Alerte Otan n° 9 - Mars 2003
Éditorial :
Stop à la guerre contre l’Irak ! Stop à toute participation belge !

Les dizaines de millions de manifestants dans le monde qui ont crié NON à la guerre contre l’Irak, le " front du refus " de la France, la Belgique et l’Allemagne au sein de l’OTAN, les menaces de veto de la France, de la Chine, de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU : toutes ces pressions sont décidément insuffisantes pour arrêter la volonté de puissance et la machine de guerre des États-Unis.

On ne peut que se réjouir des positions prises par le gouvernement belge pour ne pas " entrer dans une logique de guerre ", mais nous y voilà de toute façon. Et l’OTAN a bien servi les préparatifs américains, malgré l’opposition formelle de la Belgique et de certains autres de ses membres.

D’un côté, le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel s’agite de tous côtés pour retarder les échéances fixées par le Pentagone et faire gagner du temps aux débats de l’ONU tandis que, de l’autre, le ministre de la Défense Flahaut autorise depuis des mois, sur la base d’accords qui lient la Belgique à l’OTAN, l’utilisation de notre territoire et ses infrastructures pour le passage des troupes et du matériel américains d’Allemagne vers le port d’Anvers. Destination : l’Irak.

D’un côté, les manifestations contre la guerre reçoivent le soutien et même la participation de tous les partis gouvernementaux – on a vu les hommes gris du MR dans le cortège du 15 février, quoique pas du tout à leur aise… De l’autre le ministre de l’Intérieur donne des instructions pour arrêter avant la moindre action tous ceux qui voulaient manifester contre la participation concrète de la Belgique à la machine de guerre US, en envisageant un " trainstopping ". Et ce sont les manifestants contre la guerre qui se retrouvent devant les tribunaux, et pas les ministres qui soutiennent de fait la guerre tout en criant pour la paix !

On peut donc penser légitimement que le gouvernement et les partis de la majorité ont un double langage, ou en tout cas ont une peur énorme d’assumer les conséquences de leurs prises de position contre la guerre. Et pourquoi n’ont-ils pas eu les mêmes états d’âme en 1999 quand l’OTAN a bombardé la Yougoslavie sans la moindre autorisation du Conseil de sécurité ? Il est vrai que c’est la troisième guerre en peu d’années à laquelle notre pays est amené à participer . Deux ans après la guerre en Afghanistan, les forces militaires de la " coalition " occupent le pays, et les militaires belges viennent faire la police à Kaboul en remplacement de militaires américains mobilisés pour l’Irak. Les gens se rendent compte de plus en plus que ces guerres ne se font pas pour un idéal humanitaire, mais bien en défense des intérêts économiques et géopolitiques des plus puissants au détriment du reste de l’humanité.

La Belgique, par sa participation à l’OTAN et aux multiples accords d’application (plus ou moins secrets !) du Traité, doit obédience au plus puissant membre, c’est à dire les États-Unis. On nous répète constamment que les Américains nous ont sauvés de Hitler pendant la Guerre de 1939-45, que nous leur en serions éternellement redevables… Pendant combien de temps la population belge devra-t-elle payer ce soi-disant sauvetage, ignorant les sacrifices bien plus importants d’autres pays, en particulier l’Union soviétqique ? D’autre part, les États-Unis sont devenus la seule superpuissance mondiale, et tous les termes du Traité de l’OTAN ont changé. Il est temps pour les partis censés respecter les opinions de la population de notre pays de remettre en question la participation de la Belgique à cette organisation et le sens même de cette alliance aujourd’hui. Il est temps, en tout cas dans l’immédiat, de cesser toute participation directe et indirecte à la guerre contre l’Irak, et de retirer toute participation à l’occupation de l’Afghanistan et de l’ex-Yougoslavie.