9 août 2015
La majorité des personnes présentes à cette commémoration connaissent notre association médicale pour la prévention de la guerre nucléaire et dont l'acronyme est en Belgique est AMPGN et sur le plan international IPPNW. Fondée en 1980 par deux cardiologues en pleine guerre froide, elle a œuvré pour une réduction drastique de l'arsenal nucléaire qui avait à l'époque atteint des proportions démentielles.
Notre association qui a été couronnée par le prix Nobel de la paix en 1987 tient à sa spécificité médicale et c'est en cette qualité qu'elle est la mieux placée pour dénoncer les effets particulièrement néfastes sur la santé des gens qui ont survécu aux effets de l'explosion et de la chaleur.
Il faut rappeler que les Etats-Unis ont nié l'existence des effets mortels des radiations et des anomalies génétiques frappant la descendance des femmes enceintes pendant l'explosion. Toute publication sur ce sujet a été sciemment censurée pendant les années qui ont suivi l'explosion de crainte que la thèse du "mal nécessaire" ou de "la bombe pacificatrice permettant la survie des 500.000 à 1.000.000 de combattants américains" ne soit remise en question par l'opinion publique .
La mission de notre mouvement est l'information sous toutes ses formes et par toutes les voies médiatiques à notre disposition, des citoyens de notre planète, à propos du danger mortel qu'ils courent en restant passifs. Réveiller et stimuler les consciences afin de se prémunir d'un fléau que la médecine ne pourra guérir. C'est un principe de la médecine préventive.
Pour rappel, 90% des médecins et 97 % des infirmiers d'Hiroshima sont décédés et toutes les infrastructures hospitalières ont été détruites le jour de l'explosion.
Les preuves d'un impact humanitaire catastrophique ont été apportées récemment en dénonçant qu'une famine nucléaire sans précédent atteignant plus d'un milliard de personne se produirait à l'occasion d'un conflit nucléaire de moyenne importance. Ces preuves ont redynamisé la lutte pour l'abolition complète et mobilisent les gouvernements de nombreuses nations en vue de bannir l'arme nucléaire sur le plan légal.
Je citerai pour terminer une phrase du président Eisenhower dans son discours "Atom for peace" du 8 décembre 1953 aux Nations Unies à New York . Il exprimait le désir que:
"Ce n'est pas suffisant que cette arme soit retirée de mains de soldats. Il faut qu'elles soit mise dans les mains de ceux qui sauront comment éliminer leur enveloppe militaire afin de l'adapter à l'art de la paix".
La commémorions d'Hiroshima est un moment de réflexion tout aussi nécessaire que les moments d'action pour s'associer à la douleur des ceux qui ont souffert, de ceux qui souffrent encore et se promettre que nous ferons tout ce que nous pouvons pour ne plus revivre demain un pareil cauchemar.
Philippe de Salle, AMPGN