Claudine Pôlet
27 décembre 2012
Notre gouvernement, nos parlementaires et nos médias multiplient les bilans idylliques , les commissions, les débats de presse pour s’efforcer de montrer que l’Otan met fin à la guerre en Afghanistan, que la page est bientôt tournée, qu’une nouvelle époque est en train de naître, dominée par la coopération, la reconstruction de l’Afghanistan.
Ce rideau de fumée voile à peine la brutale réalité : tout d’abord, des combats font rage tous les jours, des populations civiles sont tuées ou grièvement blessées tous les jours, des militaires des troupes d’occupation internationales sous étiquette Isaf meurent également, les conditions de vie (de survie) des gens sont extrêmement dures, des réfugiés afghans dans notre pays et chez nos voisins sont expulsés et renvoyés à Kaboul, puisqu’il n’y a soi-disant plus de danger, et sont menacés de mort, eux et leurs familles. Mais surtout, l’Otan met en place un énorme programme pour rester en Afghanistan, au moins jusqu’en 2024.
Il y a pour le moment, des mouvements de retrait de certaines troupes sous commandement Otan. A voir de plus près, sur les plus de 150.000 militaires étrangers actuellement sur le sol afghan, le retrait concernera moins de 100.000 soldats . Par exemple, La Belgique gardera sur place la moitié de ses soldats et tous ses F-16. Les 350 Belges qui ont quitté l’aéroport de Kaboul, sont déjà remplacés par des militaires d’autres pays de l’Otan ou coalisés avec l’Otan .
On ne fait que répéter que le retrait concerne « les opérations de combat ». Les forces militaires restantes serviraient à renforcer les cadres de l’armée et de la police afghanes, à assurer des missions de formation : ces forces de sécurité dites autochtones seraient au nombre de 200 à 300.000 après 2014. De l’aveu même des officiers Otan chargés de cet encadrement, chaque année, depuis 2003 (date où l’Otan a pris le commandement de la guerre) , la moitié des soldats afghans engagés désertaient dès qu’ils avaient eu leur solde et leur entraînement. En quoi consistera donc la mission de formation et d’encadrement de ces forces afghanes après 2014, si ce n’est soit de les réprimer très sévèrement, soit de faire des opérations dites anti-terroristes à leur place !
Aucun partenariat de l’Otan avec un quelconque gouvernement afghan (même après des élections) n’’est admissible ni même viable. Ce n’est vraiment pas l’heure de tourner la page, mais il faut, comme l’ont soutenu en permanence plusieurs associations du mouvement de paix, maintenir nos revendications:
Pour rappel, la Plate-forme contre la Guerre exigeait le retrait des troupes belges d’Afghanistan et le retour des 6 F-16, engagés dans des opérations de surveillance et qui participaient en réalité à des opérations de combat. Nous dénoncions aussi la confusion entre intervention militaire et le travail humainitaire et nous exigions l’indépendance totale des associations humanitaires et de coopération civile, par rapport aux actions militaires.
On dénonçait en outre le mensonge de la guerre dite humanitaire, d’une possible intervention humanitaire de l’armée belge et de la coalition militaire internationale dirigée par l’Otan, et l’hypocrisie qui consistait à se servir du « mandat » de l’ONU, de l’étiquette de l’ISAF (qui est une mission ONU reconduite tous les ans depuis 2001 par le Conseil de Sécurité) pour légitimer l’occupation de l’Afghanistan.