1 mars 2011
Les révoltes des populations embrasent tout le sud de la Méditerranée sur des milliers et des milliers de kilomètres, pour exiger la justice sociale, des droits démocratiques. Mais il s’y mêle aussi les révolutions de palais, les coups de force entre différents clans locaux, encouragés ou même fomentés par les Etats-Unis et certaines puissances européennes.
Mais les populations veulent aussi le partage des richesses de leurs pays et la souveraineté et l’indépendance politique contre leurs anciens et nouveaux colonisateurs. C’est cela qui fait le plus peur au sein de l’Alliance Atlantique et surtout parmi ses plus puissants membres, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne. Cette peur commune est encore plus grande que les disputes et les concurrences économiques entre eux.
L’Otan offre ses services militaires et n’attend plus qu’un mandat de l’ONU. Les navires de guerre américains dans la Méditerranée se rapprochent de la Libye et Hilary Clinton ordonne à Kadhaffi de dégager. On ne peut que s’inquiéter de cette exigence, qui n’avait pas du tout la même énergie en Egypte ou en Tunisie. Les dirigeants occidentaux clament leur indignation devant la répression en Libye, mais ils n’ont pas fini de mener ou de soutenir une guerre de conquête atroce en Irak qui se solde sans doute par un million de mort et 4 millions de réfugiés. Les discours main sur le coeur sur les valeurs et les droits de l'homme sont aujourd'hui comme hier le masque de la défense cynique des intérêts économiques concrets.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU vient de voter une série de sanctions contre la Libye et le « clan » Khadaffi, mais la résolution laisse aussi la porte ouverte à une intervention militaire. Ban Ki Moon a prévenu : « les mesures prises aujourd’hui sont sévères et, dans les jours à venir, si les choses ne changent pas, des mesures encore plus audacieuses pourront être prises ».
D’autre part, l'insistance avec laquelle le mot de "génocide" est relayé hors propos, quelle que soit la réalité ou l'ampleur de la répression et des combats inter-factions, en dit long sur la volonté de manipulation de l'opinion publique.
L'Otan serait "tout naturellement" en première ligne d'une telle intervention : La situation en Libye n’est-elle pas présentée comme un exemple de menaces auxquelles l’Otan est amenée à réagir : « grave crise humanitaire », « danger pour la sécurité d’approvisionnement énergétique », soit le contenu-type des menaces décrites dans le nouveau Concept Stratégique de l'Otan que la Belgique vient de cosigner au dernier Sommet de Lisbonne.
Ces interventions armées ne sont pas de nature à régler le moindre problème humanitaire, et ce n'est en aucune façon leur but réel. Le mouvement pour la Paix en Belgique doit en être conscient. La guerre de l’Otan contre la Yougoslavie n’a réglé aucun problème, a causé des milliers de morts supplémentaires, et a conduit à inventer un nouvel Etat, le Kosovo, immense base militaire américaine. La guerre en Afghanistan dans laquelle s'est graduellement enfoncée l'Otan a ajouté aux désastres, à la misère, aux morts et à des coûts incommensurables. La guerre et l’occupation de l’Irak continue avec la participation de l’Otan et il y a chaque mois plus de morts là-bas que dans tous les récents affrontements en Libye !
Il faut dire NON clairement et catégoriquement à toute intervention militaire de l’Otan, et dire NON à toute participation belge, qu’elle soit directement militaire ou sous la couverture humanitaire !