La Coalition pour l'Abolition des Armes à Uranium Appauvri, qui regroupe une série d'organisations, dont le CSO, a mis sur pied un événement exceptionnel le 1er mars dernier à Bruxelles. La conférence sur l'uranium utilisé dans les dernières guerres "humanitaires" a rassemblé pour la première fois les victimes des deux côtés, civils et militaires contaminés, ceux dont on a (un peu) parlé et ceux qu'on a complètement 'oubliés', ainsi que des scientifiques, médecins, journalistes d'investigation. En tout un panel extraordinaire de 20 personnes, venant de 9 pays différents, qui ont chacune apporté un éclairage et un témoignage indispensable.
Contradiction de réunir ainsi ceux qui hier lançaient les bombes, et ceux qui se trouvaient sous ces mêmes bombes ? Pour nous, il est au contraire essentiel de montrer que les soldats et les civils sont tous deux en réalité victimes du même système barbare et inhumain.
Cette conférence a réussi à soulever -pour un temps- la chape de silence et de désinformation qui entoure pudiquement le sujet. La voix lénifiante de l'OTAN a été recouverte par des témoignages précis et accablants, par l'énoncé de faits et de statistiques qui ont bouleversé la nombreuse assistance.
Que penser de la confusion entretenue sur les causes du syndrome du Golfe, des communiqués officiels sur l'innocuité de l'uranium appauvri, affirmations lancées en dépit du refus de mener des enquêtes statistiques rigoureuses là où les effets de TUA sont actuellement tes plus dramatiques: en Bosnie et en Irak?
«... ils nieront jusqu'à l'absurde toute responsabilité. Comme les USA l'ont fait pour le défoliant Agent Orange, répandu au Vietnam: dans certains villages aujourd'hui encore, aucun enfant ne naît sans malformation. Ils nieront en raison du coût: impact environnemental, indemnisation de centaines de milliers d'individus. Et parce que cela pourrait effectivement être considéré comme crime de guerre.
En niant tout danger, on prépare aussi le terrain. Car les USA étudient des bombes atomiques miniaturisées, très petites avec effet très local. Et on veut nous faire croire que ces bombes réellement atomiques seraient sans danger pour la population, si on les utilisait par exemple contre des bunkers de certains chefs d'Etat. » (Georges Spriet, Vrede)
Impossible de rendre compte ici de tous les témoignages. Citons par exemple, ce médecin serbe de Kragujevac qui nous informe laconiquement que "des deux mille travailleurs qui ont nettoyé et déblayé l'usine automobile Zastava bombardée par l'OTAN, une trentaine sont déjà morts", ou ce scientifique italien qui précise la véritable composition de l'Uranium soi-disant appauvri qui comporte en fait aussi du plutonium, de l'Uranium 235 et 236, éléments artificiels qu'on ne trouve que dans les déchets de centrales nucléaires. Ou encore ce journaliste néerlandais nous expliquant comment a été étouffée l'enquête officielle sur l'accident de Bijlmermeer, où s'était écrasé un avion militaire de la compagnie El Al qui contenait de l'uranium appauvri :
« Notre recherche a prouvé qu'il restait de la poussière d'UA six ans plus tard, dans le hangar où les pièces de l'avion avaient été stockées.[...] Selon les chiffres officiels, 6.200 personnes sont victimes de troubles de santé. Nous pensons qu'en réalité 25.000 sont concernées... ».
Et évidemment les voix bouleversantes des victimes directes, décrivant leur déchéance physique, leur rage, et leur volonté de participer au combat contre l'utilisation militaire de l'uranium appauvri
Ne pas oublier cette voix, celle du médecin irakien qui nous 'rappelle' que cela fait 10 ans que les Irakiens souffrent dans le silence complet de l'Occident:
« Nos enfants sont particulièrement affectés. En-dessous de 15 ans, les cellules croissent beaucoup plus rapidement, y compris les cellules cancéreuses. Le nombre de cancers a été multiplié par 5 ou 6 chez les adultes, par 12 chez les enfants.(..) "Une question: pourquoi parle-t-on d'uranium au moment où l'Europe est concernée alors que le peuple d'Irak en souffre depuis dix ans? Nous avions dit qu'il avait été utilisé dans la guerre du Golfe et personne ne s'en est soucié. »
Un enregistrement vidéo de cette conférence a été réalisé, de qualité professionnelle: une occasion unique d'organiser des débats, dans les écoles, chez vous, ...de lutter localement contre la désinformation. La cassette est disponible en deux version, la version intégrale (3 heures) et une version abrégée de 80 min, en français ou en anglais. Pour renseignements contacter: : Roland.Marounek@chello.be
En marge de la conférence, se sont tenus durant les deux jours précédents des ateliers qui ont réunis une cinquantaine de participants venus du monde entiers, scientifiques, activistes, journalistes... Une première réalisation concrète issue de ces ateliers est la mise sur pied d'une liste de diffusion via Internet, qui est un moyen de créer un réseau, de mettre en contact les diverses organisations et individus qui sont intéressés ou concernés par le problème de l'uranium appauvri. La liste est hebdomadaire, et contient diverses informations fournies par des personnes à travers le monde impliquées dans le mouvement anti-uranium appauvri.
Pour souscrire à cette liste, il suffit d'envoyer un e-mail à pandora-project-subscribe@.yahoogroups.com