Alerte Otan n° 6 - Octobre 2001
Éditorial :
Non, l’OTAN ne doit pas remplacer l’ONU

Appel à une mobilisation citoyenne

Comme on pouvait s’y attendre, les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, que nous condamnons sans réserves, ont servi de prétexte pour activer les aspects les plus réactionnaires et bellicistes de la politique internationale américaine. Cette politique vise à liquider définitivement ce qui reste de capacité d’intervention du système des Nations Unies pour le règlement de conflits internationaux; ce qui veut également dire liquider l’existence même du droit international comme élément normatif dans les rapports entre les nations.

Cette dangereuse et antidémocratique évolution est en train de se faire cette fois sans la moindre pudeur. En effet, pour l’intervention en Irak les alliés eurent l’accord des Nations Unies ; pour le Kosovo ils passeront outre sous prétexte d’un probable veto chinois ou russe au Conseil de Sécurité et firent appel à l’OTAN. Cette fois où la lutte anti-terroriste semble ne pas risquer de veto, ils n’ont même pas ce prétexte; Ils ne font même plus semblant et ils décident d’agir selon les normes et règlements de l’Alliance Atlantique et non suivant celles de la Charte des Nations Unies.

Ainsi les choses paraissent claires et une nouvelle guerre totalement illégitime se prépare; il s’agit d’éliminer toute instance internationale, et ce, au profit de la volonté hégémonique de la seule grande puissance américaine ; volonté se manifestant notamment via les canaux de l’OTAN.

Les déclarations du ministre des affaires étrangères Louis Michel au quotidien La Libre Belgique, selon lesquelles les Nations Unies seront uniquement informées des décisions prises au sein de l’Alliance atlantique, sont particulièrement graves dans la mesure où ce ministre, parlant aussi au nom de l’Union européenne, décrète la fin de ce qui pouvait rester d’indépendance du pouvoir civil international face à la structure de guerre du Pentagone.

Nous vivons dès lors un de moments les plus sombres pour l’avenir des relations internationales et de la paix mondiale.

Sur le plan interne, cette même volonté d’écraser toute légalité, se manifeste par la préparation de mesures de répression accrues contre les populations immigrées habitant sur le sol européen et contre les divers mouvements résistant à la mondialisation. Elle se manifeste aussi via l’augmentation des budgets militaires au détriment de la composante sociale des dépenses publiques.

Face à ces graves défis à la conscience démocratique et citoyenne, il nous semble urgent d’appeler à la capacité de mobilisation des gens pour manifester leur refus à ces dérives militaristes et exiger que les diverses assemblées locales, syndicales et politiques puissent débattre de ces graves problèmes. Aucune participation de notre pays à une intervention militaire ne peut se produire sans débat préalable au parlement et sans mandat de l’ONU.

Le moment nous semble ainsi venu pour redonner vie à un puissant mouvement des forces civiques soucieuses de ne pas laisser la gestion de la paix mondiale dans les seules mains des militants de la guerre.

Non, nous n’accepterons pas que sous pretexte d’une lâche provocation terroriste et afin de mieux assurer ses interêts géopolitiques, l’administration Bush fasse de la planète entière une caserne !

Vladimir Caller