Alerte Otan n° 92 - Juillet 2024
La tête de pont roumaine

Le géographe et géopolitologue Yves Lacoste avait fait un choix heureux en intitulant, en 1970, son livre La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre (Petite coll. Maspero).

La Roumanie, il y a donc lieu de regarder carte d'état-major étalé sur la table. À la frontière nord, l'Ukraine, à l'ouest et au sud, la Hongrie, la Serbie et la Bulgarie, et puis à l'est, la Mer Noire: en face, la Crimée, à une enjambée d'Odessa, la ville fondée en 1794 par Catherine II de Russie, aujourd'hui ukrainienne et jouxtant le théâtre de guerre.

Les stratèges diront que cette côte est stratégique et l'endroit est de fait idéal pour installer - jargon maison - un "hub", nœud d'approvisionnement et tête de pont dans la guerre OTAN-Russie: c'est là, à Constanta, non loin de la capital Bucarest, que l'OTAN va déployer sa base militaire pour être à même d'y accueillir, sur 3.000 hectares, quelque 10.000 soldats ainsi qu'une deuxième piste de décollage pour avions de chasse - ce, évidemment, dans une intention des plus pacifiques.

Pour se faire un ordre d'idée: cette base deviendra la plus grande d'Europe, détrônant celle de Ramstein en Allemagne. Précision utile: dans le viseur, ce n'est pas l'Iran. (E.R.)