1 avril 2022
extrait du journal 'Le Soir' du 15 mars
L’Alliance atlantique commence cette semaine des manœuvres en Norvège, avec 27 pays, et 30.000 militaires. Des exercices prévus depuis longtemps mais qui vont se dérouler à quelques centaines de kilomètres de la Russie en guerre.
Ces manœuvres de l’Otan baptisées Cold Response 2022, prévues jusqu’en avril, avec 30.000 militaires de vingt-sept pays, vont fournir de bien belles images à l’Alliance atlantique. Elle va ainsi montrer sa capacité à « se déployer dans le Grand Nord, tout en envoyant des renforts dans la partie orientale de son territoire pour prévenir toute agression contre elle », référence explicite à la guerre en Ukraine. Cet exercice, basé sur « un scénario fictif dans lequel la Norvège est attaquée et invoque l’article 5 », c’est-à-dire une demande d’aide aux autres membres de l’Otan, risque cependant d’être beaucoup moins apprécié par Vladimir Poutine.
La Norvège, membre fondateur de l’Otan, qui partage deux cents kilomètres de frontière avec l’ex-Union soviétique, est dans le viseur russe depuis longtemps. Le pays nordique est son concurrent dans le Grand Nord, où Moscou, qui vient de se faire chasser du Conseil Arctique, principal organe de coopération de la région, a de grandes ambitions. L’armée norvégienne est aussi l’œil et l’oreille de l’Otan sur la péninsule russe de Kola, où sont basées d’importantes forces militaires et nucléaires.
Ce qui risque tout autant d’irriter la Russie, c’est la participation à ces manœuvres norvégiennes des voisins suédois et finlandais. Ils ne sont pas membres de l’Otan, mais s’en sont beaucoup rapprochés depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014. Or, parmi les exigences de Vladimir Poutine, avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, il y en a une qui concerne l’Europe du Nord : le maître du Kremlin veut que la Suède et la Finlande s’engagent à ne jamais rejoindre l’Alliance. Un ultimatum qui a été balayé par les dirigeants des deux pays, au nom de leur « liberté de choix », mais qui a eu aussi l’effet inverse dans les populations. Historiquement hostiles à l’Otan, elles sont aujourd’hui favorables à une adhésion… Pour 51 % des Suédois, et même 53 % des Finlandais.