faire accepter aux braves gens des décisions qu'au fond ils réprouvent ou, à tout le moins, dont ils se méfient Ces rois de l'intox et de la manipulation sont devenus indispensables aux gouvernants pour "vendre" la guerre, s'assurer l'appui de la population, quitte à prendre quelques libertés avec la vérité. Les réalisateurs ont passé au crible quelques épisodes de la "guerre du Kosovo" et relevé les mensonges des pontes de l'OTAN pour contrôler leurs opinions publiques. La mission de ces "spin doctors" - conseillers en communication - est devenue un art difficile tant le public, de Timisoara en guerre du Golfe, a été échaudé depuis quelques années. Dans le cas du Kosovo, les cerveaux de l'OTAN n'ont pas hésité à aller bien au-delà du simple arrangement des faits : fausses informations pour diaboliser les Serbes, invention d'actions de l'armée yougoslave pour couvrir les sanglantes bavures de l'Alliance, ouverture de fausses pistes pour écarter les journalistes trop curieux...

La projection sera suivie d'exposés de l'historienne belge Anne Morelli (ULB, auteur de Principes élémentaires de propagande de guerre) et du journaliste français Serge Halimi (Le monde diplomatique, auteur avec Dominique Vidai de L'opinion, ça se travaille...), puis d'un débat avec le public.

24 juin, 20 h.
The year after Dayton,
Nikolaus Geyrhalter, Autriche, 1999, 200', VO ST ang.

Tourné au lendemain de la signature de l'"accord de paix" de Dayton en Bosnie, ce film aborde une histoire collective contée par le biais d'histoires individuelles. La dimension humaine et irrationnelle prend le pas sur la recherche des causes et des jugements.

28 juin, 20 h.30
Sous les bombes de l'OTAN 15 Belges en Yougoslavie,
Regards Croisés, Belgique, 1999, 42'

24 mars 1999 : l'OTAN déclenche son "opération" contre la Yougoslavie et nos médias à l'unisson se réjouissent que l'Occident ait enfin le courage de mener une intervention humanitaire. Etait-ce bien une guerre humanitaire ? N'y avait-il pas d'autres objectifs secrets ? Les médias nous ont-ils manipulés ? Qui étaient les victimes ? Cette guerre prépare-t-elle d'autres conflits ? A ces questions, une quinzaine de Belges, dont le journaliste Michel Collon, l'historienne Anne Morelli, le docteur Colette Moulaert, le sculpteur Mark Jambers, sont allés chercher la réponse dans le camp des 'autres', en mai 1999. Ils sont revenus avec ce film qui est un témoignage sur tout ce qu'on a oublié de dire et de montrer à la télé pendant ces deux mois et demi de "frappes".

28 juin, 21 h.
Les damnés du Kosovo,
Regards Croisés, Belgique, 2001, 52'

Alors que l'Occident se targue d'avoir bombardé la Yougoslavie pour prévenir un "nettoyage ethnique" au Kosovo, qu'en est-il de la situation actuelle des minorités dans le protectorat instauré par l'ONU et occupé par 45.000 hommes de l'OTAN ? Alors que la plupart des Serbes et des non-Albanais (Roms, Turcs, Slaves musulmans...) ont été chassés dès l'arrivée des troupes occidentales dans la province, Michel Collon est allé à la rencontre de ceux qui sont restés et se sont réfugiés dans des enclaves transformées en ghettos. Leurs récits constituent un tragique réquisitoire contre les "guerres humanitaires" de ceux qui nous dirigent.

La soirée se déroulera en présence du journaliste Michel Collon, qui a participé à la réalisation de ces deux films. Il les présentera et animera une discussion avec la salle.

30 juin, 20 h.
Markale,
Mihailo P. Ilic, Yougoslavie, 1999, 44', VO ST ang.

Le 5 février 1994, les médias du monde entier dégoulinent du sang des 68 morts et 197 blessés de l'attentat de Markale, le marché du centre de Sarajevo. Les coupables sont immédiatement désignés, les Serbes bosniaques dont les batteries d'artillerie entourent la ville. La riposte ne tarde pas à venir : pour la 1ère fois de son histoire, l'OTAN lance des actions offensives en bombardant des objectifs militaires serbes. Le début d'une intervention occidentale qui se prolongera par les raids massifs contre les Serbes de Bosnie en 1995 et culminera avec la "guerre du Kosovo" de 1999. Dans la fièvre humanitaro-belliciste, un détail est passé inaperçu : la charge explosive qui a provoqué le massacre ne provenait pas des lignes serbes...

30 juin, 20 h. 45
Daddy, where will we sleep ?
Dimce Stojanovski, Yougoslavie, 2000, 8', VO ST ang.

Lors d'un bombardement de l'OTAN, un quartier fait l'objet d'un dommage collatéral. Le regard hagard des rescapés en dit long sur l'absurdité de la guerre.

30 juin, 21 h.
La guerre radioactive secrète
Martin Meissonnier, France, 2000, 65'

Les Américains ont-ils bombardé l'Irak, la Bosnie et le Kosovo avec des déchets nucléaires ? Martin Meissonnier a mené l'enquête aux Etats-Unis, en Allemagne, en Irak, à Dubaï, au Kosovo afin de cerner les tenants et aboutissants des armes à uranium appauvri (UA). Ce documentaire cherche à établir la vérité sur les conséquences épouvantables que l'emploi de cette arme peut avoir sur l'homme. D'autant plus que l'UA a une durée de vie de quatre milliards et demi d'années, environ...

Utilisées massivement par les Etats-Unis en Irak, les armes à UA sont dénoncées par le gouvernement de Saddam Hussein qui y voit l'origine d'une épidémie de cancers et de malformations. Pour le gouvernement américain, il ne s'agit que de propagande. Depuis la guerre du Golfe, PUA a été utilisé par les forces américaines en Bosnie en 1995, en Serbie et au Kosovo en 1999, où des symptômes similaires sont déjà observés. Des témoignages de vétérans, médecins, infirmières, scientifiques et experts sont confrontés à ceux des responsables militaires américains. Aujourd'hui, plus de quarante pays se sont équipés en munitions à UA. Une prolifération nucléaire d'autant plus inquiétante qu'elle passe inaperçue.

1er juillet, 20 h.
Veillée d'armes : histoire du journalisme de guerre,
Marcel Ophüls, France-Allemagne, 1994, 224'

Nous suivons deux périples du réalisateur dans le Sarajevo assiégé de 1993, au cours desquels il rencontre une foule de correspondants de guerre, du plus intègre au plus sensationaliste d'entre eux. Par un montage impressionnant, il parvient à déconstruire tout un système où c'est la propagande qui domine. Film de résistance, film jouissif, film dérangeant, il est tout cela en même temps.

8 juin à 21 h 30 et 14 juin à 20 h.
Pretty Village, Pretty Flame
Yougoslavie- Srdjan Dragojevic (1996)