14 octobre 2006
D’une façon générale, le Comité Surveillance Otan condamne systématiquement la prolifération nucléaire et, en particulier, les essais nucléaires ou la simulation de ceux-ci, qui ont pour conséquence de continuer l’escalade de l’armement nucléaire. Mais ce fait ne doit pas conduire le mouvement anti-guerre, les organisations pacifistes, à se positionner en arbitres équidistants des forces en présence .
Il faut constater que nous sommes en pleine prolifération nucléaire et nombreux sont les pays qui, à l’instar de l’Inde et du Pakistan, pensent utile de se doter de l’arme nucléaire comme moyen de dissuasion vis-à-vis des Etats-Unis. Par ailleurs, on sait que les Etats-Unis n’ont toujours pas ratifié le CTBT (Comprehensive Test Ban Treaty), qu’ils continuent de faire des essais nucléaires subcritiques (essais avec des quantités insuffisantes pour déclencher une réaction en chaîne), que la France continue des simulations sur des ordinateurs très puissants et met au point de nouveaux missiles, et que la Grande-Bretagne renouvelle son arsenal nucléaire.
Dans ce contexte, la déclaration de l’Otan adoptée par les ambassadeurs des 26 pays membres à l’issue d’une réunion d’urgence le 8 octobre dernier, est tout simplement scandaleuse : « L’Otan condamne fermement l’essai nucléaire nord-coréen, estimant qu’il représente une grave menace pour les pays du Pacifique comme pour le monde entier… ».
L’Otan qui s’insurge contre cet « essai », ferait bien de balayer devant sa porte, vu qu’elle est en infraction avec le TNP qui interdit (art.I et II) à ses membres de partager des armes atomiques avec les Etats-Unis. Cette situation représente une réelle « grave menace pour le monde entier » car elle bloque complètement les négociations avec la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères a répété à maintes reprises qu’elle ne négocierait pas le désarmement des armes nucléaires tactiques tant que les Etats-Unis et l’Otan maintiennent des armes nucléaires sur le territoire européen (6 pays dont la Belgique). A cause de l’Otan, le territoire européen est une des régions les plus nucléarisées au plan militaire.
L’Alliance se propose en outre, au prochain sommet de Riga, de préparer l’intégration de la Corée du Sud (probablement bien fournie en armes atomiques par les Etats-Unis) et du Japon dans sa structure. Alors qui est « dangereux » ? La Corée du Nord peut, à juste titre, se sentir elle-même en danger. Rappelons par ailleurs qu’Israël est également proposée à une prochaine intégration et ce pays est le seul au Moyen Orient à posséder des armes nucléaires. C’est bien l’Otan qui met le monde dans une situation de plus en plus dangereuse !