Roland Marounek
1 novembre 2003
Les modifications auxquelles nous assistons actuellement en application du Sommet de Prague 2002 comprennent également une refonte des structures de commandement à la tête de l’Organisation. Le but officiel est "d'avoir une structure plus légère, plus souple, plus efficace et mieux adaptée à la conduite de toute la gamme des missions de l'Alliance", précise la pub de l'OTAN, mais il n’est pas facile de percevoir toutes les implications à long terme des changements opérés.
Ainsi, les responsabilités du "Commandant Allié Suprême en Europe" ou SACEUR, actuellement le général James, ont été étendues pour inclure les domaines anciennement de la compétence du "Commandant Allié Suprême Atlantique" (SACLANT), un poste qui a désormais disparu. A la place, a été créé un nouveau titre, le "Commandement Allié Transformation". L'amiral Edmund P. Giambastiani qui en est à la tête, est également le "Commandant des forces conjointes américaines" (Joint Forces Command US) - confirmant si besoin en était encore, la mainmise absolue du gouvernement des Etats-Unis sur les plus hautes instances dirigeantes de l'OTAN.
"Le Commandement Allié Transformation façonnera l'avenir des opérations interarmées et multinationales. Il identifiera les nouveaux concepts, et les mènera à maturité. Il traduira ensuite ces concepts de transformation en réalité", selon Lord Robertson, secrétaire général de l'Organisation.
L'amiral Giambastiani quant à lui confie la vision idyllique que lui
inspire sa nouvelle fonction : "Il n'y a ni début ni fin dans
'transformation'. C'est un processus continu, à long terme. Si vous le
faites convenablement, cela ne finit jamais". Ces propos font un sinistre
écho aux promesses de George W Bush "pour une guerre perpétuelle
contre le terrorisme".
Une mutation qui a commencé à la chute du mur
Tous ces changements ne sont peut-être pas aussi récents et inattendus qu'ils en ont l'air. Selon les propos du chef du nouveau "Commandement Allié Transformation", "nous avons commencé à faire ça dès la chute du mur de Berlin, mais nous l'avons fait de manière beaucoup plus discrète, car nous avions un long chemin à accomplir".
Sans doute, ne fallait-il pas effaroucher les populations qui s'imaginaient bêtement être entrées dans une ère de paix, et se demandaient seulement ce que l'OTAN attendait pour imiter le défunt Pacte de Varsovie, lequel était jusque là son unique raison d'être officielle…