Une guerre criminelle en Palestine et au Liban

Pierre Galand
30 septembre 2006

Cet article de Pierre Galand reprend l’essentiel de son intervention au meeting de solidarité avec les peuples libanais et palestinien, réalisé à Ixelles après le déclenchement de l’agression israélienne. Il paraît avec l’autorisation de l’auteur)

« L’avant poste de l’Occident contre la Barbarie », c’est ainsi que certains stratèges au département d’Etat américain ont qualifié Israël. Ce genre de discours est partagé par une partie importante des dirigeants européens et relayé par de grands Mass Média.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le Sénat des Etats Unis adopte, sans débat, une résolution de soutien à Israël dans son offensive contre la Palestine et le Liban. Ce faisant, Israël remplit donc la mission qui lui est impartie dans la redéfinition géopolitique du Proche Orient.

Plus de dix fois ces derniers jours, la Ministre israélienne des Affaires étrangères a déclaré « Israël et la communauté internationale ont un but commun de promouvoir un processus qui amènera à un changement fondamental et à long terme dans la réalité politique de la région ». Monsieur Solana participait d’ailleurs à une conférence de presse où la Ministre s’est ainsi exprimée, ajoutant « Israël se bat pour éliminer l’axe de la terreur et de la haine : Hezbollah – Hamas – Iran – Syrie ». Ces propos, extraits d’une dépêche de l’Agence France Presse du 19 juillet 2006, ont le mérite de la clarté. Voilà donc Israël mandaté pour combattre l’axe du mal, tel que conçu par l’Administration Bush.

Le silence, l’absence de condamnation des gouvernements européens, à l’exception de la Suisse et de l’Espagne à ce jour, préfigurent de l’allégeance européenne et, craignons le, de la plupart des régimes arabes aux nouvelles réalités politiques, telles que conçues à Washington.

L’OTAN, haut-lieu de cohérence, voire de coercition, du « bien-pensé » occidental, intègre déjà dans ses propositions la nécessité d’une réforme en profondeur de l’Alliance, afin de lui permettre l’ouverture à de nouveaux membres en charge de l’application de la nouvelle sécurité mondiale made in USA.

Du 8 au 11 juin 2006, se tenait à Ottawa la réunion d’un cercle très réservé « Le Bilderberg ». L’agence France Presse reportait que ce cercle d’initiés, réunis sous la présidence du Vicomte Davignon, avait plaidé pour l’entrée d’Israël dans l’OTAN.

Parmi les documents préparatoires au sommet de l’OTAN à Riga en novembre prochain, c’est d’une Alliance élargie, e.a. au Japon, à la Nouvelle Zélande, à la Corée du Sud, dont il est question mais aussi de la « mission civilisatrice » de l’OTAN. De nouveaux alliés de choix sont donc ainsi désignés pour remplir des missions de rétablissement d’un ordre « colonial et impérial », que l’on pouvait croire remisé au rang de l’histoire du siècle dernier.

Aujourd’hui, l’accès aux champs pétrolifères et les velléités de confinement de la Chine passent donc au-dessus de toutes les règles de droit international, de droit humanitaire et de la guerre, ainsi que des Conventions quant à l’usage des armes en cas de conflits. Toute cette architecture de la coexistence entre les nations et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes risque donc d’être reléguée et bafouée au nom de « la lutte contre le terrorisme », invoquée pour seule légitimité. Nous voilà loin du Sommet du Millénaire des Nations Unies de 2005 qui proclamait, lui, que le principal risque pour l’humanité était l’extrême pauvreté.

La solidarité avec le Peuple palestinien, envers le Peuple libanais, nous impose donc de remettre cette guerre, les crimes et destructions massives qui se produisent au Proche Orient, dans leur contexte afin d’en saisir toute l’importance pour l’avenir du Proche Orient et notre avenir à tous.

Nous nous devons de comprendre que de tels événements criminels n’arrivent pas par hasard en cette période. Ils ont été planifiés. Des peuples sont aujourd’hui punis de manière exemplaire, afin que les autres peuples soient avertis de ce qu’il en coûte de défier le nouvel ordre états-unien, et pour que chacun choisisse son camp.

Réaffirmons donc avec force, comme nous l’avons fait lors du déclenchement de la guerre états-unienne en Irak, «Not in my name ».

Soyons clairement aux côtés de ceux qui se font agresser et sauvagement massacrer et réorganisons-nous afin de faire obstacle à cette barbarie du XXI° siècle.

Nous risquons ainsi d’assister à une guerre mondiale décentralisée. Soyons donc aux côtés des résistances et construisons d’urgence un grand mouvement antiguerre et anticolonial.

Des forces militantes anti-impérialistes relèvent la tête partout, y compris en Israël. Mêlons notre voix à ces femmes et ces hommes qui refusent de servir les dessins des Etats-Unis et de leurs alliés, sous peine d’assister à l’un des plus cruels et désastreux reculs de l’humanité.

20 juillet 2006
Pierre GALAND,
Président ABP-ECCP