9 août 2015
Comme le proclamait avec un enthousiasme obscène l’ensemble de la presse occidentale, au lendemain du largage des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, nous sommes entrés en août 1945 dans l’ère atomique. Septante ans plus tard, nous y sommes toujours et nous avons vu s’accumuler les dommages irréversibles causés à l’humanité par une technologie incompatible avec le vivant.
La politique de dissuasion nucléaire, plus par chance que par effet de décisions rationnelles des Etats nucléarisés, n’a pas conduit à de nouveaux désastres humains de même ampleur qu’à Hiroshima et Nagasaki. Mais, elle a donné lieu à une quantité invraisemblable d’essais nucléaires qui ont conduit à une contamination radioactive lourde de conséquences pour des populations prises en otage et sacrifiées aussi bien aux Etats-Unis ( Nevada) qu’en Russie ( Nouvelle Zemble), au Kazakhstan ( Semipalatinsk) ou encore en Polynésie française et dans le Pacifique – Nord ( Iles Marshall).
Sans oublier que ce n’est qu’après le constat d’une contamination générale de l’hémisphère Nord consécutive aux essais atmosphériques des années 1950 et du début des années 60 (543 essais au total) que le traité interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère, l’espace et sous la mer fut signé le 5 août 1963.
Il ne faut pas minimiser, en outre, l’impact des accidents graves qui ont conduit à des dispersions d’éléments radioactifs ou de matières fissiles dans les mers ou au sol. Le secret – défense qui a généralement entouré ces événements dommageables a certes bien fonctionné mais au fil du temps, leur déclassification a permis de mesurer leur gravité : Accidents d’avions ayant conduit à des fuites d’armes nucléaires ou à une dispersion significative de radionucléides ; Accidents de sous-marins nucléaires russes ou américains.
Dans le domaine du nucléaire civil, les catastrophes, considérées jusque-là comme impossibles, qui ont eu lieu à Three Miles Island (Etats-Unis) en 1979, à Tchernobyl (Union Soviétique) en 1986 et à Fukushima (Japon) en 2011 ont dissipé définitivement le double mirage d’une maitrise totale et d’une énergie propre.
Face à des faits indiscutables, face à ce qu’il faut considérer comme un empoisonnement irrémédiable de la biosphère, rien ou presque n’a bougé dans les États-majors gouvernementaux et dans la logique en cours. Aucune des puissances détentrices de l’arme nucléaire et d’une industrie nucléaire civile n’a fait de pas significatif dans le sens d’un démantèlement de son arsenal nucléaire ou de réduction de sa production électronucléaire.
On constate au contraire une volonté de modernisation de l’arsenal nucléaire qui montre bien qu’aucun Etat ne se prépare à renoncer à l’arme nucléaire, malgré l’exigence qui leur est adressée par le Traité de non-prolifération.
Le Grappe partage l’opinion de plus en plus répandue dans les milieux pacifistes et les nations non nucléarisées qu’il faut mettre en place une nouvelle stratégie pour aller vers l’abolition de l’arme nucléaire.
La « promesse de l’Autriche » de s’engager à œuvrer pour combler le vide juridique pour l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires est une initiative prometteuse. A ce jour, 109 Etats ont adhéré à cet engagement parmi lesquels 4 Etats membres de l’Union européenne : outre l’Autriche, il s’agit de l’Irlande, de Malte et de Chypre.
A l’occasion du 70 ème anniversaire de la tragédie d’Hiroshima, la meilleure manière, selon nous, d’affirmer notre volonté de rompre avec la barbarie technologique et la menace de mort sur la planète entière est de soutenir concrètement l’initiative autrichienne et mettre enfin l’arme nucléaire sur le même plan que les autres armes proscrites que sont les armes chimiques et bactériologiques, les mines antipersonnelles et les armes à sous munitions.
Le Grappe entend bien contribuer à toute initiative visant à interpeller le gouvernement belge pour que notre pays adhère à la promesse autrichienne et concrétise cette adhésion par des décisions politiques en cohérence avec cet engagement.
A.M Francken et P. Lannoye , GRAPPE