1 avril 2009
Pourquoi cette question est-elle d'une importance capitale dans le débat sur l'Otan
«Comme l'a déclaré à la veille du Sommet de Riga le sénateur Richard Lugar, président de la Commission sénatoriale des Affaires étrangères américaine, 'au cours des décennies à venir, la pénurie d'énergie et les manipulations de matières énergétiques constitueront la source la plus probable de conflit armé en Europe et dans les régions voisines'. L'on peut dire sans trop s'avancer que les membres de l'OTAN se retrouveront de plus en plus impliqués dans des missions directement ou indirectement associées à la sécurité énergétique. Si celle-ci constitue bien un 'sujet pertinent pour l'OTAN', comme l'a récemment déclaré le Secrétaire général Jaap de Hoop Scheffer, il est temps pour l'Alliance de passer de la rhétorique à l'action en recourant d'abord et avant tout à ses outils les plus importants : ses capacités navales, terrestres et de renseignement.» (Gal Luft)
L'Otan, cette Alliance militaire qui s'auto-proclame Alliance des démocratie, des Pays de la Liberté, et tout ce genre de choses, a été crée en 1949 entre puissances coloniales principalement (Grande-Bretagne, France, Portugal, Hollande, Belgique), - et bien sûr les USA qui ont une conception particulière de l'indépendance des autres nations, en Amérique du Sud notamment.
Et il est intéressant de noter que le discours n'a fondamentalement pas changé : il s'agit aujourd'hui comme alors, de défendre la liberté, nos valeurs démocratiques, etc.
Avec le recul, ce discours à la fin de années 40 frappe par son hypocrisie: les grandes puissances coloniales avaient vraiment quelles leçons de liberté et de démocratie à donner au reste du monde qu'elles étaient en train de ravager ?
Et dans les décennies suivantes, ce n'est pas vraiment mieux, les pays de l'Otan ont consciencieusement soutenu ce qu'il y a eu de pire comme dictature à travers le monde, les installant au besoin (Guatemala 1954, Iran du Shah, Congo de Mobutu, Chili de Pinochet...on en passe!)
La réponse usuelle à cela, c'est que ça c'était 'avant', c'était 'la guerre froide', maintenant depuis 90, c'est complètement différent, notre sollicitude, nos préoccupations et nos convictions, c'est du sérieux.
L'hypocrisie est identique, car le problème de base est identique, que ce soit aujourd'hui ou dans la fin des années 40; il se pose peut-être même dans des termes plus aigu aujourd'hui qu'alors : Comment faire pour réserver l'accès réel aux ressources de la planète à une poignée de super-riches? Comment assujettir suffisamment les dits pays pauvres, au moyen de la douceur du libéralisme mondialisé, du mécanisme de la dette, ou au besoin, de la pure menace militaire, pour que l'essentiel de leurs richesses naturelles continue à être drainée vers les pays occidentaux (pays de l'Otan et associés), et au bénéfice de leurs multinationales? Comment en particulier assurer que les ressources énergétiques soient sous contrôle occidental?
En terme brutal, dans le système économique mondial actuel, 'il n'y en a pas assez pour tout le monde', et le plus fort s'accapare de la part qu'il peut.
Gal Luft, directeur de l'IAGS, think tank qui collabore régulièrement avec l'Otan, l'exprime en terme à peine plus édulcoré : « Limiter l'implication de l'OTAN dans le débat sur la sécurité énergétique en faisant valoir (...) qu'elle est susceptible d'alimenter la perception erronée que l'Occident désire exploiter les ressources des fournisseurs revient à ignorer la réalité qui veut que ce sont précisément ces fournisseurs qui (...) légitiment de plus en plus le recours à l'énergie comme arme politique. Nous devons affronter cette réalité, plutôt qu'adopter une attitude passive, alors que notre mode de vie gourmand en énergie est menacé. »
« L'OTAN, en tant qu'institution militaire, est la seule instance multinationale capable de durcir le ton face au défi de la sécurité énergétique. Une telle attitude est nécessaire, car (..) les fournisseurs d'énergie demeurent imperturbables face à une rhétorique hésitante [le droit international, par ex.?]. Si nous voulons dissuader les interruptions d'approvisionnement et l'intimidation, le moment est venu d'adopter une attitude plus musclée. (...) Considérer l'énergie comme une question purement économique appartient au passé. La réalité à laquelle nous sommes désormais confrontés nous oblige à adopter une nouvelle série d'outils et la force militaire doit certainement en faire partie. ». (www.nato.int/docu/review/2007/issue1/french/debate.html)
Autrement dit : la loi du plus fort est, tout compte fait, toujours la meilleure.
