Le secrétaire général-adjoint de l'OTAN pour la Politique de Défense et Planification, M. Heinrich Brauss, vient de rencontrer discrètement le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput. A la veille de la présentation de la "Note d'orientation sur la réforme de l'armée belge" au conseil des ministres, les recommandations - ou faudrait-il dire les instructions- de l'Otan ne manqueront pas de peser lourd sur les propositions gouvernementales et sur le débat parlementaire qui devrait suivre.
Le porte-parole de l'Otan a "conseillé" à la Belgique de restreindre fortement sa force navale, de renforcer son aviation, de réduire de 3/4 ses forces terrestres, de moderniser le 1/4 restant en équipements et capacité de réaction ultra-rapide, et enfin d'accroître le budget militaire pour se rapprocher des contributions des autres pays à l'Otan.
Cers recommandations interviennent à un moment clé pour la Belgique, puisque cette réforme de l'armée se concocte en même temps que les décisions à prendre pour le remplacement des F-16. On voit plus clairement qu'il ne s'agit pas ici de discuter les termes plus ou moins avantageux d'un contrat pour l'achat ou non des F-35 qui devraient remplacer des F-16, arrivés en bout de course, ni seulement d'une dépense trop élevée en temps de crise, mais de nous soumettre à la stratégie militaire de l'Otan, d'accepter ou non cette fuite en avant vers une nouvelle guerre mondiale.
L'importance accordée par l'Otan aux forces aériennes est stratégique et fonction des missions de guerre que l'Alliance organise ou soutient, dans le présent et dans le futur. Il en est de même pour les forces dites de terrain: l'Otan est en train de constituer sa force de réaction rapide, capable de se déployer en quelques jours sur n'importe quelle partie du globe. Pour cela elle a besoin de relativement peu de soldats au sol, mais ils doivent être très performants et équipés de matériel très sophistiqué, pouvant être déplacés rapidement dans les gros avions de transport et elle a besoin de cette flottille d'avions de combat très sophistiqués et capables de transporter et lancer toutes les nouvelles armes mortifères inclus les bombes atomiques, que ce soit les F-16, ou les F-35 américains ou ceux fabriqués par l'industrie militaire européenne. Telles sont les missions dans lesquelles l'Otan est engagée ou qu'elle soutient, ou qu'elle se prépare à lancer prochainement: que ce soit en Irak et en Syrie, au Yémen ou en Libye, au Soudan, au Mali, au Niger. Bientôt la guerre reprendra de plus belle en Afghanistan, les préparatifs de guerre sont de plus en plus pressants en Ukraine.
A quoi ont donc servi les bombardements massifs des F-16 , à quoi ont servi les centaines de militaires belges envoyés dans toutes les missions de l'Otan ces dernières années? A ajouter la guerre à la guerre, à créer et entretenir le chaos dans toutes ces parties du monde.
Le gouvernement Michel vient de "découvrir" qu'il faudrait faire une économie supplémentaire de 1,3 milliards d'euros dans le budget de l’État, il veut les puiser dans les budgets de la Sécurité sociale! Et pourquoi pas dans les budgets de la Défense? Le remplacement des avions de chasse F-16 par des F-35 coûterait 4 à 6 milliards à l’État, donc aux contribuables. Ce remplacement ne répond qu'au besoin de perfectionner la machine de guerre otanienne. Les plans stratégiques de l'Otan ne règlent pas les questions liées à la "lutte contre le terrorisme", et ne font qu'accroître les sentiments d'insécurité et ils ne répondent pas aux préoccupations ni aux intérêts de la population belge.
Il faut un changement radical de la politique extérieure et de la défense de notre pays et déjà cesser d'obéir au doigt et à l'œil aux ordres de l'Otan. Le "débat" sur la réforme de l'armée pourrait être l'occasion pour tous les partis et associations progressistes qui luttent pour la paix et s'élèvent contre les guerres de l'Otan, de proposer d'autres perspectives à la question: "quelle politique extérieure et de défense voulons-nous pour notre pays".