CNAPD
2 juillet 2016
La Pologne se montre aujourd'hui comme le meilleur vassal de l'Otan, encore mieux que la Belgique. C'est la première fois qu'un sommet de l'Otan aura lieu aussi près des frontières de la Russie. Ce sera donc un symbole de la concentration des moyens militaires et politiques de l'Alliance pour augmenter la confrontation avec la Russie. Ainsi en quelques années, celle-ci sera passée du statut de partenaire de l'Otan dans le "partenariat pour la paix" qui avait suivi la dissolution du Pacte de Varsovie et le démembrement de l'Union Soviétique, à celui de principal adversaire si pas principal ennemi.
C'est contre ce soi-disant ennemi que l'Otan va battre le rappel. Le prochain Sommet va entériner une nouvelle escalade de guerre: accélération de la construction du bouclier anti-missiles, des Pays Baltes à la Roumanie, en passant par la Pologne; réaffirmation de la stratégie nucléaire de l'Otan incluant le droit de première frappe, modernisation et réorganisation pour répondre au label Otan, des armées et des matériels militaires de tous les pays membres de l'Otan, en particulier ceux frontaliers de la Russie; grandes manœuvres aériennes, navales et terrestres concentrées dans tous ces pays, intégration dans ces plans belliqueux de la Géorgie et de l'Ukraine (le président Porochenko est un invité du Sommet de Varsovie!) , nouvel élargissement de l'Otan au Montenegro malgré l'avis contraire de la majorité de sa population.
A ce Sommet il y aura également un invité central: l'Union Européenne, considérée comme un partenaire global de l'Alliance Atlantique et censée partager des "valeurs " et des intérêts économiques et politiques communs. Alors que l'UE est remise en question par de vastes secteurs des populations des pays membres, les dirigeants politiques de l'UE abandonnent toute recherche d'une politique de sécurité et de défense commune et se placent sous la protection de l'Otan.
D'autres chefs d'Etat de pays partenaires de l'Otan seront de la partie: tous ceux qui depuis le sommet de 2014, ont contribué aux "coalitions internationales de lutte contre le terrorisme", c'est-à-dire qui ont participé aux guerres contre l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie.
Un Contre-Sommet à Varsovie
Dans plusieurs pays d'Europe et aux Etats-Unis, l'opposition à l'OTAN grandit, des mouvements populaires, partis, associations de paix, mouvements sociaux s'organisent. Un Contre-Sommet se tiendra à Varsovie du 8 au 10 juillet, rassemblant une bonne partie de ceux-ci, avec l'appui d'organisations polonaises, à l'appel de plusieurs réseaux internationaux, dont "International Network NoToWar NoToNato" et le "World Peace Council".
Un memorandum de la CNAPD
La Cnapd, qui regroupe en Belgique plus de 40 associations luttant pour la paix et la démocratie a élaboré un memorandum adressé aux Députés membre de la Commission de la Défense nationale, au Premier Ministre, aux Ministres des Affaires étrangères et de la Défense, aux partis politiques belges, dont nous publions ci-après l'introduction.
Mémorandum de la CNAPD dans le cadre du prochain Sommet de l'OTAN Le prochain Sommet de l'OTAN aura lieu au mois de juillet 2016. A lire l'importance accordée à l'Alliance dans la Déclaration de politique générale du Gouvernement, il nous apparaît primordial de profiter de ce type d'échéance pour alimenter le débat qui doit s'organiser sur la manière dont l'OTAN évolue depuis la fin de la Guerre froide et comment notre pays organise sa politique extérieure et de sécurité autour d'elle. Nous nous permettons donc de vous1 faire parvenir cette analyse qui se propose de revenir sur les résultats du dernier Sommet et des dernières interventions militaires de l'OTAN et de les mettre en relation avec le « plan stratégique pour l'avenir de l'armée belge » et la politique extérieure et de sécurité de la Belgique. Cette analyse se concentre uniquement sur des textes officiels de l'OTAN et des communications du Gouvernement fédéral. Ceux-ci confirmeront la perte (et la recherche) d'identité et de légitimité de l'OTAN et l'alignement de plus en plus mimétique de la politique extérieure, de sécurité et de défense de la Belgique à celle de l'Alliance au détriment de la politique européenne de sécurité et de défense, et des Nations unies. Nous mettrons ainsi en évidence le fait que les menaces auxquelles l'Alliance entend faire face sont toujours plus éloignées de ce pour quoi l'OTAN a été créée et de sa base légale, l'article 51 de la Charte des Nations unies. En mobilisant une définition extensive de la Défense du territoire et de la « sécurité de la zone euro-atlantique », l'OTAN avance des motifs de plus en plus variés pour justifier, a priori , sa présence militaire mondiale. Nous estimons qu'en agissant de la sorte elle attise la conflictualité et renforce les menaces qu'elle prétend combattre. Nous verrons ensuite que les « menaces » auxquelles la Belgique entend faire face dans son nouveau « plan stratégique », et les moyens d'y répondre, sont exactement les mêmes que ceux présentés dans les textes de l'Alliance atlantique. Pour la CNAPD , cette recherche continue d'identité et de légitimité souligne une perte de puissance et une faiblesse grandissante de l'Alliance. Celles-ci sont confirmées par les échecs successifs et répétés des dernières interventions militaires qu'elle a menées. Si l'objectif de celles-ci, comme le souligne l'OTAN, est de travailler à la sécurité de la zone euro-atlantique2, il faut alors assumer le fait que notre sécurité s'est vue amoindrie. D'autre part, l'OTAN a manifestement des difficultés croissantes à masquer ses dissensions internes. Le consensus a de plus en plus de mal à être dégagé entre les 28 États membres (bientôt 29 avec l'arrivée du Monténégro3 qui va obtenir son statut de pays invité dès le prochain Sommet)4. Le mimétisme dont la Belgique fait preuve, légalement condamnable, est donc aussi stratégiquement questionnable. Le document intégral se trouve sur le site www.cnapd.be 1 Cette note est destinée aux Députés membre de la Commission de la Défense nationale, au Premier Ministre, aux Ministres des Affaires étrangères et de la Défense aux partis politiques ainsi qu'aux journalistes versés dans ces questions. Elle sera adaptée et mise en page afin d'être proposée à un public plus large. |