Claudine Pôlet
30 septembre 2008
Un partenariat très particulier est instauré entre l'Otan et la Géorgie depuis 2004: il s'appelle "plan d'action individuel pour le partenariat" (IPAP). Des partenariats semblables existent entre l'Otan et plusieurs ex-républiques soviétiques (Azerbaidjan, Arménie, Kazakhstan, Moldavie), ainsi que plusieurs pays issus de l'ex-Yougoslavie (Bosnie, Herzégovine, Montenegro).
Dans le cas de la Géorgie, l’IPAP est devenu un moyen commode de contourner les réticences de certains pays membres de l’Alliance vis-à-vis de l’adhésion de ce pays à l’Otan. Puisque ces décisions au sommet de l’Otan se prennent encore au consensus, il est plus difficile aux Etats-Unis et aux pays européens « partisans » de la Géorgie, d’obtenir cette adhésion.
Le Sommet de Bucarest d’avril dernier a certes déclaré formellement que la Géorgie, tout comme l’Ukraine, devaient devenir membres de l’Otan. En décembre, une réunion des ministres de la Défense et des affaires extérieures de l’Alliance devrait décider de commencer ou non le processus formel d’adhésion.
La guerre lancée en août dernier contre l’Ossétie du Sud par le gouvernement de Saakashvili et ses alliés dans l’Otan, visait entre autres à accélérer ce processus d’adhésion, à provoquer la Russie et démontrer aux pays hésitants que « l’ennemi russe » est toujours là, et qu’il faut plus que jamais l’encercler et l’isoler. Si d’une part, cette aventurisme géorgien a encore augmenté les divergences et les réticences au sein de l’Otan, de l’autre il a aussi servi à renforcer les liens de la Géorgie avec l’Otan, sans attendre de passer « l’examen » de l’adhésion officielle et le risque de le rater. C’est à cela que sert le Partenariat individuel.
Dès le début de la guerre d’août, l’Otan a soutenu la Géorgie et condamné la Russie. En septembre, Joop de Scheffer s’est rendu à Tbilissi avec un important staff pour réaffirmer ce soutien et l’aider à se « reconstruire ». Saakhashvili avait annoncé des destructions massives par l’armée russe, de ports, de bâtiments civils, des déportations ethniques etc.. Aucun communiqué officiel de l’Otan ne fait un bilan de ce qui aurait été détruit. Mais « l’aide otanienne » semble déjà très conséquente. Au travers de l’IPAP, l’Otan intervient dans « des questions politiques et de sécurité, des questions de défense, de sécurité et militaires, information publique, science et environnement, plans civils d’urgence, questions administratives, questions de sécurité, de protection et de ressources ». (selon les textes officiels de l'Otan). Le champ de l’aide de l’Otan est donc aussi vaste que sa discrétion sur les montants et le contenu de cette aide.
Les parlementaires belges, Josy Dubié et Christine Defraigne, se sont rendu par contre, à titre personnel, sur le terrain de la guerre déclenchée par la Géorgie, à Tskhinvalli et ont constaté les vrais dégâts et les dommages mortels causés à la population civile. Ils en ont conclu que Saakhashvili a commis des crimes de guerre et doit être mis en jugement par un tribunal international pour ces crimes. Ils réclament fermement que la Belgique oppose son droit de veto à toute demande d’adhésion de la Géorgie à l’Otan. Nous saluons ici leur courageuse démarche. Il faut soutenir cette exigence ! En même temps, il faut être vigilants sur tous les moyens indirects qui permettent à l’Otan de s’installer en Géorgie sans attendre une adhésion formelle.