
L'information a bien fait rire dans les chaumières: le F-35, nouveau bijou américain de dévastation aérienne dont la Belgique a commandé 34 exemplaires aura quelque peine à se déployer dans le ciel belge en raison de la petitesse du territoire. Le démenti du caporal Francken selon lequel les pilotes belges s'entraîneront aux Pays-Bas, en France, voire à quelque mille bornes en Italie n'aura guère réduit l'hilarité générale.
On n'en dira pas autant du coût exorbitant de l'avion de chasse, quelque 71 millions d'euros l'unité, soit au total près de 6 milliards, maintenance inclue, l'heure de vol, elle, pesant entre 40 et 50 mille euros. Cela ne fait pas rire grand monde, ni dans les files de chômage où ces montants riment avec non création d'emplois, ni chez les aînés aux pensions grignotées, les jeunes parents en mal de crèches abordables, les travailleurs de la santé en sous-effectifs, bref, dans la plupart des catégories sociales dégradées au rang subalterne.
Cela fait d'autant moins rire que le bon sens ne saurait douter de l'inutilité totale du joujou, conçu pour des opérations militaires offensives et embarquer des bombes nucléaires (des Kleine Brogel volants), toutes choses qui ne cadrent en rien dans une politique de défense nationale. Quoi? C'est pour aller bombarder le Grand Duché, l'Écosse ou l'Islande? Ah mais non! C'est pour se défendre de "l'imminente" agression russe et attaquer Moscou disent nos stratèges aux petits pieds du haut de leur strapontin gouvernemental.
Sans pour autant dire mot de l'intérêt - ou de l'illusoire capacité - qu'aurait la Russie d'envahir et occuper un petit pays sans ressources naturelles et au paysage industriel en peau de chagrin. Intérêt nul évidemment et c'est vrai également des autres contrées d'une Europe surendettée et appauvrie, socialement fracturée et clivée.
Ce qu'on n'enlèvera cependant pas au pauvre est l'arme de l'humour. Devant "l'imminence" de la guerre, en 1939, à Londres, on évacuait la ville, on empilait les sacs de sable protecteurs, on éteignait tout durant le couvre-feu de la nuit et, sans doute, scotchait-on aussi les fenêtres en prévision des déflagrations. Rien de cela dans les "vision stratégique" et "plan Star" du gouvernement Bouchez-De Wever (droite radicale). Faudra-il donc que la population donne l'exemple, en scotchant et en empilant des sacs de sable devant le pas de porte? Ah! c'est une idée, ça.