La question de l'approvisionnement est donc sans doute la question la plus importante de toutes, car c'est elle qui permet de comprendre les mouvements et décisions de l'Otan, hier et aujourd'hui.
Comment l’Otan présente son rôle dans cette question
Depuis 1999 et l’élaboration de son Nouveau Concept Stratégique, l’Otan met en avant une nouvelle « menace » qui pèserait sur l’Alliance : les risques d’interruption ou de crise dans le flux des ressources vitales.
« Comme indiqué dans le Concept stratégique de l’OTAN, les intérêts de sécurité de l’Alliance peuvent aussi être mis en cause par la rupture des approvisionnements en ressources vitales. Nous préconisons un effort international coordonné afin d’évaluer les risques qui pèsent sur les infrastructures énergétiques et de promouvoir la sécurité de ces infrastructures. C’est pourquoi nous chargeons le Conseil en session permanente de procéder à des consultations sur les risques les plus immédiats en matière de sécurité énergétique, afin de définir les domaines dans lesquels l'OTAN pourrait apporter une valeur ajoutée s’agissant de préserver les intérêts des Alliés en matière de sécurité et, sur demande, de contribuer aux efforts nationaux et internationaux ».
(Déclaration du Sommet de Riga, novembre 2006)
« Nous avons pris note du rapport intitulé « Rôle de l'OTAN en matière de sécurité énergétique », qui a été élaboré suite au mandat donné au sommet de Riga. Les Alliés ont établi les principes qui régiront l'approche de l'OTAN dans ce domaine, et ils ont exposé des options et formulé des recommandations pour la poursuite des activités. Sur la base de ces principes, l’OTAN travaillera dans les domaines suivants : fusion et partage des informations et du renseignement, projection de la stabilité, promotion de la coopération internationale et régionale, soutien à la gestion des conséquences, et soutien à la protection des infrastructures énergétiques essentielles. L’Alliance continuera de mener des consultations sur les risques les plus immédiats en matière de sécurité énergétique. Nous veillerons à ce que les actions de l’OTAN apportent une valeur ajoutée et à ce qu'elles s’intègrent, en pleine coordination avec elles, dans celles de la communauté internationale, qui compte un certain nombre d’organisations spécialisées dans la sécurité énergétique. Nous avons chargé le Conseil en session permanente d'élaborer un rapport de synthèse sur les progrès accomplis dans le domaine de la sécurité énergétique, que nous examinerons au sommet de 2009 » (Déclaration du Sommet de Bucarest, 2008)
La sécurité des pays membres de l’Otan implique donc un volet nouveau : la sécurité de l’approvisionnement énergétique et, plus généralement, des flux de ressources vitales. Cela conduit à élaborer des missions nouvelles, une organisation conséquente de ses moyens militaires et un cadre politique que sont les partenariats tous azimuths.
Dans ses documents officiels, l’Otan présente son « rôle dans la sécurité énergétique » en donnant l’exemple de l’Opération Active Endeavour (missions en Mer Méditerranée) :
« Dans le cadre de l’opération Active Endeavour, les forces maritimes de l’OTAN assurent la sécurité des principales routes d’acheminement des produits énergétiques. Les Alliés coopèrent également avec les pays partenaires et les experts appropriés dans le cadre du programme de Partenariat pour la paix, du programme pour la science au service de la paix et de la sécurité, et d’autres accords.
Depuis octobre 2001, des navires de l’OTAN effectuent des missions de patrouille en Méditerranée orientale où ils surveillent la navigation afin de détecter et de décourager les activités terroristes. Cette opération s’inscrit dans le cadre du dispositif mis en place en réponse aux attentats terroristes du 11 septembre. Depuis lors, l’opération a été étendue, elle couvre désormais l’ensemble de la Méditerranée jusqu’au détroit de Gibraltar ; elle escorte les navires non militaires et arraisonne les navires suspects.
En plus de ces tâches, les navires de l’OTAN procèdent, de manière systématique, à des reconnaissances préparatoires des routes maritimes dans les goulets d’étranglement (formés par les voies navigables étroites et les détroits) ainsi que dans les passages et les ports importants de l’ensemble du bassin de la Méditerranée. Il est essentiel, pour la sécurité de l’OTAN, de maintenir ouvertes et sûres les routes commerciales très fréquentées de la Méditerranée. Rien qu’en termes d’énergie, quelque 65 pour cent du pétrole et du gaz naturel consommés en Europe occidentale transitent chaque année par la Méditerranée, et d’importants pipelines relient la Libye à l’Italie et le Maroc à l’Espagne.
