Claudine Pôlet
4 novembre 2017
Intervention au Colloque du P.C « 1917-2017 De la Révolution Russe aux Luttes Actuelles » pour le Comité Surveillance Otan à Liège, le 4 novembre 2017.
A la fin de la Ière Guerre Mondiale, les principales puissances occidentales ont créé le mythe des Bolchéviques avec le couteau entre les dents et fait la guerre contre la jeune Union Soviétique, de 1918 à 1924.
Pour les mêmes raisons, les puissances alliées occidentales à la fin de la IIe Guerre Mondiale ont créé l’Otan.
L’Alliance Atlantique s’est constituée en 1949. Son leit-motiv se résume dans les paroles que Paul Henri Spaak, son 2 e secrétaire général, avait prononcé aux Nations Unies dès 1946: Nous avons peur. Peur de l’Union Soviétique dite expansionniste et prête à attaquer et envahir l’Europe.
Mais en réalité, de quoi avaient-ils si peur? Ils avaient peur de l’influence communiste. Après la guerre, les populations d’Europe aspiraient à des changements économiques et sociaux profonds et des alliances de gauche ont pris le pouvoir dans quasi tous les pays frontaliers de l’URSS, les démocraties populaires n’étaient pas issues de coups d’état mais avaient un soutien massif des populations. L’Union Soviétique avait une influence très grande par tous les progrès que le peuple y avait réalisés et par le rôle essentiel du peuple soviétique et de l’Armée Rouge dans la victoire contre le nazsime . Une grande partie de l’Europe échappait au pouvoir des gouvernements alliés dominés par les USA.
C’est pour stopper cela que s’est constituée l’Otan: les dirigeants de l’Europe occidentale et des Etats-Unis avaient peur d’être délogés du pouvoir. Le système capitaliste avait peur de perdre sa main mise sur ses colonies, sur les ressources de matière première et énergétiques, sur les profits tirés de l’exploitation économique et l’oppression sociale. L’Otan, organisation essentiellement militaire, devait être son bras armé contre toute vélléité d’indépendance nationale, de changements sociaux, contre toutes les luttes de libération des colonies.
On ne doit jamais oublier que les bombardements atomiques américains sur Hiroshima et Nagasaki d’août 1945 ne visaient pas la capitulation du Japon, mais à contrecarrer toute avancée de l’Union Soviétique dans le Sud-Est asiatique. Ils n’ont pas réussi à empêcher la constitution de la Chine Populaire, et plus tard de la république populaire du Vietnam, de la Corée.
La création de l’Otan avait le même but. Le Pacte de Varsovie s’est constitué seulement en 1955, pour se défendre de l’Otan. Et pas l’inverse. La 2 ème guerre mondiale ne s’est jamais terminée. La «crise» actuelle de Corée du Nord en est l’expression la plus claire: les Etats-Unis n’ont jamais signé la fin de la guerre et ce n’est pas la Corée du Nord qui encercle les Etats-Unis, mais les bases américaines, navales ou terrestres qui menacent la Corée du Nord. Il en est de même sur tous les continents.
Mais alors, pourquoi ne pas avoir dissout l’OTAN après la dissolution du Pacte de Varsovie?
En 1989, l’Alliance Atlantique a cru avoir gagné la partie face à l’Union Soviéitique, et a déclaré «la fin de l’histoire».
La crise du système capitaliste dans le monde ne s’est pas terminée pour autant et les grands Etats de l’Otan n’ont pas pu tirer profit des coups qu’ils avaient porté à l’Union Soviétique. L’Otan et l’Union Européenne (auparavant CEE etc..) ont «absorbé» les anciens pays socialistes d’Europe de l’Est, mais ont ainsi créé de nouveaux concurrents dans la course au profit, aggravé les concurrences et les rivalités entre les plus grandes puissances occidentales et créé de nouveaux foyers de contestation et de rébellion, car « le paradis capitaliste » s’est avéré être plutôt infernal.
La dite « guerre froide » ne s’est jamais arrêtée. Dès la fin de la RDA en 1990, la réunification allemande et la fin du Pacte de Varsovie, l’Otan a lancé sa première guerre sur le territoire européen: la guerre contre la Yougoslavie, dans le but de liquider ce dernier Etat socialiste en Europe et de se rapprocher encore plus de la frontière avec la Russie.
Dans le monde entier, les luttes des peuples n’ont pas cessé, en particulier en Amérique Latine, en Afrique du Nord, au Moyen Orient.
L’OTAN a déployé ses tentacules sur tous les continents, elle s’est globalisée.
Sous le prétexte de « la lutte contre le terrorisme », l’Otan a constitué des coalitions d’Etats, pour susciter, provoquer ou directement accomplir des actes de guerre , en particulier en Afrique du Nord, au Moyen Orient, en Amérique Latine: après la Yougoslavie, c’est l’Irak + l’Afghanistan + la Libye + l’Iran + la Syrie
En Amérique Latine: l’Otan sert la politique belliqueuse des gouvernements US et leur doctrine de la sécurité nationale. Le Venezuela par exemple: tandis que la Colombie est en voie « d’adhérer » à l’Otan, le Venezuela est la cible de toutes les attaques, politiques, économiques, des Etats-Unis et de l’Otan et de l’UE.
L’OTAN se recentre contre la Russie et la Chine. L’OTAN veut détruire la Russie d’aujourd’hui, comme hier l’Union Soviétique.
La Russie est à nouveau la cible principale des préparatifs et des actes de guerre de l’Otan. L’expansion de l’Otan a été stoppée en Géorgie et en Ukraine par la riposte du gouvernement russe, alors que les gouvernements de ces deux pays multipliaient les accords de partenariat avec l’Otan et se préparaient à leur adhésion officielle à l’Alliance. Celle-ci a rompu « le partenariat pour la paix » avec la Russie et l’a classée dans la catégorie des Etats infréquentables. La Russie est rapidement re-devenue l’ennemie.
La Russie a aussi stoppé les prétentions de domination de la « Coalition contre le terrorisme », créée par l’Otan, au Moyen Orient, en particulier en intervenant en Syrie en appui militaire et économique au gouvernement de Bachar al Assad et en s’alliant avec l’Iran.
L’Union Européenne et l’Otan renforcent ensemble leur arsenal et leurs capacités militaires pour renforcer l’encerclement de la Russie. Voir les grandes manœuvres dans les pays frontaliers, incluant des préparatifs nucléaires (Steadfast Noon) en octobre dernier et la réunion le 8 novembre prochain des Ministres de la Défense des pays Otan pour perfectionner la « force de réaction rapide » contre une soi-disant menace d’attaque russe en Europe.
L’OTAN, la Belgique et le combat pour la paix
Les gouvernements belges sont de « loyaux serviteurs » de l’Otan, depuis sa création. La politique extérieure de notre pays reste toujours entre les mains des partis de droite ou du centre. L’armée belge est présente dans toutes les coalitions otaniennes qui portent la guerre dans le monde. Pour la population belge, la Russie n’est pas l’ennemie. Construire des rapports de coopération et pas de confrontation.
La Belgique doit radicalement changer de cap . C’est une lutte politique très importante et qui ne doit pas être abandonnée par les partis progresistes, ou marginalisée dans les mouvements de paix.
Un plan de lutte contre l’Otan, pour la sortie de la Belgique de l’Otan, pour la réduction drastique des budgets militaires, pour le retrait des bombes nucléaires de Kleine Brogel, pour la dissolution de l’Otan, devrait être mis en tête des programmes des organisations politiques se réclamant de la gauche.