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JOURNÉE DE COMMÉMORATION DU 58ème ANNIVERSAIRE DE LA TRAGÉDIE DE HIROSHIMA ET NAGASAKI

COLLOQUE SUR LE RÔLE DE L'OTAN

Comme chaque année au début du mois d'août les Associations des Médecins et des Étudiants pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (AMPGN et AEPGN) ont organisé avec l'aide d'autres associations pacifistes, dont le Comité de Surveillance OTAN (CSO) et l'Association R, une journée d'animation au cours de laquelle un colloque a permis d'analyser le rôle de l'OTAN et la détérioration des relations transatlantiques. Cette rencontre s'est déroulée le samedi 02 août 2003 à l'Université de Mons-Hainaut (UMH) où se trouve le parc HIBAKUSHA dédié aux victimes de Hiroshima et Nagasaki ainsi que des essais nucléaires.

Cérémonie du Souvenir

S'adressant à une trentaine de personnes représentant plusieurs associations locales et nationales, Pierre Piérart, a rappelé la tragédie de Hiroshima qui provoqua dès le 6 août 43.000 morts et 130.000 blessés, dont 43.000 grièvement, sur les 300.000 habitants qui demeuraient encore dans cette ville jalousement préservée des bombardements conventionnels par les stratèges de l'atome. Le bilan ultérieur fut terrible : 70.000 morts au 1er septembre, 140.000 fin décembre et 200.000 au terme de l'année 1950. La maladie des rayons, sous ses 2 formes gastro-intestinale et médullaire, se manifesta à partir du mois de septembre puisque 50 % des décès enregistrés pour la période des 3 derniers mois de 1945, soit environ 35.000, furent attribués aux fortes doses de radiations ionisantes.

Les conséquences de ces 2 bombardements atomiques furent énormes ; qu'il suffise de citer la guerre froide qui dura 45 ans et fut catalysée par une prolifération nucléaire infernale, illustrée par 2055 essais nucléaires dans l'atmosphère, l'eau, l'espace et sous terre, le moratoire de ces derniers qui se maintient vaille que vaille depuis 1996, les 12 essais de l'Inde et du Pakistan en 1998 et les projets scandaleux de reprise des explosions au Nevada sous la pression des républicains et quelques démocrates du Congrès américain qui déjà sous Clinton renâclaient à ratifier le Traité d'Interdiction Totale des Essais Nucléaires (CTBT).

Après ce court exposé Sachiko Okubo, étudiante japonaise et présidente de l'AEPGN déposa des fleurs devant le mémorial dédié aux victimes de Hiroshima, Nagasaki et des essais nucléaires. Une minute de silence clôtura cette courte cérémonie.

Colloque sur le rôle de l'OTAN et les relations transatlantiques.

Trois orateurs ont pris la parole non seulement sur l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord et les relations transatlantiques mais aussi sur la politique étrangère américaine et les questions complexes de prolifération nucléaire qui empoisonnent les relations internationales.

FirketLe professeur H.Firket, président de l'AMPGN, a rappelé le caractère strictement défensif de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qui initialement devait, pendant la guerre froide, assumer la défense collective pour la préservation de la paix et de la sécurité de ses membres en cas d'attaque armée (Article 5). Depuis l'effondrement de l'URSS et la disparition du pacte de Varsovie l'Alliance s'est élargie vers l'Est en intégrant de nouveaux membres de l'ex glacis soviétique et en projetant ses opérations militaires bien au delà de son périmètre de défense. L'OTAN qui logiquement aurait dû disparaître est devenue pour les Etats-Unis un gendarme universel qui s'occupe de tout et qui est parvenue à survivre très confortablement au profit de ses nombreux représentants civils et militaires. La conclusion tirée par H. Firket est que l'Alliance devrait disparaître à l'instar du pacte de Varsovie.

