Roland Marounek
19 mars 2008
La Belgique dans l'illégalité internationale
La Belgique, en compagnie d'une bonne partie des pays de l'Union Européenne, a donc allégrement sauté par dessus la Charte des Nations Unies et le droit international, en reconnaissant l'indépendance unilatérale d'une province arrachée à un pays souverain par la force.
Le droit international garantit à tout Etat membre de l’Onu le respect de ses frontières et de son intégrité territoriale; le seul droit à l'autodétermination inscrit dans la charte des Nations unies est celui des peuples sous domination coloniale. La résolution 1244 du Conseil de l'ONU, au lendemain de l'agression de 1999, réaffirmait d'ailleurs la souveraineté de Belgrade sur le Kosovo.
Il est assez remarquable que même les parlementaires ayant participé à la commission de la Chambre n'aient pas contesté l'illégalité de la décision. "'Il ne sert à rien de se draper dans le droit international pour expliquer des évolutions, mais les faits priment sur le droit" déclare ainsi le représentant MR, après avoir fait le parallèle avec l'indépendance de la Belgique. Et notre ministre des Affaires Extérieures De Gucht de renchérir "De fait, la Belgique est devenue indépendante car les grandes puissances l'ont reconnue. C'est là le véritable critère !"1. Au bac, la création en 1945 de l'ONU et du droit international, le modèle c'est le 19e siècle.
«Le Kosovo est un cas exceptionnel»
Maintenant que le droit est ainsi balayé, quel argument rationnel opposer à de pareils dépeçages suivant des lignes ethniques et/ou linguistiques? En Europe et ailleurs, il y a du boulot…
Quel est la différence entre le Pays Basque, ou la Corse, et le Kosovo après tout? La différence essentielle, c'est que le dernier cas les séparatistes ont été soutenus politiquement et militairement par les Etats-Unis et les pays de l'OTAN, et ce des années avant l'agression de la Yougoslavie de 1999.2
Les politiques et les médias pro indépendantistes tentent de justifier cette violation de la charte des Nations unies en répétant que le Kosovo est un 'cas exceptionnel'. Est-il à ce point exceptionnel qu'une grande puissance soutienne des séparatistes dans le pays qu'ils veulent détruire? Comme les Allemands des Sudètes en 1938 pour ne prendre qu'un exemple…. Le droit international est à nouveau substitué par le droit du plus fort. Beau retour en arrière dont notre gouvernement se rend complice.
La mort très bienvenue de Milosevic
L'argument fondamental qui revient de manière répétitive pour faire avaler ce mépris du droit c'est l'affirmation que la faute revient à Milosevic "qui a organisé massacres et nettoyage ethnique contre les Albanais". Ainsi le Monde : "L'indépendance du Kosovo ....constitue une dérogation, rendue inéluctable par la politique de nettoyage ethnique de Milosevic"; Libération : "Depuis les massacres et nettoyages ethniques perpétrés par Milosevic et l’engagement de l’OTAN qui les a finalement stoppés, la Serbie a dû abandonner toute souveraineté sur cette région"; The Independant (sic) "La Serbie a perdu le Kosovo à travers ses propres actions dans les atrocités et le nettoyage ethnique des années 90" etc, etc.
Décidément une grande chance que Milosevic soit mort à temps ! Car quelque soit le biais de la Cour du TPI, un jugement aurait bien eu du mal à inventer un génocide qui n'a jamais eu lieu, et un plan de nettoyage ethnique qui s'est avéré ne pas exister3. Il est très frappant que sans l'insistance répétitive sur les atrocités serbes contre les Albanophones, tout l'échafaudage médiatique pour "justifier" l'indépendance kosovare s'effondre complètement.
L'habillage humanitaire des forfaits n'est bien entendu pas une chose nouvelle. "Monsieur Benès a décidé de réduire par la terreur d'honnêtes citoyens allemands et ils les contraint par la violence à la fuite vers la patrie allemande. Nous constatons des chiffres horrifiants ; en un jour, dix mille fugitifs, le lendemain, vingt mille, le surlendemain, déjà trente sept mille, deux jours après, quarante et un mille, puis soixante-dix mille, et puis on vient à quatre-vingt dix mille, cent sept mille, cent trente sept mille, et aujourd'hui, deux cent quatorze mille. Des régions entières sont dépeuplées, des villages sont brûlés, on cherche à enfumer les Allemands avec des grenades et du gaz." Adolf Hitler, 26 sept 1938, quelques jours avant l'annexion de la Bohème et le démembrement de la Tchécoslovaquie.
1. http://www.lachambre.be/doc/CCRI/pdf/52/ic111.pdf