6 août 2006
La Colupa regroupe les branches provinciales luxembourgeoises d’une vingtaine d’ONG et de syndicats qui croient utile d’agir ensemble pour la paix. C’est en leur nom que je m’adresse à vous.
Nous ne pouvons évoquer la fin de la Deuxième guerre mondiale sans penser aux dizaines de milliers de frères humains qui ont perdu la vie en quelques secondes et à ceux qui ont péri à petit feu pendant des années qui ont suivi. Rarement, la dure réalité de la vie a montré avec autant d’évidence combien l’usage de moyens criminels nuit aux causes les plus justes.
Ce qui me frappe le plus, au souvenir de ces deux bombardements, c’est le poids de deux horribles choix de l’Administration états-unienne.
Le 6 août 1945, devant un Japon moribond, le président des Etats-Unis peut suivre la suggestion d’un groupe de physiciens de lancer la bombe en un endroit désertique pour que les Japonais puissent voir de quoi il s’agit. Ce n’est certes pas bon pour l’environnement, mais cela permet de renouer avec l’ancienne pratique de la paix négociée. Il préfère faire confiance en la force brutale. Il veut expérimenter sur une population l’effet de cette arme nouvelle et imposer le principe du droit du plus fort. Depuis 60 ans, cette pratique domine la scène internationale, tant dans les nombreuses interventions militaires que dans l’organisation désastreuse du commerce mondial. Les deux domaines se soutiennent d’ailleurs très bien et les armes, même les armes légères que nous fabriquons nous-mêmes jouent un rôle capital dans l’économie mondiale.
Le 9 août 1945, sans laisser le temps à l’ennemi de réagir, une deuxième bombe, tout aussi meurtrière, vient préciser au monde entier que le plus puissant des vainqueurs n’hésite pas à utiliser les armes de destruction massive. La terreur est choisie comme base des relations internationales. Les autres grandes puissances n’ont qu’une alternative : se placer dans le sillage des USA, pour le plus grand bien de leur industrie d’armements, ou s’opposer en se ruinant dans une course aux armements génératrice de peurs de plus en plus grandes.
Les nations occidentales prises au jeu de la terreur s’unissent dans l’Otan pour se protéger contre l’URSS. En réaction se crée le Pacte de Varsovie et le monde vit au rythme terrifiant de la guerre froide.
Le régime n’a pas changé : la force brutale et la peur restent maîtresses du jeu. Aujourd’hui, l’Otan évolue de plus en plus, elle devient l’instrument privilégié de la soumission à des agents que nous ne pouvons accepter. Les rumeurs alarmistes circulent : le terrorisme est dans toutes les informations, mais on tolère le terrorisme d’Etat. On parle de rapprochement Chine-Inde-Iran pour justifier une extension de l’Otan à Israel, au Japon, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande.
Si nos dirigeants ne sont pas en mesure de quitter l’Organisation, exigeons du moins qu’ils agissent en son sein pour s’opposer à ses dérives : refusons les dépôts d’armes nucléaires, refusons l’extension de l’Otan, refusons les missions destinées à renforcer l’injustice dans le monde.
Ne parlons pas de démocratie si nous n’acceptons pas au moins la responsabilité de proclamer nos opinions.