Les « 2 minutes de la haine », scène tiré de l’adaptation de « 1984 » d’Orwell, mise à jour par une image des infos quotidiennes sur MSN

150.000 lettres pour 500 places : L’objectif de la lettre du ministère de la défense envoyée massivement à tous les jeunes de 17 ans n’a clairement pas pour but le recrutement. Francken ne s’en cache pas : « Cette lettre, c’est beaucoup plus qu’une invitation. Il s’agit aussi d’ouvrir l’esprit à la chose militaire... Le but est de sensibiliser les jeunes au fait que le monde a changé et qu’il y a une menace qui pèse sur notre pays. C’est un projet sociétal. »

Autrement dit, c’est une « opération psychologique », ciblant les jeunes, pour les amener à considérer la situation de guerre comme leur nouvelle réalité inéluctable. Psy-Op concertée dans l’ensemble des pays de l’OTAN, où des initiatives similaires ont lieu.

Elle s’ajoute aux recommandations de l’UE de préparer des « kits de survie », et à l’hystérie autour des « attaques hybrides de Poutine » - tel que le survol d’aéroports par des drones insaisissables; aux bien plus que deux minutes consacrée quotidiennement dans les médias à professer la haine de Poutine et des Russes.

En France, le chef d’État-major des armées exhorte les maires à « sensibiliser » leurs concitoyens : « Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production de défense. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes ». L’OTAN tape sur les tambours de la guerre de manière de plus en plus fébrile

 « Poutine tente de semer la peur au sein de notre société », répète-t-on. La peur, ce sont plutôt les dirigeants de l’UE qui sont en train de la semer pour préparer les esprits à la guerre, et faire accepter à la population la militarisation, l’augmentation délirante des budgets militaires, la paupérisation, les coupes sombres dans les dépenses sociales: «  il faut accepter de souffrir ! »

Ce climat de pré-guerre entraîne la fascisation de la société. Mettre en doute le récit otanien devient suspect, c’est de la propagation de la désinformation ennemie. Pour sauvegarder notre démocratie et notre liberté, il est essentiel de censurer ce qui ne va pas dans le sens de la vérité de l’OTAN. Traquer les 5es colonnes de Poutine. « Toute critique irréfléchie et infondée de l’OTAN ne sert que les intérêts des adversaires de l’Europe » comme dit Francken dans sa « Vision stratégique »

Et la « vérité de l’OTAN », c’est « la Russie veut envahir l’Europe, Poutine veut recréer l’empire soviétique ». Mais cette ‘vérité’ est si manifestement fausse qu’eux-mêmes laissent parfois échapper par mégarde l’évidence. « Poutine est entré en guerre pour empêcher davantage d’OTAN à ses frontières », assénait le prédécesseur de Mark Rutte,- dans une interpellation aujourd’hui soigneusement effacée du site de l’OTAN. Et on pourrait comprendre Poutine, si c’était encore autorisé. « L’OTAN est l’alliance militaire la plus puissante de l’histoire, plus que l’Empire Romain, plus que Napoléon ! » claironne Mark Rutte : cela seul justifierait que l’on chercherait avoir un tel monstre le plus loin possible de ses frontières.

Pour les marchands de canons, c’est Noël. Mais nous, pourquoi faut-il absolument se battre pour que l’OTAN se retrouve aux portes de la Russie ? Qu’avons-nous à gagner que l’Ukraine soit dans l’OTAN ? Nous avons besoin de la paix, nous voulons des relations normales avec nos voisins ; nous n’avons nul besoin de détruire notre économie et notre bien-être, pour satisfaire les désirs de destruction de « l’ennemi » russe. La réponse, nécessaire, urgente, aux défis humains, écologiques et climatiques de notre Terre ne se trouve pas dans les équipements militaires modernes et performants que l’OTAN nous impose d’acquérir, mais dans la recherche de la paix et de la compréhension entre les peuples.