Claudine Pôlet
30 juin 2007
Le CSO, membre de la CNAPD, a participé à la rencontre-débat organisée par la Coordination sur base du memorandum qu’elle avait élaboré pour les élections fédérales. Des représentants de différents partis répondaient aux questions posées : Fouad Lahssaini pour Ecolo, Denis Grimberghs pour le CDH, Simone Susskind pour le PS et Daniel Ducarme pour le MR. Un compte-rendu de ce débat peut être lu sur le site de la CNAPD.
Nous exprimons donc, dans notre bulletin, les impressions et réflexions du CSO face aux prises de position des différents partis présents à la conférence, et particulièrement celles qui concernent l’OTAN, la politique extérieure et de défense de la Belgique, la question du « bouclier anti-missiles ».
Tous ces responsables politiques considèrent au fond qu’il n’y a pas de gauche ni de droite en ce qui concerne la politique extérieure de notre pays. Ils parlent tous comme le fait Kouchner en France. Il y a « la Belgique » intégrée à l’OTAN pour l’éternité et qui doit mettre en valeur son « expertise militaire et diplomatique » pour bien mériter de ses maîtres. De la part du MR, on ne s’attend pas à autre chose. Mais ni le PS, ni Ecolo, ni le CDH, aucun des partis se disant progressistes ne remet en cause cette fonction sacrée.
En conclusion, c’est toujours la droite qui donne la ligne à suivre ! Daniel Ducarme se permettait donc de dire crûment et clairement que l’OTAN est plus nécessaire que jamais, car le monde n’est pas sécurisé et car… l’ennemi c’est la Russie. L’évolution de ce pays est considérée comme dangereuse pour le MR , donc pas question de désarmer, ni d’affaiblir l’OTAN. La suite est logique : oui au bouclier antimissiles avec implication de l’Otan, oui au maintien des bombes nucléaires à Kleine Brogel, ridicule la demande de supprimer les accords secrets concernant le transport des troupes US sur notre territoire, oui à des sanctions très strictes contre l’Iran, oui au droit d’ingérence, même sans aval de l’ONU.
Les représentants « progressistes » étaient plus nuancés et surtout… plus embarrassés car ils devaient reconnaître le déficit de la démocratie parlementaire, et le peu de cas que faisaient les gouvernements, inclus ceux à participation Ecolo et Socialiste, de leurs recommandations. Ils déploraient que les résolutions du Sénat et de la Chambre (notamment concernant le retrait des bombes de Kleine Brogel) restent lettre morte. Ils souhaitaient aussi que le Parlement puisse débattre et voter sur toute question concernant la politique extérieure ou un engagement militaire de la Belgique. Ils proposaient des réformes en profondeur de l’ONU, du TNP, de l’AIEA, de l’OTAN… pour démocratiser et rendre plus transparentes tous ces organismes internationaux.
Mais sur les questions précises concernant le bouclier anti-missiles, le droit d’ingérence de l’Otan, les sanctions unilatérales contre l’Iran, et les mesures à prendre pour restaurer ce rôle du parlement, pour infléchir la politique gouvernementale, ils finissaient tous par baisser les bras et dire que le rapport de forces n’est pas en faveur d’un quelconque changement.
En dernière instance, tous considéraient que l’opinion publique en Belgique, la fameuse « société civile » était responsable de cet état de choses car elle ne se mobilisait pas suffisamment pour faire pression sur les instances de décision.
Faut-il en conclure que le PS, Ecolo et le CDH vont faire de grandes campagnes d’information auprès de leurs électeurs et se mobiliser massivement contre le bouclier anti-missiles, pour le retrait effectif des bombes nucléaires de Kleine Brogel, pour un refus de toute participation belge à des aventures militaires de l’Otan en Afghanistan, en Iran ou ailleurs ?