Patricia Villalon
16 octobre 2013
L'OTAN et la Colombie ouvrent la voie à une future coopération Le secrétaire général délégué de l'OTAN, M. l'ambassadeur Alexander Vershbow, et le ministre colombien de la Défense, M. Juan Carlos Pinzon Bueno, ont signé le mardi 25 juin 2013 un accord sur la sécurité des informations, qui permettra à l'OTAN et à la Colombie d'explorer des pistes de coopération et de consultation dans des domaines présentant un intérêt commun. « En tant qu'alliance de démocraties, l'OTAN se félicite que des pays qui partagent ses valeurs viennent à sa rencontre », a déclaré le secrétaire général délégué lors de son entretien avec M. Pinzon Bueno. |
Vive opposition en Amérique Latine
Comme toute personne sensée, le président du Venezuela a qualifié d'aberrante l'idée qu'une nation bolivarienne rejoigne l'Otan, il se demande « si un soldat latino-américain est censé défendre les intérêts des transnationales en acceptant la coopération avec l'Otan », organisation créée dans un but de guerre, et qui, ces dernières années, n'a pas hésité à envahir des zones riches en ressources naturelles ou stratégiques comme c'est le cas pour l’Afghanistan, l'Irak, la Libye. Au contraire, ce même soldat choisira la paix, l'indépendance et le progrès en faveur des peuples latino-américains, en rejetant toute possibilité de coopération avec des organismes de guerre qui ne cessent de mentir et qui actuellement collaborent avec les terroristes qui ont pris la Syrie d'assaut.
Les dernières nouvelles annoncent que les gouvernements du Venezuela, Bolivie, Équateur et Nicaragua ont rejeté énergiquement l'annonce faite par la Colombie de souscrire un accord de coopération avec l'Otan. Le président de Bolivie, Evo Morales déclare que le projet colombien « est une menace pour notre continent, une agression, une provocation, une conspiration contre les gouvernements anti-impérialistes », et le président du Nicaragua, Daniel Ortega, qualifie l'annonce d'un « coup de poignard dans le cœur des peuples de notre Amérique ».
D'autre part, le secrétaire général de UNASUR (Union de Nations sud-américaines), Ali Rodriguez, affirme que le Venezuela doit « rester en alerte » face aux récentes décisions et actions entreprises par le gouvernement de Colombie. Au cours d'un interview à Telesur, Ali Rodriguez a fait référence spécifiquement à la réunion du président de Colombie, Juan Manuel Santos, avec le leader de l'opposition vénézuélienne, Henrique Capriles, très lié aux Etats-Unis. « Le Venezuela doit être très en alerte devant ces faits qui semblent innocents mais qui doivent servir d'alarme à toute personne moyennement avertie », Rodriguez ajoute « l'Otan et la région suivent des voies différentes, la première va vers la violence, la seconde vers la paix ». Pour lui, l'annonce par la Colombie de sa volonté de coopérer avec l'Otan est « grave, puisque connaissant l'histoire de cette organisation on sait qu 'elle a été créée pour la guerre et a agi ainsi tout au long de son existence , l'Otan est un instrument de re-colonisation ».
Le président Maduro ainsi que le secrétaire d'UNASUR « recommandent aux unités de la Force Armée bolivarienne (FANB) de faire une profonde analyse quant à l'intérêt de l'Otan de s'approcher de l'Amérique latine » .
Le politologue et sociologue argentin Atilio Boron nous prévient aussi que « par sa décision Santos se met au service d'un funeste projet. Quand le président colombien déclare que sa vocation est de se projeter dans le monde entier, il montre sa disposition à se convertir en complice de Washington pour mobiliser ses forces très bien armées au-delà du territoire colombien et pour intervenir dans des pays que l'empire s'efforce de déstabiliser comme le Venezuela, l'Équateur, la Bolivie, le Nicaragua et Cuba qui ont l'audace de s'opposer aux desseins impériaux ». Selon Boron, « une nouvelle offensive impérialiste dans notre Amérique pourra seulement être repousse par la mobilisation massives des peuples et l'énergique réponse des gouvernements véritablement démocratiques de la région » .
L'argentin Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix, condamne également les démarches du président Santos pour intégrer la Colombie dans l'Otan. Il insiste sur le fait que « la présence militaires des Etats-Unis en Amérique Latine équivaut déjà à la présence de l'Otan, vu que le traité fondateur de Washington stipule que toutes les bases militaires appartenant à un Etat membre de l'Otan peuvent être utilisées dans le cadre des missions de cette dernière, même si elles n'affichent pas officiellement son sigle. Cela inclut également les Iles Malouines où se trouve une base militaire britannique ». Il ajoute que « Santos doit faire marche arrière dans cette initiative et l'UNASUR doit débattre sérieusement sur le rôle de nos armées et prendre une position ferme contre les armes nucléaires . »
Questions en Belgique
Les hauts dirigeants otaniens ont beau répéter que l'Otan est une alliance des démocraties et de défense des valeurs communes, comme ils viennent encore de le faire lors de leur récente rencontre avec le ministre colombien, la signature de cet accord de coopération, càd la première démarche vers un partenariat, est un acte à la fois anti-démocratique et contraire aux intérêts de la Belgique.
Anti-démocratique, car il n'a fait l'objet d'aucun débat public au parlement, ni même d'une consultation de la commission Affaires Etrangères-Défense et peut-être même d'aucune mise au courant du gouvernement belge sur la question.
Contraire aux intérêts de la population belge, car il provoque des situations d'antagonismes avec les autres pays d'Amérique Latine, avec lesquels des accords de ccopération économique, culturelle et sociale seraient bien plus profitables que la perspective de conflits qui se dessine déjà.