Contre-Sommet de Strasbourg du 2 au 5 avril 2009
Évaluation des participants de Belgique


4 juillet 2009

Derrière une bannière commune, « Manneken Peace - Belgium Says No to Nato - No to War », plusieurs associations de paix et organisations politiques ont participé au contre-sommet de Strasbourg, et particulièrement à la manifestation du 4 avril 2009.

Une réunion d'évaluation s'est tenue pour faire le bilan de ces actions et décider quoi faire pour le futur. Des délégués de la CNAPD, CSO, INTAL, VREDE, VREDESACTIE, UAG, étaient présents et souhaitent faire part à toutes les associations qui ont préparé et participé à ce Contre-Sommet de Strasbourg, de leur bilan.

Nous tenons tout d'abord à souligner le caractère historique de ces actions qui ont, pour la première fois depuis que l'OTAN existe, rassemblé des centaines de mouvements de la paix et organisations politiques progressistes, venant de presque tous les pays membres de l'Alliance dans une action et une réflexion communes sur le rôle actuel néfaste de l'Alliance Militaire et sur la nécessité de sa dissolution.

Nous avons vu, également pour la première fois, que des manifestations et des actions de masses pacifistes et non-violentes internationales, sont empêchées, réprimées et sabotées aussi violemment et de façon préméditée et calculée par les gouvernements de l'Union Européenne.

Il ne s'agit pas seulement des autorités françaises ou allemandes, mais de celles de l'UE, puisque, entre autres, l'Otan a pu prendre possession du Parlement Européen à Strasbourg pour faire ses cérémonies d'anniversaire et que les règles de Schengen sur la libre circulation des personnes ont été suspendues pendant plusieurs jours. Il y a eu de multiples violations des droits démocratiques élémentaires des citoyens européens.

Le Sommet de l'Otan lui-même a fait une Déclaration finale qui doit nous alerter plus que jamais sur les objectifs de transformer l'Alliance Atlantique en gendarme du monde, de la charger de garantir l'approvisionnement énergétique des pays membres, de développer à cette fin une force militaire unique, dotée de moyens techniques et financiers énormes. La Déclaration finale réaffirme le soutien au projet de bouclier anti-missiles ainsi que l'importance du maintien de sa stratégie nucléaire. Elle réaffirme également la nécessité de ne pas lâcher prise dans la lutte mondiale contre "le terrorisme" et contre les Etats qui protègent des terroristes et autres extrémistes. (Iran et Corée du Nord, Afghanistan, Pakistan en particulier).

Mais des divergences sont apparues entre les pays membres de l'Otan, principalement sur la contribution à fournir par les différents pays pour atteindre ces objectifs. D'autre part, les oppositions populaires se développent , que ce soit concernant le bouclier anti-missiles, la poursuite de la guerre en Afghanistan, l'élargissement de l'Otan, l'augmentation des budgets militaires, l'absence de mesures de désarmement nucléaire. Et, enfin, cette première contestation globale de l'Otan qui s'est traduite par notre Contre-Sommet.

Tout cela nous laisse prévoir que l'Otan laissera de plus en plus tomber son manteau de défenseur des démocraties et que la répression des mouvements de protestation pacifistes sera de plus en plus sévère. Et par ailleurs, le débat public avec la société civile, et même le débat parlementaire, seront escamotés et les décisions otaniennes seront le fait de cercles de plus en plus restreints de "décideurs".

Les conclusions de ce Sommet de l'Otan et l'attitude profondément anti-démocratique des autorités politiques envers notre mobilisation nous confortent en tout cas dans notre volonté de continuer ce combat et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour développer le rassemblement international des forces pacifistes et progressistes de tous les pays membres de l'Alliance Atlantique. Nous serons donc partie prenante à la construction d'un large et puissant mouvement politique international dans ce sens.

C'est à partir de cette résolution que nous voulons exprimer certaines critiques sur les préparatifs passés et des propositions pour les préparatifs futurs. Nous ne sommes pas unanimes à propos de chacune de ces critiques, mais nous croyons utile de les transmettre à tous pour y réfléchir.

La manifestation n'a pas réussi à « passer les écrans » des télés et des medias et dans le monde entier ceux-ci n'ont montré (à de rares exceptions près ?) que des images de violence, de casses, d'incendies, comme si elles étaient le fait des organisateurs. De ce fait, plusieurs pensent qu'elle est un échec. D'autres, que c'est surtout une expérience pour les prochaines fois. Soit il aurait mieux valu ne pas faire de manifestation (vu les itinéraires impossibles imposés par la préfecture), soit l'annuler. En tout cas, il manquait un service d'ordre adéquat. On se demande encore pourquoi il n'y avait pas un "peace keeping" qui aurait dû être très nombreux et préparé à empêcher l'intrusion des casseurs. On a constaté, dans les réunions préparatoires, des malheureuses rivalités parmi les associations françaises qui ont peut-être été la cause de ce manque de service d'ordre.

Comment agir avec les groupes "autonomes" qui ne veulent pas s'en tenir aux mots d'ordre généraux des organisateurs, tant de la manifestation que des actions de désobéissance non violente : des discussions avec eux semblent utiles durant les préparatifs, elles ont eu lieu en ce qui concerne les bloquages mais pas du tout en ce qui concerne la manifestation. Ce qui n'empêche l'importance primordiale d'un peace keeping important.

Un manque de préparation du point de vue politique également : pas assez de discussions sur le contenu d'un Contre-Sommet, des mots d'ordre trop généraux. Un point de vue trop franco-allemand et pas suffisamment de mots d'ordre communs à tous les pays membres de l'Otan. On ne s'attendait pas à un tel sabotage de la manifestation. Beaucoup ont été effrayés.

On a manqué d'un Centre Contre-médias : une équipe qui joue le rôle que les medias se sont refusé à remplir : informer à chaque instant, publier des communiqués, avoir un réseau de diffusion etc..

On a manqué de pédagogie : les trois types d'actions menées de front, c'est peut-être de trop. La Conférence Internationale aurait dû être le centre d'un contre-sommet et pour cela, chaque intervention et analyse aurait dû profiter à tous les participants, trop d'ateliers, et trop peu de
traductions. Il faudrait publier les textes de tous les intervenants. Pas seulement avoir des "vedettes", mais des analyses et des débats de fond.

Nos propositions :

Bruxelles, le 7 mai 2009