Le rideau tombe sur l'ère de la post-guerre froide
Source : INDIAN PUNCHLINE
M K Bhadrakumar
12 décembre 2013

Le plus grave face à face entre l'Occident et la Russie dans la période post-soviétique est en train de se mettre en place . Tout le monde savait dans les deux dernières décennies qu'il y en aurait un - et que la question de l'Ukraine serait finalement le point où les rapport "chat et souris" entre l'Occident et la Russie de l'ère de l' après-guerre froide cèderait la place à la confrontation.

Pour le dire simplement : si l'Ukraine tombe dans l'orbite du monde occidental , la capacité de la Russie à se défendre contre la pression américaine s'affaiblit, tandis que , si l'Ukraine adhère à la Communauté économique eurasienne, la stratégie des Etats-Unis à encercler la Russie tombe en ruine . C'est vraiment aussi simple que cela en termes géopolitiques.

Il est tout à fait évident que les enjeux sont importants pour les deux parties , et l'Occident intensifie la pression pour un changement de régime à Kiev pour que le président Viktor Ianoukovitch soit remplacé par un homme politique pro-occidental qui permettrait d'orienter le pays irrévocablement vers l'Union européenne et l' OTAN, et amènerait l'alliance militaire occidentale dirigée par les États-Unis aux portes de la Russie.

La semaine prochaine va être critique . Après la réunion surprise de Ianoukovitch avec le président russe Vladimir Poutine la semaine dernière à Sotchi, l'administration Obama prévoit que l'admission officielle de l'Ukraine à la Communauté économique eurasienne (CEE) pourrait être mise sur les rails, puisqu'une réunion du conseil de la CEE doit également avoir lieu à Moscou la semaine prochaine .

Y aura-t-il une autre «révolution de couleur» au stade de Kiev gérée par la CIA ? C'est la grande question . Les préparatifs semblent être en bonne voie.

L'administration Obama a changé de tactique et ouvertement menacé Ianoukovitch de sanctions US s'il utilisait les forces gouvernementales pour disperser les manifestants mobilisés par des ONG soutenues par la CIA et guidés par des experts étatsuniens en théorie et pratique des révolutions de couleur .

Ceci est basé sur la lecture que les perspectives d'un succès d'une «révolution colorée» semblent de plus en plus favorables à Kiev. La visite de reconnaissance par l'ancien président géorgien Mikhaïl Saakachvili ('créature' d’une autre révolution de couleur) à Kiev la semaine dernière, était un signal que la pression de la CIA pour un changement de régime est en effet en train de changer de vitesse. Les manifestants soutenus par les USA ont depuis refusé l'offre de discussion de M. Ianoukovitch. Ils ne se contenteront de rien d'autre que de sa sortie.

Le sort en est jeté. Les relations entre la Russie et l'Occident sont prêtes à entrer dans une phase tendue. On a déjà une idée de l'atmosphère en train de devenir de plus en plus glaciale, le dernier signe en étant la déclaration sans précédent faite par le vice-premier ministre Dmitri Rogozine (http://en.ria.ru/military_news/20131211/185462951/Russia-Warns-of-Nuclear-Response-to-US-Global-Strike-Program.html), que Moscou pourrait riposter avec une attaque nucléaire si une nouvelle stratégie militaire US menaçait sa sécurité.

Cela a été depuis répété par le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Ryabkov, avertissant les Etats-Unis de "conséquences apocalyptiques." Dans un discours important adressé à l'élite des forces armées russes mardi à Moscou, Poutine a mis en garde contre "les tentatives répétées des USA à faire basculer ou à miner l'équilibre stratégique".

Poutine a révélé qu'en 2014 la Russie déploiera "plus de 40 missiles balistiques intercontinentaux de dernière génération." Encore plus important, il a stigmatisé l'Afghanistan et le déploiement du système de défense antimissile US comme une menace à la sécurité de la Russie.

Les tempêtes qui sont en train de se rassembler sur l'horizon eurasien, coïncident avec les tensions dans la région Asie -Pacifique ; ils leur sont liés et émanent de la stratégie globale US. [...]

La mise en place des bases militaires étatsuniennes en Afghanistan, la décision des USA de s'engager avec l'Iran, la tentative saoudienne, soutenue par les USA, de mettre en place un commandement militaire conjoint sur le modèle de l' OTAN (le Conseil de coopération du Golfe) - tous ces développements prennent place dans la toile de fond du 'pivot' US vers l'Asie. [?]

Vous vous rappelez du boycott de l'Occident des Jeux Olympiques de Moscou en 1980 : Le prétexte était alors l'intervention soviétique en Afghanistan. Maintenant préparez-vous à peut-être un autre boycott - les Jeux olympiques d'hiver à Sotchi . L'un des prétextes cette fois est, ironiquement , les lois anti-homosexuels russes. Mais l'Ukraine est l'enjeu.

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