Pendant longtemps encore, la stratégie de la peur ?
60 ans, ça suffit !


24 mars 2009

En 1990, peu après le 40e anniversaire de l’Otan, Giulio Andreotti révélait publiquement l’existence des réseaux militaires secrets de l’Otan « Stay Behind » mis en place dès sa création. L’implication du réseau Gladio dans bon nombre des attentats terroristes des « années de plomb » commis en Italie est désormais un fait connu, et l’accès aux archives soigneusement classifiées de l’Otan permettrait certainement d’en savoir d’avantage sur la stratégie de la tension des années 70-80 dans l’ensemble des pays de l’Europe occidentale.

Episode regrettable, appartenant à l’ère révolue de la guerre froide et de la lutte contre la menace communiste ? Comment en être sûr alors que l’Otan est toujours bien là et continue à affirmer sa nécessité post-mortem bien après la disparition de sa raison d’être officielle pendant 40 ans ? Comment en être sûr, alors que les discours actuels sur le terrorisme mondialisé sont directement calqués sur ceux de jadis de la menace communiste ? Comment même l’espérer alors que la stratégie de la peur s’est montrée tellement profitable, littéralement ? Les industries d’armement qui font des bénéfices colossaux sur la peur, peuvent-ils se permettre d’avoir face à eux une humanité qui n’a plus peur de l’autre érigé en ennemi ? Ce sont des intérêts difficilement concevables qui sont en jeu.

Lors d’un récent discours en France, promue nouvelle fille aînée de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, vient de réaffirmer que « pour la Communauté Internationale, il est important que l’Otan continue d'être un instrument qui apporte cette contribution [au renforcement de la paix et de la sécurité internationales] pendant longtemps encore »

Cette déclaration nous paraît très ironique au regard de l’histoire passée et actuelle de l’Otan.

Il y a tout juste dix ans, l’Otan fêtait son cinquantenaire en se payant le droit International. L’agression de la Yougoslavie menant à sa destruction finale était emballée dans un droit d'ingérence humanitaire sur mesure, sur allégation de massacres et d’horreurs fabriqués médiatiquement.

Aujourd'hui, le leitmotif de la lutte globale contre la terreur maquille son rôle de sécurisation des sources et des voies d’acheminement des richesses énergétiques en Asie centrale, que l'Occident estime lui revenir de droit.

L'Otan n'est pas du tout un facteur de paix et de sécurité internationales, mais bien un instrument au service des intérêts de puissances impérialistes aux abois face au renversement des rapport de forces dans le monde, prêtes à utiliser tous les moyens, de déstabilisation, de guerre, de terreur, pour maintenir leur main-mise parasitaire sur la planète.

« Pendant longtemps encore », rêve le Secrétaire Général de l’Otan : Pour nous cela suffit amplement comme ça. Rendez-vous en masse à Strasbourg et Kehl en avril pour dire: Non a l'Otan ! 60 ans d'Otan = 60 ans de trop !