La Division Diplomatie publique de l’OTAN a assuré le soutien du séminaire de recherche avancée organisé à Londres en 2004 et consacré aux menaces qui pèsent sur la sécurité énergétique. Ce séminaire, qui rassemblait de nombreux décideurs et conseillers, avait pour objet d’évaluer les menaces liées à la sécurité énergétique et d’examiner les stratégies de sécurité qui pourraient être mises en oeuvre à l’échelle internationale pour faire face à ces menaces.
Le forum organisé à Prague en 2006 a reçu le soutien du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité, qui propose des subventions afin d’encourager la collaboration entre les scientifiques des pays de l’OTAN, des pays partenaires et des pays du Dialogue méditerranéen. Ce forum a permis aux participants (représentant les gouvernements, les industries et le secteur de la sécurité et de la défense) de débattre tout un ensemble de questions très importantes ayant trait à la sécurité énergétique et aux rôles éventuels que pourrait assumer l’Alliance.
Dans le cadre de l’ancien Comité sur les défis de la société moderne (aujourd’hui rebaptisé Comité pour la science au service de la paix et de la sécurité), une étude pilote a examiné la sûreté et la sécurité de certains moyens maritimes et goulets d’étranglement stratégiques, en cas d’attaques terroristes éventuelles. Cette étude a formulé des recommandations pratiques destinées à prévenir ce type d'attaque et à y répondre efficacement.
Les activités en coopération menées avec les Partenaires touchant parfois aux mêmes aspects de la sécurité, elles ont souvent des incidences sur les questions de sécurité énergétique. Les activités organisées au titre du Partenariat pour la paix et du programme pour la science au service de la paix et de la sécurité sont les principaux cadres de coopération, même s’il existe aussi des arrangements bilatéraux. Des domaines comme la réforme de la défense, la protection des infrastructures essentielles, la coopération dans la lutte contre le terrorisme et la protection de l’environnement ont peut-être tous des incidences sur la sécurité des ressources »
(Les Dossiers de l’OTAN, www.nato.int/issues/energy_security/practice-f.html)
La question de la sécurité énergétique, et plus généralement de l’approvisionnement en ressources vitales fait désormais partie des fonctions que l’OTAN s’attribue. Ce domaine est bien vaste, il inclut non seulement le pétrole, le gaz, le charbon ou l’énergie nucléaire, mais encore les minerais stratégiques, et bientôt ce sera aussi l’eau et les aliments.
La confusion se fait entre sécurité des populations et sécurité des intérêts économiques des Etats membres de l’Otan. Et parmi les pays membres, ce sont les intérêts économiques des plus puissants, Etats-Unis et Union Européenne qui vont déterminer. Ces intérêts conomiques sont ceux de puissances soit ex-colonialistes, soit impérialistes. Ils visent donc le monde entier.
On verra ainsi pourquoi et comment l’Otan, bras armé de la défense de ces puissants intérêts, étend ses tentacules de l’Arctique à la Mer Rouge, de l’Afrique à l’Amérique Latine et l’Asie.
On verra aussi pourquoi et comment l’Otan mène des guerres pour tenter d’empêcher les autres pays du monde (c’est à dire 198 moins 28) et en particulier, la Russie, la Chine et les autres pays de l’ex-camp socialiste, de développer leur propre sécurité énergétique et générale.
On verra ce que cette « mission » mondiale implique comme moyens militaires à mettre en œuvre. Car il s’agit pour l’Otan de garantir cette sécurité énergétique en intervenant à toutes les étapes : garder la main mise sur la production et les pays producteurs, empêcher que les ressources dites vitales ne passent sous contrôle de gouvernements indépendants, et contrôler les voies de transport (oléoducs, gazoducs et navires).
La conclusion s’impose : les mouvements pacifistes et progressistes d’Europe, des Etats-Unis doivent lutter pour la dissolution de l’Otan en même temps que pour un système économique répondant aux besoins des populations et non à la soif de profits et de pouvoir de quelques multinationales.
