15 juillet 2011
Le 14 juillet, notre ministre des Relations Extérieures annonce que « la Belgique reconnaît le Conseil National de Transition libyen, comme représentant légitime du peuple libyen ». Les jours précédents, la réunion de la Commission des Relations Extérieures et celle de la Commission de la Défense n’avaient même pas abordé ce sujet. Les questions des députés à propos de la Libye ne portaient que sur les coûts de la participation belge à la guerre de l’Otan, et sur la possible livraison d’armes de fabrication belge au CNT par les Emirats Arabes Unis.
Au même moment, le représentant du Conseil National de Transition, était reçu « comme un chef d’Etat » par l’Union Européenne, par les autorités du Benelux et par l’OTAN. La déclaration de Rasmussen, secrétaire général de l’Otan, à l’issue de cette rencontre est particulièrement édifiante : « Nous nous sommes mis d’accord sur trois points : 1.les opérations menées par l’OTAN pour protéger les populations civiles doivent absolument se poursuivre ; 2. le régime du colonel Kadhafi a perdu toute légitimité. 3. Il doit y avoir une solution politique. Dirigée par les Libyens. Appuyée par la communauté internationale ».
C’est donc l’Otan qui prend les décisions de politique extérieure pour la Belgique, et même pas le Roi, ni les Ministres, et moins encore le parlement. La Belgique poursuit sa fuite en avant dans la guerre contre la Libye. Depuis le vote du parlement du 19 mars 2011, en quatre mois seulement, on est passé de la participation à « une intervention militaire pour protéger des civils », à la participation directe à un coup d’Etat international, contre le gouvernement d’un pays souverain. La « solution politique » mise en avant par l’Otan est de renverser le pouvoir actuel et de mettre à sa place ce Conseil National de Transition.
Le Conseil National de Transition, est installé à Benghazi, sans avoir été élu par la population libyenne et sans représenter aucun mouvement populaire, aucune force politique d’opposition intérieure. Il réunit des déserteurs du régime de Kadhafi, des exilés revenus en hâte des Etats-Unis, des monarchies du Golfe et d’autres lieux , des gens liés à Al Kaida. Il reçoit en abondance des armes de l’extérieur, il est financé par les pays coalisés autour de l’Otan et il « avance » sur le territoire libyen préalablement « nettoyé » par les milliers de bombes déversées par l’Otan et qui ont déjà provoqué un véritable désastre tant en pertes humaines qu’en destruction des biens et des constructions civiles nécessaires à la population libyenne. Le CNT a aussi à son actif bon nombre d’exactions, comme les nettoyages ethniques et les razzias dénoncées récemment par Human Rights Watch.
Ceux que nos ministres appellent « les représentants légitimes du peuple » ne sont qu’un groupe d’affairistes et d’aventuriers prêts à offrir les richesses du peuple libyen aux multinationales, et aux Etats coalisés autour de l’Otan, aux gouvernements d’Europe et des Etats-Unis qui rêvent de nouvelles entreprises coloniales. La réunion du « Groupe de Contact » vient d’ailleurs de décider qu’une partie des milliards de dollars appartenant à l’Etat libyen, qui étaient gelés dans les banques occidentales, seront dégelés au bénéfice du CNT, décrété pour la cause « représentant légitime du peuple libyen »
Notre gouvernement a déjà prolongé de trois mois sa participation à la guerre criminelle de l’Otan. Il reconnaît à présent le CNT de Benghazi comme représentant légitime du peuple libyen. Nous dénonçons ces coups de force ! Non à la reconnaissance du Conseil national de Transition Libyen ! Pour le retrait immédiat et inconditionnel de toutes forces militaires belges engagées en Libye !