Marcel Poznanski
1 mars 2000
Il y a un an, la Yougoslavie était bombardée par l'OTAN pour avoir refusé les "accords de Rambouillet", qui exigeaient le libre passage des armées occidentales sur la totalité du pays, la mise sous protectorat du Kosovo, en attendant son indépendance au bout de trois années. Les prétextes humanitaires ont ensuite été avancés, à grand renfort de bourrage de crâne télévisé, afin de gagner l’opinion publique à la justesse de la croisade. La Yougoslavie n’avait agressé aucun autre pays et cette guerre a été menée sans mandat du Conseil du sécurité de l’ONU, la rendant totalement illégale en regard du droit international.
A ce moment, la plupart des pacifistes se sont tus ou ont trouvé toutes les vertus à l'OTAN. Ils ont mis dos à dos agressés et agresseurs, montrant par là la déliquescence de la mouvance de la paix. Il nous fallait réagir. Nous avons été quelques-uns à nous rencontrer pour adopter la déclaration d'un groupe de juristes, comme appel destiné à sensibiliser la population à ce crime Rencontrées au cours des quelques manifestations et soirées de protestation ayant ponctué cette guerre, plusieurs centaines de personnes ont signé cet appel.
Depuis, les bombardements ont cessé (pendant combien de temps ?), mais
la Yougoslavie doit, en dépit d’un embargo économique sévère, reconstruire ses
installations électriques et de chauffage, son industrie publique (l'industrie
privatisée n'a pas été bombardée !), les habitations, les écoles, les hôpitaux,
les routes, les ponts, les lignes de chemins de fer, etc. Aucune aide à la reconstruction
ne sera accordée par les Occidentaux " tant que Milosevic sera au pouvoir ".
Cyniquement, l’Union européenne a fait livrer quelques camions citerne de fuel
de chauffage à deux villes contrôlées par l’opposition, comme si les besoins
humanitaires variaient en fonction des choix électoraux des populations.
Quant au Kosovo, il est en proie au chaos total depuis qu’il est occupé militairement par les forces de l'OTAN, les affaires civiles étant aux mains d’une administration de l’ONU dirigée par Bernard Kouchner. Les accords qui ont mis fin à la guerre, et été entérinés par une résolution du Conseil de sécurité, sont quotidiennement violés par les Occidentaux : la souveraineté yougoslave est totalement ignorée, jusqu’à imposer le Deutsche Mark comme monnaie officielle, l’UCK n’a pas été démilitarisée - elle a simplement changé de nom -, la sécurité de la population ou le retour des réfugiés non albanais ne sont pas assurés. Il n’est pas excessif d’affirmer que les forces de l’OTAN couvrent, encouragent, voire participent directement à une gigantesque opération de nettoyage ethnique à l’encontre des minorités kosovares. Plus de 300.000 non Albanais ont fui vers le reste de la Yougoslavie et les pays voisins. Ceux qui restent vivent souvent dans des conditions inhumaines. Ainsi, nous évoquons plus loin dans ce bulletin le sort terrible réservé par l’UCK et l’armée hollandaise aux communautés serbe et rom de la ville d’Orahovac.
L'OTAN pousse à la hausse les budgets militaires de la Belgique et de ses 18
autres membres. L’Union européenne veut développer l’Eurocorps (60.000 hommes),
ménageant les partisans du renforcement du pilier européen otanien et ceux de
la " défense européenne ". Les pays neutres, comme l'Autriche, la
Suède et l'Irlande, devront quand même participer aux guerres du futur. L'extension
vers l'est de la zone OTAN, notamment sous couvert du " Partenariat pour
la paix ", présage d’une volonté de resserrer l'étau autour de la Russie.
La guerre de Tchétchénie est une occasion en or pour l’installation de l’OTAN
dans le Caucase. Le soutien indirect et confidentiel aux sécessionnistes tchétchènes,
notamment par un des membres de l'OTAN, la Turquie, en est un indice.
Après invitation lancée à tous les signataires de l’appel, nous nous sommes réunis en assemblée générale et avons pris acte de la volonté de l'OTAN de lancer d'autres guerres. Nous avons décidé de continuer à dénoncer ses agissements. L'assemblée a décidé de se dénommer COMITE DE SURVEILLANCE OTAN. Nous avons discuté et adopté une plate-forme, pouvant vous être envoyée sur demande. Nous préparons diverses activités, surtout sur le terrain de l’information. Nous comptons sur votre soutien moral, votre adhésion, votre aide financière, votre participation active. Notre prochaine réunion se tiendra au 35 rue Van Elewijck, 1050 Bruxelles le mardi 4 avril à 20 heures.