Mary Lynam
1 mars 2016
Samedi 27 Février 2016, 60,000 personnes se rassemblaient devant la Chambre des Communes, après un défilé qui arrêtait le trafic londonien.
Les médias du pays s'attendaient à un Jeremy Corbyn en costume-cravate partant en campagne contre le Brexit dans une belle auto. Au lieu de cela, il présidait cette grande démo contre le Trident (voir Note), où il déclarait : « La paix serait tellement possible, dans tellement d'endroits. Mais on ne fait pas la paix en planifiant la guerre, en s'emparant des ressources, et en ne respectant pas les droits humains des autres. »
En Grande Bretagne, l'opposition au Trident nucléaire ne provient plus de petits cercles. Elle attire à présent les foules, au grand regret de la presse bourgeoise qui rapportait dimanche 28 février que la « students' politics » de Jeremy Corbyn n'avait attiré que 10,000 personnes.
Le gouvernement conservateur de Cameron se divise sur l'Union Européenne, mais il est parfaitement uni pour faire payer au contribuable britannique les £168 milliards (env. 200 milliards d'Euros) de rénovation du Trident nucléaire (stationné à Faslane en Ecosse). Bien que le label ‘Trident' soit britannique, sa manufacture et la stratégie de son utilisation sont sous contrôle américain.
Dans cette manifestation, les dirigeants des mouvements pour la paix ont pris la parole, surtout pour montrer que cette arme n'est pas indépendante des USA, qu'elle n'est plus dissuasive, et qu'elle fait de l'Ecosse (et du pays entier) une cible potentielle. Ainsi parlaient CND, StopTheWar et autres. Les dirigeants des nationalistes écossais et du Pays de Galle, fort applaudis, ont parlé de l'arrogance de ceux qui, depuis Westminster, décident sans discussion de la politique militaire de leurs régions/nations. Sur le podium, se trouvaient aussi Caroline Lucas pour les Verts, des dirigeants syndicaux, et une série de sympathisants politiques comme Tarik Ali. Là, des artistes donnaient leurs opinions également, comme Vanessa Redgrave, certains groupes de rock et de chanteurs, comédiens et autres personnalités, comme Giles Frazer, le prêtre écrivain.
Le « Japan Council against the A and H bombs » prononçait un discours pour dire “jamais plus”. Des messages de solidarité ont été lus, venus de France, Suisse, Italie, Nouvelle Zélande et Etats-Unis. La foule a finalement ovationné Jeremy Corbyn, en criant son nom.
David Cameron et son gouvernement sont bien obligés de constater que l'opposition au Trident est en forte augmentation. Ceci n'est pas indépendant du progrès que font les mouvements de la paix – comme le CND par exemple – qui écrit sérieusement sur le thème de la conversion de la production militaire en production utile.
Cette manifestation a permis au mouvement ouvrier de tout le pays de surmonter une partie de ses divisions nationalistes en unissant la volonté anti-Trident de l'Ecosse avec celle qui monte depuis la base du Parti Travailliste nationalement (Pays de Galle inclus) et qui se reflète déjà beaucoup dans la volonté de Corbyn de rester fidèle à lui-même.
Le Royaume Uni a 4 sous-marins Vanguard armés de 16 missiles balistiques au total. Les têtes n'ont pas été testées depuis 2012. Jusqu'à présent, l'Otan a fait des exercices de simulation de guerre conventionnelle avec des milliers de soldats en situation de combat pour une invasion terrestre soutenue par avions et navires d'attaque. Les exercices nucléaires en sont restés à des scenarios sur écrans. Ceux-ci servaient aux discussions de stratégie, mais pas aux plans d'une guerre complète. Des simulations de guerre nucléaire amèneraient sans doute à discuter ce qui pourrait arriver au cas où des pays de l'Otan étaient balayés par leurs ennemis. Des missiles balistiques ennemis (ayant une portée d'environ 12,000 km ) pourraient arriver sur la Grande- Bretagne en quelques minutes. Des exercices nucléaires pourraient amener l'Otan à discuter comment riposter en utilisant toutes les forces des Alliés. (Source: Daily Mirror) |