Alerte Otan n° 92 - Juillet 2024
Éditorial :
Pour un front anti-guerres de l’OTAN !
« Democracy in Action » : Pour le Jour de l’Indépendance (ukrainienne), les commissaires non élus Sophie Wilmès et Thierry Breton font dérouler 30 mètres de drapeau ukrainien dans l’enceinte du Parlement européen devant une poignée éparse de gens, et déclarent fièrement que l’UE a déjà englouti 113,8 milliards pour soutenir la guerre. Ce qu’en pense la population européenne appauvrie n’est pas précisé.

Les partis pressentis pour gouverner la Belgique ces prochaines années sont parmi les plus ouvertement atlantistes et les plus favorables à la présence des bombes nucléaires sur notre sol1. Comme le proclame le programme de la NV-A: « Les objectifs de l'OTAN guident notre action, y compris en termes de choix stratégiques et de doctrines, de capacités et d'investissements ».

Il fait donc peu de doute que le nouveau gouvernement souscrira avec  enthousiasme  aux préparatifs d’escalade de guerre contre la Russie inscrits dans les résolutions du dernier sommet de l’OTAN. Comme nous le montrons dans l’analyse des résolutions publiée dans les pages suivantes, l’OTAN avance très clairement dans ces préparatifs.

« L’ennemi » principal à combattre et à détruire, c’est la Russie. C’est  l’ennemi « systémique » auquel le sommet de l’OTAN ajoute cette année la Chine et l’Iran. 

Les partis de droite se plieront probablement d’autant plus volontiers à l’exigence de l’OTAN de consacrer au minimum 2% du PIB au budget militaire, qu’eux s’embarrasseront encore moins des inévitables contrecoups sociaux

La Belgique sera ainsi engagée encore plus profondément dans des préparatifs de guerre, et une des tâches principales du futur gouvernement sera de nous faire avaler cette pilule. Tout cela s’est passé sans un débat parlementaire préalable sur les enjeux de ce sommet de l’OTAN et sur les positions que la Belgique devait y prendre.

Aucun des partis pressentis pour former le prochain gouvernement fédéral ne s’est prononcé sur les déclarations finales de ce sommet OTAN et n’a émis la moindre critique à son sujet. Mais c’est aussi le cas pour la majorité des partis de l’opposition parlementaire.

Nous entrons dans une période déclarée « d’économie de guerre ». Le seul budget qu’il est prévu d’augmenter, sera celui de la Défense, et ce ne seront probablement pas seulement les 2% du PIB qu’il faudra atteindre, mais bien plus, et bien plus vite qu’en 2030,  selon les déclarations de nos chefs militaires. Ceux-ci réclament également l’augmentation des effectifs de l’armée belge, un service militaire obligatoire, des relations beaucoup plus étroites avec les industriels et les universités.

Le mouvement pour la Paix devrait faire en sorte que leur « wishlist » ne soit pas atteinte. L’arrivée annoncée d’un gouvernement de droite pro-guerre est une grave préoccupation, mais cela peut aussi se transformer en une opportunité d’unir les mouvements sociaux et le mouvement contre la guerre.

Cela passera nécessairement par lever les tabous concernant la guerre en Ukraine. Les mouvements pour la paix devraient sortir de leur torpeur et reconnaître les mensonges et la propagande de guerre qui a sous-tendu le soutien inconditionnel « à l’Ukraine » - qui est en fait le soutien aux ambitions de l’OTAN, pour le malheur de l’Ukraine.

Et dès lors pourrait se construire un front qui s’opposera aux livraisons d’armes, ou à l’entraînement des militaires du régime ukrainien, qui refusera toute participation belge à l’encerclement de la Russie, et à la guerre que l’OTAN nous prépare.

1. Voir Alerte OTAN 91, « Les partis francophones belges, la guerre et la paix »