Ben CramerBen Cramer, journaliste parisien et spécialiste des questions nucléaires civiles et militaires, nous a entretenus de la mondialisation de l'OTAN dont le réseau tentaculaire comprend plus de 1200 bases et dépôts. Il a rappelé la Sainte Alliance Atomique americano-russe qui détient plus de 90% de l'armement nucléaire mondial. Ben Cramer s'intéresse également à la prolifération oblique de certains pays dont la France. Cette dernière a fourni des matières fissiles, de l'équipement et du personnel scientifique et technique à de nombreux pays en vue de la construction de centrales nucléaires et d'usines d'enrichissement en uranium 235. Parmi les nombreux clients de cette prolifération oblique figuraient non seulement Israêl (avant l'arrivée de de Gaulle) mais aussi l'Iran, l'Iraq et le Pakistan et bien d'autres.

Pour terminer ce tableau de la prolifération oblique ou occulte Ben Cramer a évoqué brièvement le rôle de la Cogema qui constitue un bon exemple des liens étroits entre le nucléaire civile et militaire. Après séparation chimique à partir du combustible usagé, les installations de La Hague ont produit 150 tonnes de plutonium qui peut servir soit militairement, soit pour le MOX ou encore comme réserve stratégique. Les diplomates qui participaient aux travaux de la dernière Conférence du Désarmement à Genève se tordaient de rire en comparant ces 150 tonnes de plutonium avec les 8 kilos extraits par les Coréens du Nord.

Corentin de SalleCorentin de Salle, juriste et philosophe à l'ULB, nous a rappelé les interventions américaines durant les deux guerres mondiales qui ont déchiré l'Europe au siècle passé. Il est persuadé que l'Union Européenne, divisée au sujet de sa Politique étrangère et de sécurité commune, est incapable d'agir efficacement et doit s'en remettre au pragmatisme d'une politique américaine musclée, rendue nécessaire par l'insuffisance des moyens militaires chez les Européens Il estime que les liens transatlantiques sont indispensables et que les Américains et les Européens pourront s'entendre.à condition que ces derniers renforcent leur puissance militaire !

Un large débat, dirigé par Georges Berghezan, a permis de préciser les points de vue et de restituer quelques facettes de la réalité. La majorité des intervenants a condamné la politique de la trilogie Etats-Unis, armement nucléaire et OTAN. Le représentant d'ATTAC, Serge Cols, considère qu'une des fonctions de l'OTAN est le maintien de l'ordre face aux problèmes posés par la mondialisation. Pour Cols une collusion existe entre l'U.E. et l'OTAN pour faire accepter les règles de l'OMC. Déjà en 1968, nous a-t-il rappelé, le général de Gaulle avait envisagé de demander le soutien de l'OTAN !

Pour Paul Lannoy la position de l'OTAN est devenue ambiguë depuis la fin de la guerre froide et la disparition de l'URSS. Les avis des Européens sont très partagés quant au sort de l'Alliance qu'ils considèrent soit comme indispensable soit comme inutile dans le contexte géopolitique actuel. Plusieurs cas de figure se présentent : certains membres de l'U.E. ne font pas partie de l'Alliance, d'autres souhaitent soit un statu quo soit un renforcement du poids de l'U.E.; enfin un groupe non négligeable est en faveur d'un bloc de plus en plus puissant (Grande Bretagne, Espagne, Italie..les trois nouveaux membres et les dix futurs ). En conclusion, Paul Lannoy constate que l'OTAN, au lieu de s'effacer, a acquis une nouvelle légitimité et a pu se permettre d'intervenir hors zone européenne en exploitant abusivement l'article 5 à l'occasion de la guerre en Afghanistan. Il dénonce le despotisme américain et insiste pour que l'on renforce le dialogue transatlantique. La guerre en Irak a démontré que les Etats-Unis, avec malheureusement un autre Etat européen, constituent actuellement la plus grande menace contre la paix dans le monde. Les 23 millions d'Irakiens libérés d'une dictature ne justifient pas une guerre préventive qui a détruit de nombreuses infrastructures sociales et fait des milliers de victimes civiles. Si l'ONU actuel ne parvient pas à contrôler le chaos planétaire, l'unilatéralisme américain est encore plus catastrophique. Pour Paul Lannoy la conclusion est claire, l'OTAN, instrument de domination américain , ne se justifie plus. Sur le plan du désarmement nucléaire, bactériologique et chimique, Paul Lannoy souhaite une application stricte des règles internationales en soulignant le devoir impératif pour le camp occidental de se soumettre au droit international, ce qui signifie balayer devant sa porte, avant de faire la morale aux autres.


