Au-delà des hurlements...

Et si c’était le PIB vénézuélien qui affolait Trump et Cie. ??

Vladimir Caller
2 décembre 2025

Pendant de longues années le Venezuela était devenu la vitrine d’une débâcle largement diffusée par le système médiatique. « Voilà un pays possédant les plus importantes réserves de pétrole au monde, mais incapable de nourrir sa population qui s’exile par millions » était la tonalité du discours des éditoriaux des médias occidentaux pour parler de l’expérience chaviste.

Pourtant, dans son rapport de l’année 2013, l’Organisation des nations unies pour l’agriculture (FAO) distinguait le Venezuela comme le pays où « des progrès importants étaient accomplis dans la lutte contre la faim »1 Dix années après, en septembre 2023, le bureau d’alerte de la même agence, traitant exactement le même sujet, précisait qu’entre 2018 et 2020, « 23,9 % de la population du pays se trouvait en situation de sous-alimentation » (contre seulement 2,5 % entre 2010-2012) et que 4 millions 300 mille Vénézuéliens avaient besoin d’assistance alimentaire2. Pas étonnant donc, l’exode massif que ce pays a connu pendant quelques années.

Des sanctions  criminelles mais ‘pas chères’ et rentables

Bien entendu, ces médias s’arrangeaient pour ne pas parler de la féroce agression que ce pays subit de la part des États-Unis avec leur violente politique de sanctions. Politique qui ne fait que suivre les enseignements de « The Council on Foreign Relations » (CFR), cercle d’influenceurs étroitement lié aux décideurs de la politique extérieure des États-Unis : « Les sanctions offrent des alternatives présentables et moins coûteuses aux interventions militaires »3

Indispensable, bien sûr, qu’elles soient « moins coûteuses », pour l’agresseur. Ce qui est loin d’être le cas pour la victime. Selon le ministère des Finances vénézuélien, elles ont provoqué, de 2015 à 2025, des pertes de l’ordre de 226 mille millions de dollars ; montant si astronomique que, ‘traduit’ à sa dimension journalière pour faciliter sa compréhension, cela correspond à 77 millions USD/jour !4. Pas du tout exagéré donc lorsque l’économiste Jeffrey Sachs dit : « ces sanctions ont comme résultat de provoquer la famine dans la population et sont même beaucoup plus violentes que celles que Cuba a endurées »5. Les lister prendrait trop de pages car elles furent au total  1039 depuis que le ‘progressiste’ Obama décida, en 2015, de punir la révolution bolivarienne.

Et leur diversité est très large : elles vont du gel des avoirs des institutions vénézuéliennes; de confiscations de biens, dont les presque 6000 stations d’essence que la société CITGO (filiale de la pétrolière PDVSA) détenait aux USA, jusqu’à la simple spoliation de 31 tonnes d’or que le gouvernement vénézuélien, croyant pouvoir faire confiance aux règles du droit avait déposées à la Banque d’Angleterre. Or cette banque a cru bon d'attribuer à l’éphémère « président » autoproclamé Juan Guaido, fabriqué de toutes pièces par Washington et attaché, comme son illustre collègue Maria Corina Machado, à faire appel aux yankees pour qu’ils débarrassent militairement son pays du chavisme6. Guaido s’est installé depuis janvier 2023 à Miami mais la ‘justice’ anglaise n’a pas encore statué (sic) si ces tonnes d’or doivent être restituées au Venezuela ou livrées au fantomatique « président »  

L’incroyable ‘remontada’

Si à cette collection XL de sanctions on ajoute le fait que dès 2013 les prix du pétrole chutent d’environ 70 % (le budget du pays est nourri à 50 % de la rente du pétrole qui constitue les 90 % de ses exportations), on peut comprendre que le pays et son économie soient totalement assommés. Pour le contrer, le gouvernement Maduro opta pour rectifier quelques erreurs de sa gestion économique visant, entre autres, à renforcer le volet agricole (jusqu’alors très négligé en faveur d’une orientation au tout pétrole), et ce, allégeant les contraintes bureaucratiques des agriculteurs et facilitant leur accès aux crédits, etc. Ainsi, un pays qui importait la nourriture (en 2020, 57% des biens alimentaires…) n’en importe plus que 15% maintenant et devient même exportateur. Cette ouverture au pragmatisme économique visant également le soutien aux petites et moyennes entreprises des autres secteurs, s’est traduit par des résultats remarquables.

Ainsi, le chômage a chuté à 5,5 % en 2024 (de 8.5 en 2020), l’inflation, qui avait atteint le chiffre surréaliste de 833,997 % en 2018 est tombé à 46% en 2024, son plus bas indice en douze ans. Des sources de l’ONU confirment surtout une croissance du PIB de 4,2 % pour l’année 2024 (la moyenne en Amérique latine étant de 1,9 %, dans la zone euro 0.8%...), c’est-à-dire la plus élevée de la région et ce pour la 4ème année consécutive.

Eh bien c’est cette remontada là, qui fait « ch… » Trump et et Rubio et non pas les fables du trafic de drogues. Au-delà de leur appétit pour le pétrole, il faut surtout tuer cette « remontada ». Ils voudraient que le Venezuela de demain soit le même que celui de 2018.

1. FAO recognizes Bolivarian Republic of Venezuela for progress in fight against hunger https://www.youtube.com/watch?v=lzOwYPLWxo8
2. https://openknowledge.fao.org/server/api/core/bitstreams/d71446b4-c843-42d2-b982-8fb6f8c1c6f9/content
3. https://www.cfr.org/excerpt-economic-sanctions-and-american-diplomacy
4. https://thetricontinental.org/es/newsletterissue/boletin-eeuu-sanciones-venezuela-chile/
5. https://www.bellyofthebeastcuba.com/interview-jeffrey-sachs
6. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/02/08/97001-20190208FILWWW00343-venezuela-guaido-n-ecarte-pas-une-intervention-militaire-des-etats-unis.php