Pourquoi le Comité de Surveillance Otan ne signe pas la plate-forme de Europe pour la Paix et la Sécurité
5 février 2023

Le Comité de Surveillance Otan  n’a pas signé l’appel de « L'Europe pour la paix et la solidarité », tout en participant à la manifestation du 26 février prochain à Bruxelles.

Nous ne pouvons pas signer une plate-forme qui fait le silence total sur le rôle essentiel de l’Otan dans cette guerre  mais s’empresse de « condamner la Russie et d’exiger le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine », sans même citer le nom de ce puissant cobelligérant aux côtés du gouvernement ukrainien.

En février 2014,  le gouvernement ukrainien démocratiquement élu,  était renversé dans la violence. Ce qui nous a été présenté comme une révolution populaire était de fait une opération de changement de régime, ouvertement promue par les Etats-Unis et l’UE, et réalisée concrètement  par les milices d’extrême droite ukrainiennes : il s’agissait de faire à tout prix de l’Ukraine une entité hostile à la Russie,  contre l’avis de la majorité exprimée du peuple ukrainien, et de couper l’accès de la Russie à la Méditerranée dans le cas où l’Otan occupait la Crimée. « l’Ukraine est un avant-poste essentiel de nos intérêts militaires fondamentaux. » comme disait un  responsable US en 2014 : L’Otan se moque pas mal de l’Ukraine et des Ukrainiens, la cible est la Russie.

Depuis la fin de la Guerre froide, l’Otan préparait de fait activement cette guerre. En 2014 l’Otan a investi l’Ukraine, lui dispensant à rythme accéléré armements et formation. Les prétendus accords de paix - les Accords de Minsk - étaient de l’aveu même des ‘garants’ occidentaux, une simple manière de gagner du temps pour former l’Ukraine à la guerre atroce que nous voyons aujourd’hui. Depuis la dislocation de l’URSS,  l’Otan n’a cessé de s’étendre, passant de 16 à 30 membres, jusqu’à arriver aux frontières de l’ex-URSS, en englobant même des Etats issus de l’URSS. Entretemps l’Otan n’a cessé de mener des opérations « extérieures » agressives, de la Yougoslavie à la Libye, en passant par l’Irak et l’Afghanistan, remplaçant des gouvernements et amputant des territoires d’Etats souverains.

Depuis plus de 20 ans, les associations de paix et en particulier le Comité de Surveillance OTAN ne cessent d’alerter sur le fait que la politique d’extension de l’OTAN ne pouvait que mener à la guerre. Mais maintenant que ce qui avait été annoncé est arrivé,  il faudrait avant toute chose « condamner la Russie » ? Et surtout ne même pas évoquer l’OTAN ?

Le seul espoir de paix aurait été,  avant le déclenchement de cette guerre,  un accord de paix global, reconnaissant le fait que la sécurité en Europe était collective,  et ne pouvait pas être réalisée au détriment de l’un au profit de l’autre. Mais un tel accord de paix proposé par la Russie en 2021, a été rejeté avec mépris par les pays de l’OTAN, - et le mouvement de la paix européen est resté malheureusement silencieux à l’époque.

Il ne s’agit pas d’une guerre entre Russie et Ukraine.  Mais bien d’une guerre Otan-Russie. Celle-ci implique donc d’office la Belgique qui est membre de l’Alliance Atlantique. Notre gouvernement vient encore de décider la fourniture de nouvelles armes à l’armée ukrainienne, de « débloquer » 90 millions € pour passer commande à la FN de Herstal de matériel militaire nécessaire pour l’escalade de guerre en Ukraine. Ceux-ci s’ajoutent aux milliards d’aide militaire déjà livrés à l’Ukraine. En tant que membre de l’Otan, la Belgique est déjà en guerre contre la Russie, même si nous ne le voulons pas.