Roland Marounek
1 octobre 2010
Le cas de Sakineh Ashtiani cette iranienne qui aurait été condamnée à la lapidation1, et l'emballement émotionnel soudain et énorme qu’il a déclenché, évoque sinistrement les cas d’emballements identiques, des couveuses de Koweit-City à la mise en scène de Racak, en passant par les ongles arrachées des Afghanes. Dans chacun de ces cas, la vague d’émotion servait à ‘anesthésier’ l’opinion, à la préparer à accepter la guerre, ‘on ne peut quand même pas laisser faire ces horreurs’, et en particulier à désarmer l’opposition à la guerre des milieux dit progressistes, ‘de gauche’. Autrement dit, de façon tristement ironique, les ‘horreurs’, vraies ou inventées, sont brandies pour faire avaler aux bonnes consciences les réelles horreurs sans fin de la guerre.
Dans cette guerre médiatique, qui précède la guerre tout court, l’autre grand leitmotiv est bien sur le nucléaire. Le Secrétaire Général de l’Otan vient de déclarer lors d’un speech à l’adresse de la Russie, que l'Iran développe son potentiel nucléaire, et qu’il dispose déjà de missiles capables d’atteindre le territoire de l’OTAN. Pour l'Otan, plus besoin d'inspecteur de l'AIEA, pour elle pas de conditionnel ni de discussion : elle pose comme fait acquis la recherche active de l’arme atomique par l’Iran, et son intention de bombarder les pays de l'Otan. Une fois ceci posé, toute les options ‘défensives’ sont évidemment possibles.
L’Alliance Atlantique se positionne clairement comme partie prenante dans l’offensive annoncée. Une vidéo placée depuis quelques mois sur le site de l'Otan2 sous-entend l'option militaire, après que les sanctions aient prouvé leur inefficacité. Parmi les affirmations qui y sont assénées :
« Il sera difficile d'empêcher l’Iran de poursuivre sa quête de l'arme nucléaire. Nous avons déjà vu ce que se sont efforcés de faire cinq présidents –les deux Bush, Reagan, Clinton et Obama. »
« À court terme, vont-ils pouvoir, en recourant à des tactiques astucieuses, poursuivre impunément leurs activités d’enrichissement de l’uranium ? Oui. »
« Les sanctions ne sont pas un moyen direct d’arrêter un programme de fabrication de la bombe. Elles ne sont pas un bon moyen de convaincre Ahmadinejad de changer d’avis. »
Le ‘bon moyen’, pour l’Otan, c’est quoi donc ?
1. « La lapidation, qui était en vigueur sous le régime du Shah, et encore quelques années après son renversement, a été abolie par la Révolution islamique » www.voltairenet.org/article166999.html
2. www.nato.int/docu/review/2010/Nuclear_Proliferation/Iran_nuclear_chess/FR/index.htm