Gabrielle Lefèvre
27 avril 2019
Il était une fois des ogives nucléaires qui n’existent pas mais qui se trouvent quand même casernées dans notre base militaire belge de Kleine Brogel, depuis les années 70 et dans le plus grand secret à la suite d’un accord tout aussi secret avec les Etats-Unis. Il se trouve que ces bombes sont déclassées, obsolètes, ringardes et doivent être remplacées par des engins de mort plus petits, modernes, plus efficaces et donc bien plus dangereux. Il s’agit des B61-12.
Officiellement, elles ne doivent pas servir mais on ne sait jamais, face au grand méchant ours russe que l’OTAN a bien pris soin de réveiller, elles seraient bien utiles. Pour cela il faut que la Belgique achète des avions capables de lancer ces petites merveilles technologiques et donc notre valeureux gouvernement s’est rendu aux pressions américaines et a décidé d’acheter 34 nouveaux avions F-35 qui nous coûteraient un nombre considérable de milliards d’euros si cette décision est concrétisée (on peut toujours rêver à un sursaut démocratique et de bon sens du prochain gouvernement…)
Du coup, notre petite Belgique deviendrait une puissance nucléaire par procuration et embarquée dans des combats perdus d’avance puisque les Russes ont développé en riposte un arsenal d’armes nucléaires, tout aussi si pas plus, performant. Et nous voici embrigadés dans une nouvelle guerre froide dont personne ne veut sauf les fabricants et marchands d’armes. Pas les populations en tout cas ! Selon un récent sondage, 64 % des Belges sont favorables au désarmement nucléaire. Ils veulent que la Belgique signe le Traité d’interdiction des armes nucléaires de l’ONU et 53% ne veulent pas que les futurs avions F-35 soient équipés pour transporter les bombes.
Un débat pré-électoral
Ce sondage, réalisé en Flandre et en Wallonie-Bruxelles par la Coalition belge contre les armes atomiques révèle bien l’opposition des citoyens à ces dérives militaristes. Mais qu’en est-il de nos représentants politiques ? Pour le savoir, la Coalition belge contre les armes atomiques a organisé deux débats, l’un au Parlement flamand, l’autre à la Chambre des représentants où des parlementaires des principaux partis francophones devaient répondre à trois questions :
Le débat était précédé par un discours bien senti de Béatrice Fihn, directrice d’ICAN et prix Nobel de la Paix 2017. Il faut en effet sortir des mensonges et des secrets et dénoncer ces accords secrets sur les armes nucléaires qui mettent en danger une grande partie de la population belge. Le monde a banni les armes chimiques et bactériologiques (pourtant encore utilisées comme ce fut le cas en Syrie). Le nucléaire fait partie de ces armes de destruction massive et doit lui aussi être interdit. La Belgique étant au cœur de l’Europe, siège des instances européennes, a donc le devoir moral de se positionner fermement contre ces armes. Nous vivons des temps de changements profonds ; nous devons décider du devenir du monde dans lequel nous voulons vivre. Bref, le débat porte sur un enjeu démocratique et de survie. Sans surprise, les divers représentants des partis (Défi, CDH, Ecolo, PTB, PS), ont tous marqué leur accord sur la signature du Traité d’interdiction des armes nucléaires, sur le non transport de bombes atomiques par les F-35, sur l’arrêt du stockage de bombes sur notre territoire. […]
La Coalition belge contre les armes nucléaires est une plateforme de 65 associations de la société civile : ABVV/FGTB, Agir pour la Paix, Beweging.net, CNAPD, CSO, Greenpeace Belgique, Intal, LEGFGE, MOC, Mouvement Chrétien pour la Paix, Pax Christi Vlaanderen, Vrede vzw, Forum Nord-Sud, etc.