de gauche à droite :
Pierre Piérart, Georges Beghezan (qui cache Henri Firket) et Claudine Pôlet

Claudine Pôlet, porte parole du Comité Surveillance OTAN (CSO), a rappelé l'origine du Comité qui a vu le jour en 1999 suite à la guerre menée par l'OTAN en Yougoslavie. . Cette intervention militaire démontrait que les nombreux ennemis imaginés par l'Alliance ne sont pas nécessairement fantomatiques mais parfois bien réels. L'Alliance cherche toutes les occasions possibles pour s'immiscer dans la politique européenne et par là justifier sa survie. La Belgique a participé à ces interventions soutenues par l'unanimité des membres du gouvernement arc-en- ciel. Le CSO a sa raison d'être, ne fût-ce que pour informer le public sur le rôle de l'OTAN et démontrer qu'il est néfaste pour le maintien de la paix. Si, aujourd'hui, dissoudre l'OTAN est une utopie, rien ne dit que demain la réalité des prochains soutiens aux attaques préventives fera la preuve qu'il faut se débarrasser de ce bloc militaire.

La gouvernement violet de la Belgique se doit de revoir fondamentalement et de toute urgence les conventions secrètes de 1971 avec l'OTAN et abandonner la politique du précédent gouvernement qui a soutenu l'UE et l'OTAN dans la guerre contre l'Iraq.

Plusieurs autres intervenants ont confirmé qu'il était nécessaire de contrôler aux parlements national et européen la politique étrangère de l'UE muselée , via les traités de Maastricht et d'Amsterdam, par l'OTAN. Réclamer un contrôle significatif du parlement européen sur la PESC serait également justifié.

Exposition

Avant le débat contradictoire les participants au Colloque ont eu l'occasion de parcourir l'exposition sur la tragédie de Hiroshima et Nagasaki ainsi que sur l'histoire des 511 essais nucléaires perpétrés dans l'atmosphère, l'espace et sous l'eau qui, après la signature du traité sur l'arrêt partiel des essais ( PTBT, 1963), furent suivis par 1544 essais souterrains. La section consacrée au Traité de Non Prolifération (TNP) rappelait le contenu des articles I et II ( interdiction de partager des armes nucléaires entre États), VI (engagement des 5 puissances nucléaires à désarmer) et plus spécialement l'article VII qui reconnaît explicitement le droit pour un groupe quelconque d'États de préparer une convention en vue de créer une zone de dénucléarisation.

L'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie qui ont adhéré au TNP sont en infraction avec l'article II qui interdit à un pays non détenteur d'accepter le transfert d'armes nucléaires sur son territoire. Les Etats-Unis et l'OTAN contestent cette interprétation et prétendent que l'article en question n'interdit pas spécifiquement le déploiement d'armes nucléaires auprès de pays alliés ne possédant pas ce type d'arme.. Cet argument n'est pas valable, car il est comparable à celui d'un criminel qui justifierait son meurtre commis avec un couteau de boucherie parce que la loi ne prévoit pas ce type d'arme blanche dans son énoncé( George Farebrother de World Court Project)

Une série de panneaux rappelaient les principales étapes du développement de l'Alliance atlantique ainsi que la publicité en sa faveur, parue dans la presse belge dans les années 50 avec le soutien massif des firmes d'armement américaines.

Manifestation au SHAPE

La journée se termina par une manifestation au SHAPE réclamant la dénucléarisation de l'OTAN. Une lettre fut déposée à l'attention du général James Jones. Dans la missive les signataires du Colloque demandent le départ des 150 bombes nucléaires B-61 déployées par l'OTAN dans les bases européennes y compris celle de la Turquie ainsi que la destruction des 214 bunkers souterrains qui abritent ces bombes à gravité qui peuvent être transportées d'un site à un autre ce qui pourrait permettre aux gouvernements complices de prétendre qu'il n'y a pas d'armes nucléaires sur le territoire national.. En outre il est demandé au général Jones de bien vouloir transmettre la requête à Lord Robertson, Secrétaire général de l'Alliance.

Au SHAPE