Évaluation des actions par le Comité International de Coordination

Arielle Denis et Reiner Braun
25 avril 2009

Lettre à toutes les organisations qui ont signé l'appel de Stuttgart: « Non à la guerre - Non à l'OTAN » et à toutes les personnes intéressées de nombreux pays

Invitation à la Conférence internationale de travail à Berlin les 10 et 11 Octobre 2009

Chers amis de la paix,

Le 18 avril 2009, le Comité International de Coordination ("International Coordinating Committee" - ICC) s'est réuni à Strasbourg et a mené une première évaluation des actions.

Nous sommes toujours influencés par des impressions politiques et émotionnelles diverses sur la manifestation contre l'anniversaire de l'OTAN à Strasbourg.

Les protestations ont été politiquement appropriées, justifiées, légitimes et nécessaires.

Les diverses manifestations contre le 60e anniversaire de l'OTAN ont été politiquement très actuelles - entre autres contre l'expansion continue de la guerre en Afghanistan. Stratégiquement les manifestations se sont tournées contres l'expansion continuelle de l'Otan. Elles étaient justifiées, entre autres, parce qu'il faut que les énormes budgets militaires soient redistribués en faveur du développement social et écologique; moralement ces manifestations se sont alignées contre le pacte de guerre et pour la paix. Avec des participants issus de 25 pays, elles ont été hautement internationales, et ont été organisées par une large coordination internationale de paix de plus de 600 organisations issues de 33 pays  - et elles se poursuivront.

Ensemble, nous nous sommes élevés, et nous nous élevons contre la stratégie agressive de l'Otan  de guerre et d'intervention globale.
L'agression à l'extérieur - la guerre, l'intervention et l'occupation - nécessite et mène à l'agression à l'intérieur, en particulier à une réduction des droits à manifester et des droits à la liberté; Strasbourg en est l'exemple actuel.

L'aggravation de cette agression a été l'action brutale de la puissance de l'État contre l'énorme manifestation de 30.000 participants à Strasbourg et à Kehl, et aussi sur les autoroutes! Plus de 20 autobus ne sont pas arrivés à leur destination.
D'innombrables abus brutaux, l'utilisation de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de canons à eau contre des manifestants pacifiques, et le confinement de la manifestation, représentent un saut qualitatif, même pour la France, dans l'usage de la violence. L'interdiction par la police allemande de franchir le Pont de l'Europe contre tous les accords, représente également pour l'Allemagne un sommet de comportement antidémocratique et un énorme atteinte au droit de manifester. C'est uniquement grâce au comportement pacifique et responsable de nous - les manifestants - que la provocation consciente de la police au Pont de l'Europe n'a pas réussi. Du côté allemand nous avons montré que nous vivons ce pour quoi nous nous battons !  [la paix]
Même pour la France, le comportement brutal de la police française a été unique. Il ne devait pas y avoir de manifestation contre l'OTAN à Strasbourg, cela était le but explicite et anticonstitutionnel des forces de sécurité françaises.
Le pouvoir de la police et de l'État des deux côtés de la frontière est sur le banc des accusés : la violation de la Constitution de la République fédérale d'Allemagne et de celle de la République de la France est l'accusation grave qui peut et qui doit être prouvée dans de nombreux cas.

Les provocations de la police ne justifient pas la violence d'une petite minorité contre des personnes et/ou contre des biens. Peu importe si ces gens étaient des provocateurs, des agents rémunérés, ou des jeunes socialement dégradés (victimes du système capitaliste) ; ils ont été des partisans de Nicolas Sarkozy et des gouvernements, et ils les ont aidé à jeter le discrédit sur la grande manifestation pacifique. Ils ont tenu des milliers de manifestants pacifiques en otage, pour faire  exhibition d'une violence insensée qui a mis en danger la santé et la vie des manifestants et des résidents locaux.

Ce comportement entraîne des questions politiques et organisationnelles que nous devons discuter et auxquelles nous devons apporter ensemble des réponses, en solidarité et responsabilité pour les événements futurs.

Des changements dans la société réclament des politiques radicales et des majorités politiques qui forcent et façonnent le changement.

La violence à Strasbourg a été la tentative de la part des politiques et de certaines parties de la presse, de séparer les manifestations de son contenu.

Nous restons concentré:
La protestation contre l'OTAN est légitime, justifiée et nécessaire, elle doit être élargie et poursuivie au niveau national et international.
Nous avons réussi à mettre le sujet de la dissolution de l'OTAN à l'agenda national et international - souvent après de nombreuses années.

Le Comité International de Coordination veut contribuer à ce processus. Nous poursuivrons nos actions et nous voudrions réfléchir et discuter avec vous à propos de nos actions futures et de leurs objets, en particulier politiques.
Par conséquent, nous vous invitons aujourd'hui à la
Conférence Internationale "Non à la guerre - Non à l'OTAN" à Berlin, les 10 et 11 Octobre 2009.

S'il vous plaît, marquez cette date dans votre calendrier et transmettez- la à vos amis et collègues.

Les chances ont augmenté de se débarrasser de l'OTAN à long terme. Le sommet de l'OTAN avec ses résolutions minimales a rendu la crise évidente. L'accord pour une stratégie agressive ne s'est pas fait, même la nomination du secrétaire général a soulevé de lourdes discussions.

Si la proposition du Président des Etats-Unis d'abolir toutes les armes nucléaires (dont nous nous félicitons car elle est le résultat de plusieurs années de nos actions) devient une réalité, le droit de l'OTAN à l'existence est encore plus discutable. Qu'est-ce que l'OTAN sans ses éléments essentiels de la doctrine de première frappe nucléaire et de dissuasion nucléaire? Alors l'OTAN peut être abolie complètement.

En particulier après Strasbourg, nous pourrons poursuivre nos activités avec courage et confiance en soi. Le temps de l'Otan est passé. Un monde sans armes nucléaires et sans guerre, un monde libre de l'OTAN est possible.
Pour cela il faut une campagne d'éducation intensive et à long terme, et une campagne coordonnée, décentralisée, mais à l'écoute, avec des journées collectives d'action

Pour ce faire, nous avons à convaincre une majorité de la population, ce qui est seulement possible via un travail intensif à la base. La Déclaration de Strasbourg est une bonne base politique pour ce travail.

Cette lettre doit donner des impulsions à l'analyse continuelle et intensive de nos expériences et de nos actions. Vous trouverez quelques rapports sur le site www.no-to-nato. org . Remarques réfléchies et analyses critiques sont aussi importantes que de voir que maintenant le mouvement pour la paix n'est pas en mesure de mobiliser des centaines de milliers de personnes. Cette conclusion doit être considérée comme un défi pour les actions futures. Dans le même sens, nous considérons les critiques comme un défi pour améliorer nos actions à l'avenir.

Veuillez aussi nous informer de vos discussions. L'adresse e-mail icc-no-to-nato- 2009@lists. wri-irg.org  restera disponible à l'avenir.

Nous tenons à remercier chacun de vous pour les soutiens divers et la solidarité dont nous avons fait l'expérience tout au long de la préparation et l'exécution des actions. C'est uniquement grâce à l'action collective que cette manifestation internationale pour la paix, cet événement quasi unique, a été réalisable. C'est uniquement grâce à l'ensemble de votre aide que le camp, le congrès, la désobéissance civile, et la manifestation ont été rendus possibles. La manifestation fut internationale et collective.

Merci beaucoup!

Dans l'espoir de pouvoir accueillir un grand nombre d'entre vous en personne ou virtuellement, nous envoyons nos pacifiques salutations

Arielle Denis et Reiner Braun