Roland Marounek
31 mars 2006
Tout le monde est très content.
Évidemment, chacun affiche une mine grave, et déclare invariablement, en réprimant parfois à grand peine un sourire de satisfaction, qu'il "regrette qu'il soit mort avant d'avoir été jugé", "il regrette au nom des victimes qui attendaient justice", etc, etc. Même discours obligé dans pratiquement tous les médias, eux qui nous avaient si bien persuadé de l'évidence des crimes de Milosevic… "La mort de Milosevic, une tragédie pour les victimes, une catastrophe pour le TPI"
La réalité, elle, avait été exprimée dès 2004 par James Gow, "expert en crimes de guerre" et supporter du TPI : « Ce serait mieux si Milosevic mourait en cellule, parce que si le procès suivait son cours il pourrait bien n'être condamné que pour des charges mineures ».
Après plus de 3 ans de procès, et malgré leur moyens disproportionnés, les procureurs de ce 'tribunal' n'étaient pas parvenus à fournir la moindre preuve matérielle de leur principales charges.
Génocide ? Malgré tout les efforts, on n'a pas réussi à inventer a posteriori un génocide au Kosovo. Rappelons qu'en 2000, le ministre allemand de la Défense, Rudolf Scharping, déclarait que « le plan Fer à cheval est entre les mains du Tribunal Pénal International sur la Yougoslavie à La Haye, » et qu’il « est l’une des preuves fondamentales de l’acte d’accusation contre Milosevic et sa clique ». Làs : Le plan 'Fer à Cheval' censé organiser l'épuration ethnique voire les massacres des Albanais du Kosovo, s'avère être un faux, et il n'y a définitivement eu ni génocide, ni même plan de génocide.
"Grande Serbie" ? Non seulement, l'accusation n'a pas réussi à prouver que Milosevic aurait poursuivi à travers les guerres des Balkans un dessein continu, pour créer la Grande Serbie, mais encore, dans un audience remarquable, le procureur Nice a été obligé de reconnaître que Milosevic ne s'est jamais servi du concept de "Grande Serbie" !
Lien avec les massacres de Bosnie, et en particulier de Srebrenica ? Un autre pan important des charges s'était effondré avec notamment l'audition du général Morillon ; celui-ci affirmait qu'au moment du 'génocide' de Srebrenica (en 1995) « Mladic agissait en solitaire et n’obéissait plus à personne ».
En bref, si le procès avait été mené à son terme, d'ici quelques mois, Milosevic n'aurait effectivement pu être condamné que pour des charges mineures.
Cela aurait représenté une sérieuse catastrophe, imposant de remettre en question toute la fable de l'ingérence humanitaire occidentale en Yougoslavie.
Les grands médias ne s'y trompent pas, et s'en sont donné à coeur joie depuis la mort du « Dictateur Milosevic , Boucher des Balkans, Organisateur de l'épuration ethnique dans le but de créer la Grande Serbie… » : ils ne pourront plus être gênés par un jugement qui était impossible.
Pour les médias, grand soulagement, l'accusé Milosevic a définitivement été condamné pour génocide, crime de guerre et crime contre l'humanité.