10 février 2008
Le gouvernement belge vient de prendre une décision très grave. Avec l’envoi de plus d’une centaine de militaires supplémentaires et d’avions F-16 dans le sud afghan, où les combats font rage, la vérité de la guerre de l’Otan présentée comme une intervention humanitaire, éclate. Le nouveau ministre de la Défense, Pieter De Crem déclare ouvertement que la Belgique doit prendre ses responsabilités et s’engager directement dans les opérations de combat, comme seul moyen « d’assurer la paix ».
Ce glissement de la participation belge d’une mission de la paix vers une mission de combat n’a été débattu ni voté par le parlement. Seule une commission de la Défense en a reçu la communication. L’intervention belge en Afghanistan, qui est déjà contestable, change totalement de nature : la Belgique entre en guerre, sans débat. Au cours des négociations pour former un nouveau gouvernement, nos responsables politiques avaient annoncé que la Belgique serait un partenaire actif dans la cause de la paix en Europe et dans le monde : c’est le contraire qui se passe.
Jusqu’à quand pourra-t-on éluder le débat politique sur la raison d’être et la légitimité de cette invasion ?
« Guerre à la terreur » nous a-t-on dit, mais les attentats terroristes n’ont évidemment pas disparu avec les bombardements massifs de l’Afghanistan et de l’Irak. Combien de massacres faudra-t-il encore pour s’en apercevoir ?
« Intervention humanitaire » nous a-t-on prétendu, mais la population afghane croupit dans la misère sous la coupe des chefs de guerre et narco-trafiquants alliés au pouvoir.
« Liberté, éducation, libération de la femme dans la nouvelle République Islamique d’Afghanistan » ? Cela prêterait à rire si la situation n'était aussi tragique. Par exemple, il y a seulement quelques jours, un étudiant afghan a été condamné à mort pour avoir défendu les droits de la femme. Les USA se sont déclarés "troublés". Et c'est ça que nous allons défendre ?
Selon les chiffres officiels, forcément en-dessous de la réalité, les bombardements alliés ont tué en 2007 plus de civils que les attentats attribués aux talibans. Dans plusieurs cas, il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas de bavures, mais d’une stratégie délibérée visant à terroriser la population soupçonnée d’aide aux insurgés. Par l'envoi de chasseurs-bombardiers F-16, nos dirigeants entraînent la Belgique à être directement complice de crimes de guerre.
Ces avions pourraient aussi participer à l’extension de la guerre aux pays voisins, Iran et Pakistan. Il ne faut pas oublier les fonctions que ces F-16 sont capables de remplir : transport de bombes conventionnelles, d’armes radiologiques et d’armes atomiques comme celles qui sont stationnées à Kleine Brogel. Ceci est particulièrement inquiétant, au moment où l’OTAN, à la suite des Etats-Unis, banalise l’idée de recourir à la guerre préventive atomique contre des « ennemis terroristes ». (déclarations de G.W.Bush et manifeste des 5 ex-généraux de l’Otan).
Dans ces conditions, que peut signifier « une stratégie de sortie de l’Afghanistan » ? Pour le ministre De Crem, le « plan opérationnel » présenté par le gouvernement, tient lieu de stratégie de sortie. Pour nous, la stratégie de sortie ne consiste pas à s'enfoncer davantage dans le bourbier afghan. La seule stratégie de sortie possible, c'est de retirer les troupes belges d'Afghanistan sans conditions, et tout de suite.
Nous invitons le mouvement de la paix et toutes les associations progressistes à réclamer ce retrait immédiat et inconditionnel des troupes belges. Nous proposons aux organisateurs de la marche pour la paix du 16 mars de faire de ce slogan un des principaux mots d’ordre de la manifestation.