Samuel Legros
1 octobre 2020
Très probablement d’ici à la fin de l’année 2020, les armes nucléaires seront interdites par le droit international.
84 États ont en effet signé le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) proposé à la signature par les Nations Unies le 20 septembre 2017. 45 États ont désormais terminé leur processus interne de ratification. Plus que 5 États et le Traité entrera en vigueur.
Dans son accord de coalition, le gouvernement Michel s’était engagé à « continuer à soutenir toutes les initiatives internationales qui tendront à instaurer une interdiction […] des systèmes d’armes à portée indiscriminée [les armes qui visent tout le monde sans distinction, ndlr] ». Toutes ? Apparemment pas. La Belgique n’a jamais été présente dans les enceintes de discussion et d’élaboration du TIAN et refuse de le signer. Pour la pirouette, le gouvernement belge (et tous ceux des puissances nucléaires et des membres de l’OTAN) soutient l’idée que le nouveau Traité d’interdiction saperait la légitimité de l’autre Traité de l’ONU qui concerne les armes nucléaires : le Traité de non-prolifération. Un Traité dont la Belgique est partie mais qu’elle viole pourtant depuis le début de son entrée en vigueur, notamment en « accueillant » des armes nucléaires étasuniennes et en entraînant les pilotes belges à les transporter et à les larguer.
La très prochaine interdiction des armes nucléaires rappelle l’évidence de ce qui doit être fait. Sans autre forme de débat. On ne peut plus jouer avec la survie de l’humanité. Et pourtant, toutes les puissances nucléaires modernisent actuellement leurs arsenaux nucléaires et la Belgique va « recevoir » (entre 2022 et 2024) de nouvelles bombes nucléaires pour remplacer celles présentes depuis 50 ans en toute illégalité. Des bombes nucléaires « plus petites et plus facilement déployables » … qui pourront être installées sur les 34 avions de combat F35 que le gouvernement Michel a commandé en octobre 2018 [et dont nous redemandons au prochain gouvernement d’abandonner l’achat voir article présent ce paix-riodique].
Les actes de la Belgique dans le domaine des armes nucléaires sont ceux d’un État voyou. Discursivement pourtant, chacun des partis politiques aspire à un monde sans armes nucléaires. Ils nous l’avaient d’ailleurs rappelé, comme vous le verrez dans ce paix-riodique, à l’occasion des dernières élections. Aucun parti ne justifie l’idée même de l’arme nucléaire mais la plupart composent avec sa présence chez nous et les conséquences qu’elle implique. Pourquoi ? Probablement, au final, pour ne pas faire de remous. Pour être un « allié loyal » de l’OTAN, même si la politique de dissuasion nucléaire de cette alliance repose sur la promesse d’un anéantissement mutuel.
Le désarmement nucléaire est urgent et les bombes nucléaires qui sont sur le territoire de la Belgique (et de l’Europe) en sont un des premiers obstacles. Vous le verrez dans les articles qui vous sont proposés : les initiatives sont se multipliées ces dernières semaines et jours pour le rappeler aux partis du futur gouvernement.