La KFOR nous photographie et nous empeche de photographier


18 août 2004

A Gnjilane, nous rencontrons des représentants de la communauté rom . Les Roms y sont maintenant moins de 400, alors qu'ils étaient 6.000 avant la guerre. Ils parlent de l'"épidémie de haine" qui s'est emparée du Kosovo depuis les bombardements de l'OTAN. Jusqu'à ce moment, aucune violence à caractère inter-ethnique n'avait eu lieu et les diverses communautés (rom, serbe et albanaise) vivaient en bonne entente. Apres les expulsions massives qui avaient marque l'arrivée des soldats de l'OTAN en 1999, la situation s'était quelque peu stabilisée et quelques dizaines de Roms étaient revenus. Les événements de mars ont particulièrement traumatise la communauté, sauvée de justesse grâce à l'intervention de ses voisins albanais. Peu de Roms pensent rester à Gnjilane, la plupart essayant de vendre leur maison. Alors qu'on nous raconte divers cas de violences et de meurtres à l'encontre de Serbes et de Roms, une femme nous déclare : "La question n'est pas de savoir si nous partirons, mais quand".

Apres la visite d'un quartier rom brûle en 1999 par les extrémistes albanais, nous nous rendons ensuite dans le village de Silovo, un des principaux villages serbes de la région de Gnjilane. Nous sommes reçus par le personnel et les responsables de la télévision locale, seul media en serbe accessible (quand il n'y a pas de coupure d'électricité) à quelques milliers de Serbes vivant autour de Gnjilane. Dépendante financièrement de publicités de commerçants et surtout d'un contrat avec la KFOR, qui diffuse une émission hebdomadaire à destination de la population serbe, l'avenir de la station est précaire. Nous visitons ensuite l'école du village, ou vivent une cinquantaine de Serbes expulses de Gnjilane en mars dernier. Seules 3 ou 4 maisons seraient encore occupées par des Serbes à Gnjilane.

L'après-midi, nous partons pour Dragas, dans l'extrême sud du Kosovo. Nous passons par Camp Bondsteel, la plus grande base américaine des Balkans, et par l'enclave serbe de Strpce, située dans les montagnes Sar, les plus hautes montagnes de toute l'ex-Yougoslavie. En quittant l'enclave, une partie de l'équipe est arrêtée par des soldats allemands de la KFOR, interrogée et photographiée en cachette. Finalement, après quelques échanges peu courtois, les Allemands daignent autoriser la poursuite du voyage. Un peu plus loin, quelques kilomètres avant Prizren, nous passons par les ruines du monastère serbe des Saints Archanges, détruit en mars par les extrémistes albanais. Alors que le monastère n'était pas surveille auparavant, il est garde par la KFOR depuis sa destruction. Les soldats allemands en faction semblent surtout préoccupes à empêcher toute photo des ruines...

Nous arrivons en début de soirée à Dragas, petite ville près des frontières de l'Albanie et de la Macédoine et peuplée maintenant par une majorité d'Albanais. Mais il s'agit du centre urbain de la communauté Goran, des Slaves de religion musulmane, parlant une langue proche du macédonien et du serbe.