Roland Marounek
7 juin 2019
Ce lundi (03/06), trois 'Organisations Non Gouvernementales' ont attaqué en justice des entreprises belge et allemandes pour avoir exporté vers la Syrie des composants chimiques « pouvant servir aussi bien à la fabrication de produits pharmaceutiques que d’armes chimiques ». Vendredi, ce sont 3 firmes belges qui ont été lourdement condamnées pour avoir exporté vers la Syrie de l’isopropanol, un produit « qui pourrait servir à la fabrication de gaz neurotoxique » - mais qui sert également à la stérilisation, comme désinfectant et comme antiseptique.
L'usage d'armes chimiques par "le régime" syrien est hautement douteux. L'accusation est brandie régulièrement par les bandes armées soutenue par l'Occident, et reprise aussi régulièrement par les médias occidentaux. L'intérêt d'une telle accusation est donc particulièrement clair, et l'empressement des USA et de la France à "punir le régime syrien" avant même d'avoir la moindre preuve ne peut que les encourager à mettre en scène des "attaques chimiques" : exactement ce qui s'est passé lors de la reprise de la Goutha par le gouvernement syrien.
Rappelons que, malgré la complaisance de certain de ses membres, la mission d'enquête de l'OIAC (arrivée après les raids punitifs de la tripartite US-France-Grande Bretagne) n'a pas réussi à trouver de traces d'attaque au gaz, et que l’évaluation technique de l’OIAC supprimée par la direction de l’OIAC précise même que "les observations faites sur les lieux des deux emplacements, ainsi que les analyses subséquentes, donnent à penser qu'il est plus probable que les deux bouteilles ont été placées manuellement à ces deux endroits plutôt que larguées par avion." (cf. cet article de 'Moon of Alabama')
Par ailleurs certains jihadistes eux-mêmes ont déjà reconnus l’usage d’armes chimiques par leur groupe - mais il est vrai que ces informations ne font pas les gros titres.
L'attaque contre les produits "à double usage" nous rappelle sinistrement le cas des 12 années d'embargo contre l'Irak, où cela rendait impossible l'importation de produits tout à fait vitaux : pour ne citer qu'un exemple, impossible de traiter des eaux usées sans chlorine et autres produits, sous embargo au prétexte de "double usage", ce qui a provoqué la réémergence de maladies liées à l’ingestion d’eaux polluées, comme le typhus, la dysenterie, le choléra et la poliomyélite.
Parmi les ONG portant plainte, on trouve Open Society Justice Initiative, filiale de la fameuse Open Society Foundations du « philanthrope » George Soros, « une des plus grandes organisations philanthropiques au monde, qui se soucie de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme » selon leur pub ; Trial International, qui « offre une assistance juridique aux victimes, saisit la justice, développe les capacités des acteurs locaux et plaide en faveur des droits humains » ; The Syrian Archive, « un collectif d'activistes pour les droits de l'homme » anonymes et prétendument syriens.
Triste ironie : c’est sous couvert de « droit de l’homme » que l’on cherche à priver tout un peuple de produits essentiels, ici de médicaments et de désinfectants. En faisant mine de lutter 'noblement' contre les armes chimiques, en réalité on vise directement à étrangler le peuple syrien, à lui infliger la punition requise pour avoir résisté à l’ordre impérial.
"ONG", ça fait bien, ça inspire confiance, droit-de-l'homme, justice, liberté et tout ce genre de choses. Mais dans les faits, les actions de beaucoup d’entre elles consistent à atteindre par d’autres moyens les buts de l’impérialisme.