En AFRIQUE, l’Otan envoie des navires de guerre pour la chasse aux pirates
La Mer Rouge et le Golfe d’Aden sont des voies de passage intensif pour le commerce en général, le transport du pétrole (25% du transit mondial passe par Djibouti) et des minerais stratégiques en particulier. Les actes de piraterie s’y multiplient aussi. L’Otan a résolu dès la fin 2008, l’envoi de navires de guerre pour combattre cette piraterie au large des côtes somaliennes. Cette mesure aurait été prise au départ, pour répondre à une demande des Nations Unies afin de protéger des bateaux du PAM chargés de vivre pour les Somaliens dans le besoin. Depuis lors, de nouveaux navires de l’Otan sont partis le long des côtes somaliennes pour lutter contre tous les actes de piraterie.
Mais il y a piraterie et piraterie… Ces navires de guerre ne sont pas chargés d’empêcher les déversements massifs des déchets nucléaires produits par les pays membres de l’Otan, ni le commerce des armes fabriquées par les mêmes pays, ni les pêches industrielles qui ruinent les populations locales. En fait, l’Otan est en train d’installer une police militaire navale dans une région par où passe une part très importante de l’approvisionnement énergétique occidental. Comme c’est déjà le cas en Méditerranée, avec l’Opération « Active Endeavour » et le Dialogue Méditerranéen, la pieuvre otanienne étend une nouvelle tentacule vers l’Est de l’Afrique.
L’Afrique devient de plus en plus un enjeu d’affrontements mondiaux et l’Alliance Atlantique est un instrument de cet afrontement global, d’autant plus que c’est l’enceinte dans laquelle les Alliés, qui sont aussi des concurrents entre eux sur le territoire africain, pourraient agir en commun face aux dangers majeurs que représentent la Chine par exemple, et les pays africains eux-mêmes, en lutte pour leur deuxième indépendance, pour leur émancipation économique. Les Etats-Unis ont rencontré une forte résistance de ces pays quand ils ont voulu installer leur commandement militaire intégré Africom sur le territoire africain. S’ils y ont renconcé provisoirement, c’est pour y arriver autrement : au travers de la pénétration de l’Otan en Afrique, et cela même au prix de concessions pour le partage des butins avec d’autres Alliés.
L’ARCTIQUE est une région d’intérêt stratégique pour l’Otan
Ce sont les paroles du secrétaire général Joop de Scheffer en janvier 2009. On comprendra bientôt pourquoi l’Alliance dite défensive de l’Europe s’intéresse si vivement au changement climatique : la fonte des glaces dans le Grand Nord va permettre à bref délai d’accéder à des ressources gigantesques de pétrole, de gaz et de charbon et d’autres minerais, qui sont actuellement très difficles ou impossibles à exploiter.
5 pays bordent l’Océan Arctique : la Russie + 4 membres de l’Otan - le Canada, les Etats-Unis, l’Islande, la Norvège -. Cette région devient donc elle aussi un enjeu dans les missions que l’Otan s’attribue pour garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique, ou dit plus clairement, pour mettre la main sur ces ressources stratégiques.
Donc l’Otan commence à déployer ses batteries : d’abord elle offre son savoir-faire dans des situations de désastres naturels, sauvetages en mer, interventions en cas d’accidents ; ensuite elle offre son savoir-faire juridique : l’Otan se dit respectueuse du droit international et des conventions de l’ONU sur les droits de la mer, mais elle invite les 4 pays membres de l’Otan à adopter une attitude commune versus la Russie. Enfin, elle s’inquiète du renforcement des capacités et des activités militaires de la Russie et met en avant sa propre capacité militaire et rappelle la solidarité et l’indivisibilité de l’Otan face à ce partenaire, devenu presque dangereux concurrent et, redevenu, sans doute, ex-futur ennemi.
AMERIQUE LATINE , autre région stratégique pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’Otan
En avril 2006, l’Otan a participé à d’importantes manœuvres navales dans les Caraïbes. Elle était appelée à la rescousse de la Flotte des Etats-Unis pour une manœuvre appelée « confraternité avec les Amériques ». Le but officiel de ces manœuvres était de resserrer les liens militaires et affiner les efforts de lutte contre le trafric de drogue et le terrorisme. Cependant, au même moment, le gouvernement hollandais, patrie de l’actuel secrétaire général de l’Otan, accusait le Venezuela de vouloir annexer une des îles proches de ses côtes et considérée comme « territoire national » par les Pays-Bas. Le terrorisme avait un nom : le gouvernement de Chavez. Depuis lors, la IVe Flotte US s’est déployée dans l’Atlantique Sud et fait des manœuvres, face au Brésil en particulier.
