Sommet de l’Otan de Bucarest, comment sauver les apparences ?


19 mars 2008

« La principale mission du sommet de l'OTAN, qui se tiendra au mois d'avril à Bucarest, consiste à montrer à l'opinion publique une Alliance unie », a déclaré le ministre hongrois de la Défense.

La méthode Coué semble effectivement très nécessaire, tant les divisions au sein de l'OTAN se font apparentes, que ce soit sur l'élargissement à l'Est de l'Alliance, le Kosovo ou l'Afghanistan..

L'"indépendance" du confetti kosovar ethniquement purifié n'a pas été accueillie avec le même enthousiasme par tous les membres de l'Alliance, soit qu'ils soient eux-mêmes confrontés à leurs propres sécessions internes, soit qu'ils ne voient pas directement l'intérêt de l'établissement d'un chancre maffieux à leur frontière. La gigantesque base militaire de Camp Bondsteel n'est pas une base de l'OTAN, mais bien une base US avancée en vue d'une confrontation avec la Russie, qui n'est pas nécessairement de l'intérêt de tous.

C'est sans doute pour ces mêmes raisons que certains membres (l'Allemagne en particulier) s'opposent à la nouvelle extension à l'Est de l'OTAN. L'intégration projetée de l'Ukraine et de la Géorgie, voulue par les USA et certains des plus fervents atlantistes de la "Nouvelle Europe" accélérerait en effet dramatiquement les risques de confrontation directe avec la Russie.

Enfin les réticences sont grandes sur l'intégration de l'Isaf dans la désastreuse "War on Terror" en Afghanistan. Condoleeza Rice a mis les points sur les i : "Nos populations [de l'Alliance Atlantique] doivent comprendre qu'il ne s'agit pas d'une mission de maintien de la paix", en contradiction formelle avec la mission originelle de l'ISAF, phagocytée de facto par l'Otan. Robert Gates a été jusqu'à menacer l'Allemagne d'attentats terroristes sur son sol, pour l'encourager amicalement à envoyer des soldats dans les combats du Sud. Pourtant, jusqu'à présent, notre pays est l'un des seuls à accepter de passer du "Peace-Keeping" pseudo-humanitaire à l'implication active dans les zones de guerres.

C'est que l'invasion tourne au fiasco total, et il devient patent que la guerre contre le peuple afghan ne peut être gagnée. L'obstination de l'Occident à subjuguer l'Afghanistan, ne peut à terme que conduire à un désastre. Mais cependant, admettre cette défaire signifierait admettre l'échec des plans de domination impérialiste sur tout le Moyen-Orient, et l'impossibilité pour l'Occident de contrôler l'Eurasie, et ses richesses vitales : d'autant plus grand est alors le risque d'une fuite en avant, vers une attaque nucléaire de l'Iran , et un embrasement mondial.

A Bucarest, le sommet des chefs d’Etat aura également à son agenda le projet d’intégrer le bouclier antimissiles américain à un système pouvant « protéger » l’ensemble des pays européens. Des augmentations des budgets militaires seront donc à l’ordre du jour, vu les engagements financiers importants qui seront pris par les pays « protégés » de cette manière.

Et le « manifeste » des cinq généraux de l’Etat-Major de l’Otan, ne manquera pas de peser sur ce Sommet, même si ces hauts commandants sont à la retraite. Rappelons leurs exigences d’un coup d’accélérateur dans la transformation de l’Otan en « alliance mondiale des démocraties », leur proposition de se passer carrément de l’ONU et de former un triumvirat OTAN-UE-USA pour diriger cette alliance et leur appel sans état d’âme à utiliser préventivement des armes nucléaires pour écraser dans l’oeuf toute vélléité d’opposition.

Ce n’est pas ce que veut la population de notre pays ! Au sein de l’Union Européenne, les mobilisations se multiplient. De la République tchèque et la Pologne contre le bouclier, à l’Allemagne, contre l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, à la Belgique avec la manifestation du 16 mars contre la guerre en Irak. En unissant toutes ces forces dans un grand mouvement européen et en refusant de lâcher prise, nous forcerons les gouvernements de l’Union Européenne à rompre cette politique de soumission aux va-t-en guerre otaniens.