Patricia Villalon
25 juin 2018
"Colombia is NATO's newest partner. And our first partner from Latin America" (J. Stoltenberg, 31.5.18))
Le 31 mai 2018 restera une date noire dans l'histoire de l’Amérique Latine.
Le rêve de la Colombie, alliée inconditionnelle des Etats Unis, d'appartenir à cette organisation date déjà de 2007, à l’époque où Santos était Ministre de la Défense sous la présidence de Alvaro Uribe. Mais le caractère servile de la Colombie n'a jamais été un secret.
Pour le journaliste vénézuélien Carlos E. Lippo," L'histoire de la Colombie nous apprend que ce pays a déjà participé du côté des Etats-Unis à la Deuxième Guerre mondiale (1940 - 1945 ), puis à la guerre de Corée (1950 - 1953 ), et jusqu'à ces dernières années, elle l'a fait aussi en envoyant des troupes régulières en Afghanistan, des mercenaires en Irak, Libye et Syrie. (il s’agissait d'ex-combattants de leur armée régulière recrutés comme mercenaires)"
Il nous paraît clair que cette alliance n'a pas été préparée non plus pour participer à de "tranquilles" missions de paix sous l'égide de l'O.N.U, comme le prétend Santos, ( voir ses déclarations dans un récente interview accordée à l'ex président d'Equateur Rafael Correa, dans son émission TV "Conversando con Correa).Carlos E. Lippo nous explique que, "de toute évidence, le but des Etats-Unis est d'utiliser ce pays, (la Colombie) comme fer de lance dans ses agressions contre le Venezuela, et que cette organisation se joigne à ses futures agressions envers tous les pays de la région, comme elle l'a fait en Afrique et Moyen Orient. En tenant compte que les E.E.U.U n'aiment pas envahir en solitaire". C'est la raison pour laquelle il pense que "L'OTAN se propose de mettre la main sur l’Amérique Latine puisque son accompagnement de l'Empire dans ses interventions militaires imminentes dans la région accorderait une juteuse part à tous les spoliateurs associés."
Malheureusement pour Santos, ce nouvel accord va à l'encontre, et viole tacitement, le traité de Tlatelolco, signé en 1969, un traité international signé par tous les Etats américains, à l'exception des Etats-Unis et du Canada, qui établit la dénucléarisation du territoire de l’Amérique Latine et des Caraïbes. En outre, cette adhésion est contraire à la "Déclaration de La Havane" créée en 1979 et réaffirmée par la CELAC et par l'UNASUR, qui proclame L’Amérique Latine et les Caraïbes Zone de Paix
Le journaliste uruguayen Raúl Zibechi, explique: "Cet accord, d'un point de vue géopolitique, est une porte d'entrée des Etats-Unis en Amérique du sud, pour déstabiliser le Venezuela mais aussi pour discipliner les mouvements populaires". "D'un point de vue géographique, la Colombie occupe une situation privilégiée, car c'est le seul pays sud-américain qui est bordé à la fois par l’Océan Pacifique et la Mer des Caraïbes. Elle a des frontières perméables avec le Venezuela, elle est limitrophe de l'Equateur et du Brésil."
Selon ce journaliste : "Une deuxième raison serait le caractère militaire de la Colombie. D’après le classement 2013 - 2014, de la Military Power Review, l'armée colombienne s'est hissée du 5ème au 2ème rang sud-américain, derrière le Brésil - grâce à l'importante aide militaire donnée par les Etats-Unis dans le combat contre le trafic des stupéfiants." De plus, la Colombie consacre une très importante part de son budget aux dépenses militaires (3.4 % de son PIB pour la défense, contre un 1.3 % pour le Brésil, et 1% pour l'Argentine. (chiffres de 2016)
Selon Zibechi, un troisième point serait, "la longue expérience de la Colombie dans le contrôle des mouvements populaires", parce qu'il ne faut pas oublier que "le pays a été un laboratoire en ce qui concerne la neutralisation des mobilisations sociales, qui ont été contenues grâce à une habile combinaison de répression, d'infiltration et de cooptation. La Colombie est, de fait, le seul pays de l’Amérique Latine où la vieille oligarchie de la terre et de la croix a conservé sa position dominante depuis l'indépendance, il y a déjà deux cents ans."
Apres ces mauvaises nouvelles, on entend seulement des déclarations contraires à cet accord de la part du Venezuela et de la Bolivie, mais aucune condamnation de la part du Chili, l'Argentine, l'Equateur ni des autres pays qui composent l’Amérique Latine.