« Les pays investissent jusqu’à un quart de leur PIB dans les pensions, les systèmes de santé ou la sécurité sociale. Nous avons besoin d’une petite fraction de cet argent pour renforcer notre défense » a lancé Mark Rutte, le nouveau Secrétaire Général de l’OTAN aux députés européens.
L’Union européenne, de plus en plus confondue avec l’OTAN, soutient avec enthousiasme. Pour Kaja Kalla, nouvelle Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, « Nous avons dépensé des milliards pour nos écoles, nos services sociaux et nos soins de santé, mais si nous n'investissons pas davantage dans la défense, tout cela est menacé. Trump a raison de dire que nous ne dépensons pas assez, il est temps d'investir ! ». Le Commissaire "de la Défense et de l’espace" Andrius Kubilius, renchérit « La Lituanie a l'intention de consacrer entre 5 et 6 % de son PIB à la défense dans les années à venir. C'est le genre d'engagement dont nous avons besoin. »
Et notre nouveau gouvernement "Arizona" a reçu 5 sur 5 : Le programme contient d’un côté des coupes drastiques dans les dépenses sociales qui entraîneront inévitablement un glissement dans la pauvreté de toute une couche de la population, et de l’autre un accroissement vertigineux des dépenses pour la ‘défense’. Soit au minimum 16 milliards d’économie à prendre sur les pensions, les systèmes de santé, la sécurité sociale, mais 5,5 milliards de plus pour le militaire, qui doivent être ajoutés aux plus de 19 milliards d’investissements supplémentaires déjà entérinés par les gouvernements précédents.
Partout, en Belgique comme dans toute l’Europe la paupérisation se répand, et en corollaire inexorable, ainsi en va-t-il de la criminalité, de la consommation de drogue, des replis religieux et identitaires, des recherches de boucs émissaires racistes... : la réelle insécurité est là, et la cause première de cette paupérisation est directement le désinvestissement dans le social.
Mais l’OTAN et les dirigeants atlantistes font avaler ce détournement des richesses vers la militarisation comme un investissement pour notre sécurité. Car on est revenu à la propagande la plus grotesque d’il y a trois-quarts de siècle : « Les Russes vont nous envahir », comme la propagande affirmait il y a 75 ans « les Soviétiques vont nous envahir ».
« Si vous ne dépensez pas plus dès maintenant, sortez vos cours de russe ou déménagez en Nouvelle-Zélande ! » menace Rutte. « Poutine pourrait ne pas s'arrêter à l'Ukraine. Il veut revenir en arrière. Pas vingt ans. Mais quarante ans ou plus. [Revenir] à l'Union soviétique. A l'empire russe, même ! » alerte Kubilius1
Quel que soit le jugement que l’on porte sur l‘opération militaire russe en Ukraine, la cause en est aussi claire et simple que l’a exprimé le prédécesseur de Mark Rutte lui-même : « Poutine est entré en guerre pour empêcher davantage d’OTAN à ses frontières ». Pourquoi alors fantasmer ? Et est-ce à ce point incompréhensible que l’ennemi russe ne tienne pas spécialement à avoir des missiles et autres systèmes offensifs littéralement à ses portes ?
Aucune personne sérieuse ne croit réellement que la Russie va, ou même peut attaquer l’OTAN. « La Russie ne veut certainement pas d’un conflit militaire direct avec les forces de l’OTAN » écrivait du reste il y a quelques mois la communauté du renseignement étatsunien2. La « menace russe » est donc une grossière supercherie, qui nous coûte très cher.
Ne pas avoir dissout l’OTAN en 1991 lors de la disparition de son prétexte, le dit Pacte de Varsovie, nous a coûté cher. Le fait de pousser l’OTAN vers les frontières de « l’ennemi historique » nous a coûté très cher. La volonté obstinée, malgré toutes les mises en garde, de faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN, a coûté terriblement cher, en argent, en prospérité, en vie humaine, à toute l’humanité.
1. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/speech_25_313
2. https://www.dni.gov/files/ODNI/documents/assessments/ATA-2024-Unclassified-Report.pdf