Georges Berghezan
13 septembre 2021
Un Anversois a été gravement blessé à la mâchoire par le tir d'un soldat étasunien à l'aéroport de Kaboul le 20 août dernier. C'est ce qu'a révélé quelques jours plus tard le quotidien flamand De Morgen, sur base du témoignage de son frère et d'images prises à l'hôpital.
Hotak Jahanshir, commerçant de nationalité belge établi à Anvers, était en visite auprès de sa famille en Afghanistan quand l'avancée des talibans a entraîné la débandade que l'on sait. Au premier jour de l'opération d'évacuation Red Kite de l'armée belge, il s'est donc rendu à l'aéroport de Kaboul, à la porte d'entrée nord, contrôlée alors par des soldats U.S, qui lui ont ordonné de s'asseoir devant les barbelés.
Un peu plus tard, un militaire belge a demandé s'il y avait des Belges dans la foule. Hotak s'est alors manifesté. Le soldat belge lui a demandé d'approcher de la porte, mais un autre militaire, parlant anglais et avec un drapeau étasunien sur son uniforme, lui a tiré dessus sans sommation, atteignant sa mâchoire et menaçant de le viser au front au prochain coup.
Hotak a d'abord été transféré dans un hôpital de Kaboul. Sa mâchoire aurait été perforée et cassée par une balle en caoutchouc ou en plastique. Bien qu'incapable de manger et parlant difficilement, il a ensuite poursuivi sa convalescence auprès de sa famille. Aux dernières nouvelles, il aurait été empêché d'accéder à l'aéroport par les talibans et serait bloqué à Kaboul avec sa femme et ses deux enfants. Le SPF Affaires étrangères dit avoir ouvert une enquête.
Au-delà des sinistres bavures dont se rendent coupables toutes les armées d'occupation, le plus choquant dans cette affaire est le traitement médiatique qui lui a été réservé. La plupart des organes de presse n'y ont, au mieux, consacré que quelques lignes (et souvent sous le titre « un Belge blessé à Kaboul », en ne mentionnant la nationalité du tireur qu'à la fin). Et, comble de l'histoire, dix jours après l'incident, le tir intentionnel d'un soldat U.S. devient un simple "refoulement", en tout cas pour l'agence Belga relayée par la RTBF ! Nos amis américains seraient incapables de faire du mal à une mouche, c'est le message qui semble ressortir de ce traficotage des faits dont les médias occidentaux mainstream deviennent si familiers, des médias néanmoins enthousiastes à dénoncer en boucle les « fake news » que colporteraient leurs homologues russes ou autres.