Alerte Otan n° 95
Avril 2025
Éditorial :
La Belgique hors de l’OTAN : Utopie pacifiste ou nécessité vitale ?

L’OTAN a été créée en 1949 pour détruire son « ennemi systémique », l’Union Soviétique. En 1991, le Pacte de Varsovie a été dissous et en 1992, l’URSS a été démantelée. Mais, l’OTAN loin de se dissoudre, n’a fait que s’étendre. Et la Russie a pris « tout naturellement » la place de l’URSS dans le rôle d’ennemi systémique. De plus, le dernier sommet de l’OTAN a acté officiellement l’ajout de nouveaux ennemis : la Chine, l’Iran, la Corée du Nord.

Malgré les menaces tonitruantes de la nouvelle administration étatsunienne, malgré le spectacle des désaccords et conflits entre membres, malgré les velléités des dirigeants de l’Union Européenne de faire de l’Europe une grande puissance militaire supranationale, l’OTAN n’est pas pour autant en train de disparaître. Dans les faits, le psychodrame Trump n’a fait que justifier l’explosion des budgets militaires des membres de l’Alliance Atlantique, et Trump exige maintenant de ses membres 5% de leur PIB. Docilement suivi par Rutte, qui réclame « considérablement plus que 3% ». L’Alliance, et les Etats qui la composent étaient déjà surarmés depuis bien avant l’intervention militaire russe en Ukraine, et le prochain sommet de l’OTAN de juin 2025 va encore organiser une surenchère de la course aux armements et susciter de nouvelles guerres.

La Belgique fait partie de l’OTAN depuis sa fondation et nos gouvernements successifs se sont soumis à ses directives et ont participé à toutes les agressions de l’OTAN dans le monde. Sans aucun souci de la population belge qui a manifesté à de nombreuses reprises son refus de la guerre et de la course aux armements, de l’achat de bombardiers, du déploiement de missiles nucléaires et de la présence de bombes atomiques à Kleine Brogel.

Ce 8 avril, le premier ministre De Wever, le ministre de la Défense Théo Francken, celui des Affaires Etrangères Maxime Prévot, le chef des armées, Frederik Vansina, et les grands patrons de l’industrie militaire sont partis en Ukraine. Les patrons espèrent faire de juteuses affaires grâce à la guerre, alors que des millions de travailleurs de notre pays devront faire des sacrifices pour payer les dépenses militaires aux dépens de nos acquis sociaux.

Le gouvernement Arizona offre en dot à Zelensky 1 milliard d’euros soutirés des taxes sur les avoirs russes immobilisés en Belgique, avec comme contrepartie des contrats de production d'armes et munitions pour « nos » entreprises en Ukraine. Les va-t-en guerre entendent se remplir les poches grâce à l’économie de guerre. En d’autres termes, De Wever détourne 1 milliard d’euros de taxes, soit de l’argent public, pour favoriser des contrats de sociétés privées. Double jackpot pour celles-ci ? En s'accordant sur la production en Ukraine, mais sans recourir à du personnel détaché de Belgique, elles échapperaient à l'application du droit belge et de l’UE, aux obligations juridiques en matière de conditions de travail, de rémunération, de représentation des travailleurs au sein de leur entreprise...

Les mobilisations massives des travailleurs en Belgique pour défendre les droits sociaux expriment aussi le refus de payer pour les guerres de l’OTAN. Elles rejoignent les résistances dans les autres pays de l’Alliance. Que les luttes contre l’économie de guerre et la culture militariste s’internationalisent et s’unifient !

Sortir la Belgique de l’OTAN ! Cette revendication fondamentale devrait revenir d’urgence en tête de l’agenda du mouvement de la paix, des associations, des organisations politiques et syndicales progressistes de notre pays. La machine de guerre de l’OTAN poursuit une course de plus en plus folle qui nous entraîne vers une nouvelle guerre mondiale.