Des ressources pétrolières et gazières très importantes sont situées en Amérique Latine et de nouveaux gisements pétroliers sont découverts en mer. Outre le Vénézuéla, beaucoup des pays de ce continent sont passés aux mains de gouvernements qui rompent ou réduisent fortement leur dépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Ces Etats reprennent le contrôle sur leurs ressources minérales et énergétiques. Les 12 Etats d’Amérique du Sud ont récemment constitué « l’Union des Nations sud-américaines » (UNASUR). Leur union est économique, monétaire, politique, mais elle inclut également un aspect militaire, dont la défense militaire commune de leurs ressources face à une agression extérieure. Ils sont donc considérés comme dangereux, terroristes etc.. par les Etats-Unis et par l’Otan.
Jusqu’à présent, l’OTAN n’est présente en Amérique Latine qu’occasionnellement, au travers de ces manœuvres conjointes. Mais si la crise économique s’approfondit et l’accès des pays membres de l’Otan aux ressources énergétiques devient plus difficile et coûteux, on peut s’attendre au pire.
EN ASIE CENTRALE, la sécurité énergétique selon l’Otan, ne se garantit pas sans guerres
L’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Irak, les 5 ex-républiques soviétiques d’Asie centrale : ces pays sont importants aux yeux des grandes sociétés US et UE, soit pour l’exploitation de leurs ressources soit pour leur situation sur les voies de transport des produits énergétiques.
En Afghanistan, l’Otan n’a pas réussi, depuis qu’elle a pris le commandement de l’Isaf en 2003, à imposer un pouvoir d’Etat répondant à ses besoins. Entre autres au besoin de s’assurer la « tranquillité » du passage d’oléoducs, de gazoducs par le territoire afghan, qui permettrait de contrôler l’approvisionnement énergétique aux dépens de la Russie, de la Chine.
Les grandes manœuvres actuellement menées par l’Administration Obama et les dirigeants de l’UE, ne sont pas destinées à une stratégie de sortie d’Afghanistan, mais à tenter de garder la main mise militaire sur ce pays au prix de quelques concessions politiques intérieures et extérieures, soit avec les Taliban dits « modérés », soit avec le gouvernement pakistanais actuel, soit avec une partie du pouvoir iranien opposé à Ahmadinedjad. Loin d’un progressif retrait des forces militaires, l’Otan engage plus de troupes, plus d’avions, plus d’argent.
En Irak, l’Otan est très présente, ce sont des hauts officiers de l’Otan qui dirigent l’Académie militaire chargée de former les cadres de l’armée irakienne, par exemple. Les forces de sécurité irakiennes secondées par les militaires otaniens, les américains et les miciles privées, sont là pour protéger les oléodcus, la production pétrolière, et l’application de la Loi sur le Pétrole du gouvernement irakien qui a redistribué les concessions pétrolières aux multinationales.
Les ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale (Kazakhstan, Kirghizie, Ouzbekistan, Tadjikistan, Turkmenistan) sont aussi visées, tant par l’UE que par les Etats-Unis, en vue de diversifier leur approvisionnement énergétique et aussi de contrer la concurrence de la Russie ou de la Chine. L’Otan redoute beaucoup les regroupements dits régionaux, tels que l’Organisation de Coopération de Shangaï. (OCS). L’OCS comprend actuellement la Chine, le Russie, le Kazakhstan, le Kirghistan, le Tadjikistan, l’Ouzbekistan , et l’Iran en sera bientôt membre à part entière. Idem pour les accords entre les pays pétroliers autour de la Mer Caspienne.
GEORGIE : l’Otan en Géorgie sans attendre la Géorgie dans l’Otan
Le Kirghistan a récemment fermé une base militaire américaine installée sur son territoire (Manas). Par contre, ce pays renforce ses accords avec la Russie dans le cadre de l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective). Pour leur part, les Etats-Unis ont signé une « charte stratégique », qui envisage notamment l’installation d’une base militaire en Géorgie. L’Otan, n’ayant pas trouvé de consensus interne pour l’adhésion de la Géorgie à l’Alliance, n’est toutefois pas en reste. Au travers de son « partenariat individuel » (IPAP) avec la Géorgie, l’Otan est déjà bien installée dans ce pays et soutient de façon substantielle le gouvernement de Saakashvili. Le contrôle de la Géorgie est important pour contribuer à la sécurité énergétique des pays de l’Alliance, car il permettrait de leur amener le pétrole du Caucase sans devoir traverser la Russie.
Le contrôle de la chaîne du nucléaire, civil ou militaire, de l’extraction du minerai à la centrale. (à développer)