Alerte Otan n° 46 - Juillet 2012
Éditorial :
Préparatifs de guerre contre la Syrie

De tout temps et encore aujourd’hui, la propagande politique et militaire a servi à dévaloriser, à rendre monstrueux celui qui est désigné à être abattu. Il y a suffisamment d’ouvrages qui traitent de ce sujet1. Les guerres d’ex-Yougoslavie, d’Afghanistan, d’Irak, de Côte d’Ivoire, de Libye, ont toutes subi le même processus de désinformation en guise d’avant-goût à des interventions occidentales qui n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu d’hostilités au départ limitées. Aujourd’hui, la Syrie est en ligne de mire.
Les partis politiques belges se tâtent sur la nature de l’intervention qui serait nécessaire pour « sauver la Syrie ». Cependant, Juliette Boulet d’Ecolo et Eva Braems de Groen ! se sont placées à la tête d’un « réseau de parlementaires en soutien au peuple syrien ». Nous avons de bonnes raisons de craindre que cette initiative servira de haut-parleur aux promoteurs de l’interventionnisme « humanitaire ». Décidément, Ecolo porte haut l’étendard de la guerre : il faut croire que la guerre est écologique, que les morts engraissent le sol. Déjà, le ministre Reynders a proposé du matériel électronique satellitaire afin de le faire parvenir à la rébellion et aux mercenaires actifs en Syrie. Et les parlementaires Ecolo appellent à soutenir sa politique.
Rappelons que la guerre d’Indochine/Vietnam menée par les Français et ensuite par les Américains a provoqué au moins deux millions de morts. La guerre d’Algérie a à son actif environ un million de morts et le bilan des deux guerres des Etats-Unis contre l’Irak et des sanctions qui ont affamé le pays entre les deux conflits dépasse les deux millions de morts. De même, en Afghanistan et en Libye, le total des victimes des guerres de l’Otan se compte en milliers de morts.
Les bonnes intentions démocratiques et humanitaires des lanceurs de bombes et de missiles ont été à chaque fois démenties par les faits. En outre, dans le cas syrien, comment peut-on croire un instant qu’une intervention des Occidentaux viserait à promouvoir la démocratie, alors qu’ils sont « poussés dans le dos » par les dictatures rétrogrades des monarchies du Golfe ?
Pour ces raisons, le CSO refuse toute ingérence dans le conflit syrien et continuera à s’opposer au rouleau compresseur des media dominants en diffusant une information équilibrée sur ce qui passe vraiment dans ces pays.

1. Voir, par exemple, Anne Morelli, Principes élémentaires de propagande de guerre, Labor, 2001.