La guerre sans fin


2 janvier 2010

Les discours d’Obama à l’armée des Etats-Unis et à la réception de son Prix Nobel ont marqué le glas des illusions de changements de la politique américaine que de nombreux progressistes et pacifistes se faisaient encore. Le Président US, avec son beau parler de prédicateur, a, par contre, ravi les milieux atlantistes, en faisant mine de souhaiter des décisions plus collégiales dans le futur, et en manifestant sa reconnaissance pour la contribution essentielle de l’Otan à la sécurité de la « communauté internationale ».

En réalité, le programme qu’ont applaudi les dirigeants de l’Otan offre la perspective d’une guerre sans limites, dans le temps, dans l’espace, dans ses buts. L’Otan s’est engagée aussi bien à « finir le job » en Afghanistan en augmentant sa contribution militaire et financière et politique, qu’à participer à la poursuite de Ben Laden et autres « terroristes » sur la terre entière, et dans tous les mers du globe. La Somalie et.. le Yemen viennent s’ajouter aux pays déjà diabolisés. On découvre que Al Qaida pourrait s’être replié dans un de ces deux pays. Le nouvel « attentat » sur la ligne Amsterdam-Détroit vient juste à point pour confirmer cette version. Et on comprend mieux aussi pourquoi l’Otan s’intéressait tellement à la lutte « contre la piraterie internationale » dans la Mer Rouge et le Golfe d’Aden : bonne opportunité de militariser le contrôle de ces mers et de préparer l’installation militaire terrestre au Yemen et en Somalie sous le prétexte de pourchasser Ben Laden.

Nos ministres belges ne sont pas les derniers à applaudir à ce programme. On peut voir à la TV De Crem qui passe les troupes en revue en Afghanistan, et assiste même à la messe de Noël des militaires, salue le courage des soldats et les invite à faire encore un effort… au-delà de fin 2010. Le gouvernement a promis à l’Otan d’envoyer des officiers et deux F-16 supplémentaires et de prolonger la présence belge sur place. Mais il refuse tout débat parlementaire, même en commission ! Les débats demandés par quelques courageux parlementaires sont superbement ignorés par les ministres concernés.

Les conclusions tirées par l’Etat-Major belge – et le Ministère de la Défense- à propos de l’ex-Yougoslavie, ne sont guère réjouissantes : le nouveau chef de l’armée belge appelle « une success story », la situation actuelle du Kosovo, la « stabilité » acquise, permettant le retrait des troupes belges de la KFOR. Ainsi le démantèlement d’un pays, la destruction sous les bombardements Otan de l’économie de la Serbie, l’épuration ethnique des non Albanais et l’invention d’un nouveau pays appelé Kosovo, l’installation sur ce petit territoire de la plus grande base militaire US : voilà la success story ! et c’est le sort qui serait réservé à l’Afghanistan, comme à l’Irak, au Pakistan, ou au Yémen si l’Otan en avait les moyens.

C'est un autre genre de « success stories » que nous vous souhaitons pour 2010 !